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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 1 mars 2007

Airbus, le gaspillage et le silence des politiques

1er mars

Je développe et illustre la réaction d'hier sur la gaspillage énergétique d'Airbus

Les politiques, les syndicalistes, les industriels et autres économistes du gaspillage oublient évidemment un aspect essentiel de l’absurdité Airbus qui va mettre, quelles que soient les hypocrites précautions oratoires, 10 000 salariés sur le pavé : ces avions, quels que soient les modèles sont assemblés, en France ou ailleurs, avec des pièces et des éléments en provenance de quatorze sites européens. Autrement dit, pour maintenir un subtil équilibre politique entre des pays qui, dans ce domaine comme dans d’autres, ne conçoivent, n’expliquent et n’appliquent l’Europe que comme un avantage dérobé aux « autres », nos politiques et nos industriels organisent le plus fantastique des gaspillages énergétiques. Les morceaux d’Airbus passent leur temps à voyager d’une usine à l’autre, en brûlant évidemment chaque année des centaines de milliers de tonnes de pétrole. Symbole de cette absurdité, pour des entreprises et des pouvoirs qui se gargarisent au « développement durable », il a fallu agrandir dans le Sud-ouest de la France une route spéciale de 230 kilomètres destinée à acheminer six parties différentes du A 380 vers Toulouse où se fait 60 à 70 %, selon les sources et les modes de calcul, le montage final. Cette route a été tracée au prix de l’abattage de centaines d’arbres. Les travaux ont duré trois ans, sans compter la modification de deux ponts à Bordeaux, la construction de barges spéciales et de six énormes camions ne servant qu’à ce transport. Un transport qui dure trois nuits. Protestations vite étouffées au nom de « l’intérêt national ». Un intérêt national qui fonctionne de la même façon dans les autres pays où les politiques se battent bec et ongles pour conserver leur « morceau » d’Airbus. Sans même penser au gaspillage, à l’absurdité de ce mécano pseudo-européen. Lesquels se paient comptant aujourd’hui, la facture n’étant évidemment proposée qu’aux salariés.

Il y a quelques mois, la société PSA a annoncé qu’elle allait fermer son usine installée en Grande-Bretagne. Au détour d’une phrase du communiqué annonçant la nouvelle, le lecteur attentif pouvait découvrir que l’usine en question ne faisait qu’assembler des pièces de voitures produites dans plusieurs pays européens. Pour fabriquer des voitures qui étaient immédiatement re-expédiées sur le continent. Au prix encore d’une fantastique gaspillage énergétique. Combien d’usines, combien d’entreprises fonctionnent actuellement sur ce système des produits baladeurs : comme ces petits pois cueillis aux Pays-Bas avant d’être envoyés au Maroc pour être écossés, le voyage de retour leur faisant rejoindre en Italie pour être mis en boite. Ils y croisent les pommes de terre parties au Danemark ou dans le nord de la France avant d’être épluchées en Tunisie pour retourner ensuite sous forme de frites en Belgique ; ou celles qui sont transformées en chips en Turquie avant de revenir être ensachés en France. Tous ces produits une fois mis en boites ou en sachets repartent vers la Turquie, la Tunisie ou le Maroc pour y être vendus. Sans oublier de nombreux yaourts pour lesquels la rencontre du pot, du couvercle, du lait et des fruits (enfin, 7% de fruits en moyenne…) représentent prés de 10 000 kilomètres parcourus en camion, train ou avion.

La mondialisation, sauce européenne ou non, ce n’est pas seulement un désastre humain et une exploitation raffinée, mais aussi un gaspillage énergétique qui menace la planète. Mais il parait que pour ne pas désespérer les syndicats et le Medef, il ne faut pas en parler…


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Effectivement c'est dingue du point de vue de l'écologie/energie.

Autre question: quels travaux pour
les pays Nord-Africains.Ils ne cousent plus nos jeans qui viendront de Chine, 12000 KM de plus.