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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 24 février 2008

Casse toi, pauvre con !

Je me perds en conjectures sur la personne véritablement visée par la désormais fameuse apostrophe « casse toi, pauvre con » survenue au milieu des veaux, vaches, cochons, car il s’agit de toute évidence de ce que Lacan appelait un acte manqué. Les candidats se bousculent...

Christian Estrosi, ministre des Colonies, qui a annoncé en fin de semaine qu’il souhait priver les enfants de migrants nés à Mayotte de leur droit (du sol) à la nationalité française. Le même qui, quand il était sous-ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, a suggéré aux autres pays européens la mise en place d’un fichier génétique européen dés la naissance.

Jean-Louis Borloo, le chevalier blanc du développement durable qui, d’une main, poursuit discrètement la construction des autoroutes et de l’autre parle d’écologie.

Christine Albanel, qui courre après toutes les idées saugrenues de son Président sans parvenir à les rattraper. Y compris pour la pub à la télé.

Christine Lagarde, qui explique depuis des mois que tout va bien et qu’il n’y a pas d’inflation, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires.

Brice Hortefeux, ministre de l’identité nationale, qui bouffe de l’immigré à tous les repas avec une maladresse (en plus...) qui confine à la pathologie médicale. Comme son patron.

David Martinon, caricature de bourgeois-tête d’oeuf, porte-coton du président, qui n’a même pas réussi à séduire les habitants de Neuilly.

Gaston Flosse (le Chiraquien et gibier de tribunaux) qui se fait élire président de Polynésie avec le soutien des indépendantistes et qui accueillera Sarkozy à Papeete au mois d’avril prochain.

Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel, qui a refusé la rétroactivité de la loi sur la délinquance parce qu’il se souvient que la dernière fois qu’elle a été appliquée c’était sous Pétain.

Brice Lalonde, retraité et has been de l’écologie passé du compagnonnage du PS à la fréquentation de la droite de la droite et recyclé récemment (défense de rire) en Ambassadeur de l’Ecologie française par Nicolas Sarkozy.

André Santini, sous-ministre de lui même et inculpé d’abus de bien social, de détournement, etc.

Michel Barnier, ministre de l’Agriculture qui achève de manger son quatorzième chapeau d’ancien ministre de l’environnement.

Ect.

Notes qui n’ont (presque rien à voir)

- Apprenant ce matin que la gastronomie française était proposée comme « patrimoine mondial de l’Unesco », j’ai fait un tour dans un supermarché. Ca doit être une erreur de casting...Mais il est vrai aussi que le Président a réussi l’exploit de visiter le salon de l’agriculture sans goûter et sans boire un coup. L’alcool ne fait jamais bon ménage avec les médicaments...

- Les éleveurs de moutons se plaignent de ne plus vendre : le gouvernement pourrait leur rappeler que, dans les années 80, une convention destinée à « réparer » l’attentat contre le bateau de Greenpeace Rainbow Warrior, organisé par le gouvernement français, a été signée avec la Nouvelle Zélande. Elle prévoit que les ovins néo-zélandais peuvent être librement importés, sans droit de douane et sans limitations, et vendus en France sous l’appellation « viande fraîche » ; après trois mois de bateau.

Casse toi, pauvre con !

Casse toi, pauvre con !

mercredi 20 février 2008

réforme enseignement: cherche écologie désesperément

20 février

Le retour en France est moins difficile que prévu il ne s’est pas passé grand chose autour de notre nombril hexagonal: avec l’impression que, peut-être, je peux me dispenser de lire un mois de journaux entassés sur mon bureau. Comme si la France était inexorablement immobile. Inexorablement...

J’ai lu ce matin avec l’attention qu’elle mérite la septième réforme des « fondamentaux » (j’adore cette expression) de l’éducation primaire. En gros, les mômes vont apprendre plus en moins d’heures de cours, ce qui représente un exploit : travailler moins pour apprendre plus. On passe sur les détails : morale, drapeau et marseillaise ; et j’allais oublier une heure de sport en plus, donc 3 heures d’enseignement en moins. Ces heures économisées seront utilement remplacées par la contemplation du sport à la télévision.

J’ai cherché désespérément une allusion, fut-elle fugace ou subliminale à l’environnement, à l’écologie, à la nature, au respect de la planète, au comportement citoyen, aux pièges de la publicité et de la consommation. Rien. Pas surprenant puisque derrière ce passionnant programme de reforme (ou de reformatage) se (re) profile les enseignements sponsorisés, les kits d’éducation payés par des entreprises privées (Mac Do, société automobile, entreprises d’informatique, etc) qui pallieront plus que jamais le manque de matériel pédagogique. L’école va avoir « de la marque » ! La pub passe du petit écran au cartable. ;;

Pour la morale, Nicolas Sarkozy (monsieur 36 %), Bolloré, Bouygues et tous les bénéficiaires du cadeau fiscal à 15 milliards, se sont portés volontaires pour assurer le suivi des cours.

samedi 16 février 2008

Rien sur Sarkozy ni sur Carla Bruni

17 février

Buenos-Aires

L’expédition géographique de Paris 8 (Mathieu, Raouf et Catherine) sous la direction d’Olivier Archambeau, accompagnée par Christel Leca et Claude-Marie Vadrot (voir Politis du 14 janvier) s’est terminée il y a quelques jours à la frontière bolivienne. Le travail, pour les géographes, consistait à répertorier l’une des 10 routes mythiques choisies par le Pôle Image de Paris 8 : la route 40 qui, sur 5500 kilomètres, relie la Patagonie à l’altiplano argentin. Pour les deux journalistes, il s’agissait d’effectuer des reportages sur les régions traversées, sur l’étonnante progression de la culture bio dans le pays, sur les conditions de vie des Indiens du nord et sur l’état écologique de ce pays ainsi que, plus sommairement, celui du Chili que l’équipe a abordé par le fascinant désert d’Atacama au milieu duquel trône une lagune de sel solidifié par des millénaires d’infiltrations et de ruissellement à 3200 mètres d’altitude. Une lagune sur les bords de laquelle, vivent des flamants roses, parmi les plus « hauts » du monde. En compagnie des dernières vigognes.

Nous nous sommes longuement intéressés, toujours au Chili, à la lutte opiniâtre des Indiens Atacamaniens de Chiu-Chiu qui tente de résister aux pollutions et aux gigantesques pompage d’eau de la plus grande mine de cuivre du monde qui est exploitée prés de la ville de Calama, toujours dans le désert d’Atacama qui s’étend jusqu’au Pacifique sur des centaines de milliers de kilomètres carrés. Les dégâts sont importants : assèchement des nappes et des rivières descendant de la Cordillère et, donc, réduction des surfaces que peuvent cultiver les Indiens, à Chiu-Chiu et dans les villages environnants. Cette réduction de culture atteint 40 % par rapport à il y a une quinzaine d’années ; un chiffre pour illustrer : la mine pompe, parfois à plus d’une centaine de kilomètres, une quantité moyenne de 5 m3 d’eau à la seconde et ce, 24 h sur 24... S’ajoutent à ce dégât, la pollution des nappes et des rivières avec des résidus d’acide sulfurique (nécessaire pour fabriquer les plaques de cuivre sur place), la pollution atmosphérique transportée sur une cinquantaine de kilomètres par le vent de l’altiplano et les pollutions subsidiaires provoquées par des entreprises japonaises qui viennent traiter chimiquement, et sans la moindre précaution, les déblais de la mine pour y récupérer ce qui reste de différents métaux. A ces destructions, le Chili n’oppose finalement qu’une autre « destruction », celle de San Pedro d’Atacama, littéralement ravagée par le tourisme en bermuda et en 4 x 4, un tourisme dont ne veut plus la majorité des Indiens de cette région.

La différence est étonnante entre une Chili en voie totale d’américanisation malgré les gouvernements « socialistes » qui ont succédé à la dictature placée sous la direction puis dans l’ombre du Général Pinochet, et une Argentine « européenne » qui fait manifestement des efforts sur le plan de l’environnement. Avec ce paradoxe que le fantastique essor de l’agriculture bio se fait en parallèle avec l’extension de nombreuses cultures transgéniques, comme celle du soja et du maïs. Comme si le pays, à la fois par intérêt économique et prise de conscience, commençait à développer des anti-corps. Tout comme il développe, nous expliquait le chef d’exploitation d’une vigne bio des environs de Mendoza, des anti-corps contre les risques de crise économique depuis le fantastique collapsus monétaire et bancaire des années 2000 qui avaient mis plus de six millions de personnes dans la rue et entraîné un formidable essor d’une économie de troc parallèle qui existe toujours. Et dans les villages du nord, dans la Cordillère, cette économie de troc, à l’écart de tout échange monétaire, se poursuit. Dans ces régions aussi, même s’ils ne demandent pas de label de certification, de nombreux petits agriculteurs pratiquent de facto une agriculture bio dans le lit des grandes rivières.

Nous avons été séduits par les Argentins et les fabuleux paysages du nord du pays. Nous l’avons été beaucoup moins par le Chili et, notamment, par l’urbanisation touristique qui a gagné le littoral de la zone de Viña del Mar, urbanisation qui s’étend jusqu’à Valparaiso où nous n’avons pas manqué le pèlerinage à la maison de Pablo Neruda.

Pour les étudiants comme pour les journalistes, quelles que soient les difficultés à parcourir la Route 40 qui n’est souvent qu’une piste rocailleuse coupée de torrents et de rivières en crue, l’expérience à été passionnante. Même lorsque, sous la neige, nous avons atteint le plus haut col d’Amérique Latine, à 4950 mètres d’altitude.

Malheureusement, et nous aiderons nos nouveaux amis indiens à s’y opposer, ce sont ces régions que le « Paris-Dakar » de 2009 veut traverser. Un énorme dégât social et écologique en perspective.

Tous les récits, photographies et films de ce périple scientifique et effectuée sous le sceau du CNRS seront bientôt disponibles sur les murs de l’Institut de Géographie de l’Université de Paris 8. Il sera également possible de retrouver les meilleurs épisodes et quelques enquêtes dans Terre Vivante, Ca M’interesse, le Nouveau Consommateur et Politis au cours des semaines à venir.

Il est plus que probable qu’au cours de l’été prochain, la même équipe augmentée de nouveaux étudiants, se lancera sur la route qui traverse la Sibérie. Jusqu’à Irkoutsk sur les bords du lac Baïkal et plus loin si nous en trouvons le temps et les moyens financiers.

Est-il exact que le petit dernier de Sarko veut se faire élire Délégué de classe (dans tous les sens du terme, bien sur...)

mardi 12 février 2008

Les éléphants, les ours de Pyrénées, le Paris-Dakar et l'Amérique latine

12 février

La Serena, Chili

Il parait que, grâce à la « déclaration de Bamako », les éléphants vont être protégés. Bon, pourquoi pas, mais j’ai l’impression d’avoir déjà entendu et lu cela quelque part. Une hallucination qui dure, sans doute... Les associations spécialisées internationales se réjouissent car « 17 pays africains » ont signé, sous la pression de quelques nations occidentales où règnent de belles âmes protectrices, cousines par alliance de celles qui vendent les armes qui servent à entretenir les guerres dans lesquelles, pour des raison économiques, périssent les éléphants ; et bien d’autres mammifères, les singes par exemple. Les bonnes âmes, pas celles de Setchouan évidemment, qui ne voient pas ou qui oublient parce que c’est dans leur nature, à quel point il faut être culotté et cynique pour donner des leçons de préservation aux pays du sud alors que nous ne sommes pas fichus de garder quelques ours dans une région où son existence n’est pas une question vitale pour l’économie et la population des bergers, même s’il faut également protéger cette dernière ; car des bornés (et manipulés) de ce genre il faut en faire une réserve naturelle. Suffit d’aller écouter les discours préélectoraux pyrénéens pour se convaincre que certains porteurs de bérets doivent être soigneusement préservés, tant ils représentent une espèce en voie de disparition : avec leur député Lassalle et un socialiste régional de même acabit. Notamment quand ils qualifient les ours venus de Slovénie « d’étrangers ». On voit poindre là une manifestation originale des fantasmes qui agitent la France sarkozienne. Je m’égare ? Mais non, mais non...Le racisme n’est justement qu’une version renouvelée du colonialisme.

L’histoire des éléphants et des pressions auxquelles nous soumettons les pays africains prêt à tout pour faire la quête, rappelle que le colonialisme à la papa a la vie dure, car évidemment, pour faire semblant de protéger les éléphants, les responsables de ces pays vont récolter quelques aides dont une faible partie arrivera sur le terrain, c’est à dire chez les gardes forestiers qui risquent leurs vies, eux. On ne sait pas assez par exemple, que depuis une dizaine d’années, plus de deux cents gardes du parc national de Virunga (l’ancien parc Albert), aux confins du Congo (démocratique...) et du Rwanda, ont été tués par des braconniers ou des bandes armées. Leçon pour nos « bergers » et aussi pour nos gardiens de parcs nationaux qui ont tendance à se promener, sous le regard de leurs directeurs et surtout des élus, avec des yeux obstinément fermés. Pour les rouvrir chez les autres, version renouvelée de la paille et de la poutre.

De quel(s) droit(s) donc, les pays développés donnent des leçons à la terre entière, alors que nous peinons, bien que riches, à préserver ce qui reste de notre biodiversité ? De quel droit, les Etats-Unis, peuple déboussolé dont la majorité religieuse plonge avec délices dans les arcanes du créationnisme (version étasunienne du crétinisme) grâce à sa campagne électorale, prodigueraient des conseils aux pays du sud pour protéger leurs natures alors qu’ils ne s’intéressent qu’au pétrole et continuent à allégrement (Claude...) à l’émission des gaz à effets de serre ? Car en période électorale, non seulement les candidats expliquent à la télé que le monde a peut-être été créé il y a 6000 ans, mais ils rappellent plus ou moins clairement que le modèle de vie américain ne saurait être remis en cause.

De quel droit encore, l’Union européenne se mêle-t-elle d’inciter à la protection des vigognes ou des flamants roses de l’altiplano quand la plupart de ses pays ne réussissent pas à préserver leur biodiversité, parce que tout le monde s’en fout et qu’au Grenelle (sic) de l’environnement, le Medef (exemple français) a accepté toutes les mesures de protection du milieu naturel à condition qu’elle ne soient pas obligatoires. Tiens, au fait le Grenelle, l’enfumage continue ? Eh, José, tu ne crois pas que sur les OGM, tu t’es fait rouler dans la farine ?

Nous avons appris, cerise sur le gâteau de l’exportation de nos mauvaises habitudes et de notre manie de la destruction, que le « Rallye Paris-Dakar » se promènerait l’année prochaine sur les routes argentines et chiliennes que nous avons parcourus, notamment sur la Routa 40. Nous comptons bien, avec la participation des communautés indiennes avec lesquelles nous avons lié connaissance et sympathie, tailler quelques bâtons pour mettre dans les roues de ces fous du volant et de la pétarade qui ont l’intention de foncer sur des pistes poussiéreuses, histoire d’écraser quelques vigognes entretenues par les gouvernements et l’Union Européenne. Sans oublier quelques enfants qui seront évidemment qualifiés d’imprudents, eux qui ont l’habitude de voir passer des voitures à 30 kilomètres heures. Nous essayerons, sur ce point, de nous faire la main sur la copie de rallye qui nous parait prévu en avril sur les routes de Roumanie et de Hongrie...

PS. Petit SMS confidentiel: oh, Nicolas, si tu nous rend Carla (la chanteuse) on te promet qu’on annule les élections !

lundi 11 février 2008

tourisme, oui mais Carla ????

10 février

Après San Pedro et son tourisme aussi délirant que destructeur, nous avons passé trois jours dans un minuscule village de 600 habitants, une oasis sur l’altiplano ; au milieu d’un vrai désert : après la dernière irrigation, pas un brin de végétation. Quelques petits hôtels (hostals plus exactement) et restaurants modestes et une activité qui dépend à 80 % d’une agriculture maraîchère. Grâce à deux petites rivières qui alimentent les champs de cette oasis balayée en permanence par un vent violent. Il est tenu fermement en main par la communauté indienne qui y constitue la quasi totalité de la population. Elle veille, pour l’instant, malgré les attraits de la zone où elle est installée, à contrôler le développement et évidemment aussi, à ce que les seuls petits investissements bénéficient aux Indiens. Et les maisons ne peuvent dépasser la hauteur d’un rez-de-chaussée.
Seul problème, et de taille, il y a ici de moins en moins d’eau : car l’altiplano est parcourue d’énormes tuyaux qui drainent l’essentiel de masse d’eau disponible dans la Cordillière pour les besoins de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert de Calama, la plus grande du monde. Et le responsable de la communauté villageoise explique que, peu à peu, des champs ne peuvent plus être irrigués parce que la mine, dont certains conduit prennent l’eau à 130 kilomètres du site d’exploitation, est de plus en plus gourmande. Pour en prendre la mesure, sachez simplement que le débit de l’eau parvenant à la mine est de 5000 litres seconde. Il ne vous reste plus qu’à faire le calcul pour comprendre ce que présente annuellement cet énorme prélèvement qui assèche littéralement la région. Ce qui explique que le déficit en eau de la commune atteint désormais 40% et les champs abandonnés progressent chaque année.
Alors, pour compléter les revenus de ses habitants, lesquels bataillent ferme devant les tribunaux contre cet état de fait et contre la pollution atmosphérique de la mine qui se trouve pourtant à 40 kilomètres, les responsables du village essaient donc de mettre au point un tourisme durable tout en préservant leurs activités d’agriculteurs et d’éleveurs. Ce qui n’est pas facile. Ils sont pris entre le marteau et l’enclume...
Olivier Archambeau qui est venu dans ce village il y a quinze ans, nous a aidé à mesurer les difficultés et les risques de ce pari. D’une année à l’autre, la commune peut être submergée par le tourisme façon San Pédro: déjà des cadres de la ville s’y installent et des tours-opérators en 4 x 4 rodent...
Aussi, les deux journalistes de l’équipe ont tout simplement décidé, effrayés par le désastre de San Pedro, de ne pas donner le nom de ce village. Aux touristes, aux voyageurs de le découvrir tout en sachant que, d’une façon ou d’une autre, le syndrome de San Pedro menace ce pueblo tranquille.
Même si, le vice-président de la communauté indienne nous a expliqué : entre deux et vingt touristes, je choisis deux, cela nous suffit et nous resterons maîtres de notre développement. Que les dieux des Indiens l’entendent...

PS Totalement coupés du monde depuis trois jours, nous n’avons aucune nouvelle de Carla et certains d’entre nous commencent à somatiser gravement ce manque...Paraitrait même (une tele locale chilienne...) qu'ils ne vivraient plus ensemble ? J'angoisse, nous angoissons...

vendredi 8 février 2008

Le tourisme est il vraiment durable ?

8 février

San Pedro d’Atacama, dans le Nord du Chili

San Pedro d’Atacama, dans le nord du Chili (5000 habitants aujourd’hui, moins d’un millier il y a quinze ans), vit la tragédie de tous les paysages et village traditionnels rattrapés, engloutis même par le tourisme. A quelques kilomètres, la grande lagune salée et sèche d’Atacama et une poignée de flamands roses reçoivent la visite des milliers de touristes dont, heureusement, pas un n’atteint le petite village de Peine au sud : 200 habitants vivant là à proximité du lac de sel, vivant d’une mine dont tous les sels extraits servent à fabriquer nos piles jetables (sel de lithium, de borax, etc.). Quand il n’y en aura plus ou quand les ouvriers refuseront d’être brûlés quotidiennement par le sel, le soleil et le vent de l’altiplano, peut-être que nous ne jetterons plus nos piles. A moins que nous n’en ayons plus à jeter...

Dans les rues toujours en terre battue (ça fait plus typique) de San Pedro se croisent les touristes en short et ceux que des 4 x 4 Apache aventure ou tout autres appellations ronflantes trimballent dans la région sous prétexte que, parfois, il y a quelques cailloux sur la route. Le frisson vrombissant au prix de Santiago de Chile car les « blancs » qui sont en train de rentabiliser cet ancienne terre indienne, ce paysage des Indiens, n’y vont pas de main morte : l’exotisme frelaté doit être cher pour être crédible.

Dans les rues de San Pedro l’indienne, il n’y a plus, à la place des maisons en terre et des boutiques anciennes, que des agences de voyage et de trekking aux noms ronflants et des restaurants : prés d’une centaine. Plus rien d’autre. La ville est les environs (superbes, intactes depuis des siècles) meurent à petit feu dans un village où les hôtels ont poussé plus vite que les services. Il n’y a évidemment plus assez d’eau et pas assez d’électricité, celle ci étant évidemment réservée aux établissements recevant les touristes. Internet est là, mais les habitants ont du mal à téléphoner à Santiago du Chili ou dans les communes voisines.

Péniblement, la communauté indienne essaie de contrôler le flux touristique et d’en récupérer un peu. C’est ainsi qu’elle a pu reprendre le contrôle de la vallée de la lune, cette vallée de montagnes de sel et de terre, mais à 300 visiteurs motorisés par jour, les jours de cette ville sont comptés. Déjà, l’extraordinaire route en sel qui la traverse a été recouverte de macadam pour que les touristes n’abîment pas leurs voitures et roulent plus confortablement.

Je ne condamne pas forcément le tourisme, mais je ne sais pas trop quoi penser du désastre qui pénalise et bouleverse cette ville et dont Olivier Archambeau qui voyage avec nous, est le témoin navré car il y a quinze ans il était ici, dans un village tranquille que des courageux venaient découvrir dans le plus grand inconfort, sans même penser qu’ils faisaient du tourisme. Faut-il réserver le tourisme à quelques uns ? Certainement pas, mais le tourisme fait aussi mourir les lieux et les gens à petit feu. De plus, souvent, comme ici, il épuise des ressources naturelles rares car dans ce désert, San Pedro n’est qu’une oasis sur laquelle et aux environs de laquelle il ne pleut que quelques fois par an.

Je voulais simplement poser la question du tourisme qui tord les peuples, les réalités et le milieu naturel. Ce n’est pas une condamnation, juste une interrogation : que deviendra dans quelques années cet erzatz de paradis d’aventure ?

PS Qui n’a rien vraiment (vraiment ?) rien à voir, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet va en Guyane lundi en compagnie du président. Pas de nouvelles de Carle, étrange n’est-ce-pas. Tant pis pour les caïmans noirs.

jeudi 7 février 2008

Une cigogne ridiculise toujours "allègrement" un ancien ministre qui sent le réchauffé

7 février

- Nouvelle nique à l’homme qui, allègrement, ne croit pas au réchauffement climatique et s’enfonce dans la glaciation de son paradis médiatique en voie de fonte rapide, la cigogne Max (franco-suisse) dont je vous ai déjà entretenu, est arrivée en France il y a deux jours, preuve qu’elle sait qu’elle ne va pas se les geler, en France comme en Suisse. Mais, l’autre «scientifique » nous dira sans doute encore plus allègrement qu’une cigogne ne fait pas le printemps.

- Le périple sur la « Routa 40 » de l’équipe des géographes de Paris 8 s’est achevé hier puisqu’ils ont parcouru et répertorié le dernier des 5321 kilomètres de cette route/piste qui va de la Patagonie à la frontière sud de la Bolivie. Pour ce faire ils ont grimpé, dans la région de San Antonio de Los Cobres, le plus haut col d’Amérique Latine : 4970 mètres. Avec de la neige et beaucoup de froid. Et après une piste très difficile et donc enneigée. Ce travail remarquable des étudiants se traduira au cours des prochains mois par un film de « géographes » qui sera suivi d’autres puisque sous la direction d’Olivier Archambeau, cette équipe, renouvelée chaque année, avec la route traversant la transsibérienne, la 66 aux USA, la Transcanadienne, etc.

A Tilcara, nous avons rencontré un français, à la fois peintre et agriculteur, qui monte une petite exploitation bio autour d’une maison recevant des hôtes de passage. Il nous a expliqué à quel point il était urgent que ces régions du nord se mettent rapidement au bio car le danger de l’épuisement des terres est de plus en plus grand. En raison de la sécheresse qui, combinée à l’abus des nitrates, brûle la terre. A terme, elle deviendra stérile, ce que ne veulent pas comprendre les chantres argentins du maïs et du soja OGM, mais aussi les viticulteurs qui exploitent chimiquement des vignobles de plusieurs milliers d’hectares. Il y a donc dans ce pays une véritable lutte entre l’agriculture intensive et le bio, une lutte qui, quand même, il ne faut pas l’oublier ne tourne pas toujours à l’avantage des tenants de l’agro business puisque l’Argentine est actuellement le deuxième producteurs mondial d’alimentation bio, vins compris.

- Et pendant ce temps, les parlementaires français se demandent tout simplement comment ils vont finaliser l’enfumage des écolos du Grenelle de l’Environnement sur la seule chose qu’ils ont obtenu, à savoir le gel des OGM. Mais au printemps, comme tout le monde le sait, le gel est très provisoire et un groupe de sénateurs, mandaté par les céréaliers s’efforce d’organiser le démantèlement de tout ce qui peut apparaître encore une peu protecteur dans la loi. Au coeur de cette entreprise, on trouve des sénateurs qui, dans la fin des années 70, ce sont battus pour que soient autorisés en France les viandes aux hormones. Des sénateurs qui avaient été grassement rétribués pour ce faire.

dimanche 3 février 2008

Sarkozy divorce de l'écologie et épouse Carla

3 février

De Salta, Argentine

Si vous composez Grenelle 00 00, vous avez gagné, y-a-personne qui y répond. Le Grenelle de l’environnement n’est pas dans la corbeille de mariage du président (béni soir son nom). La fameuse déclaration promise pour le 15 décembre s’est perdue dans les bas-fonds de la politique et Nicolas a oublié sa déclaration d’amour à l’écologie pour qui nous savons. La révolution écologique annoncée est en panne d’essence, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis, l’ancien comique de Valenciennes, jouent les utilités inutiles. Un seul projet semble avancer : la fusion du corps des inspecteurs de l’environnement avec celui des ingénieurs des Mines. Cela fait 36 ans, depuis la création du ministère de l’Environnement que les ingénieurs bétonneurs et constructeurs rêvaient d’avoir le pouvoir sur ce qui reste de la nature et de notre environnement. C’est quasiment fait : encore un effort et –c’est prévu-, le mot nature va disparaître du ministère de l’Environnement au profit de l’expression « ressources naturelles ». Ce qui fait quand même plus chic et branché pour un pouvoir qui, depuis quelques années, se penche beaucoup sur ses ressources. Voir la Société Générale....On ne va quand même pas me faire croire que le couillon de courtier montré aux foules –et que l’on voit même dans les gazettes argentines- a agit seul. Cela s’appelle détournements de fonds et dissimulations de bénéfices et il fallait bien un bouc émissaire qui, dans quelques années trouvera du côté des Iles Vierges ou Caïman, le compte en banque récompensant ses bons et loyaux services.

Bon, assez disserté sur la misère des riches, revenons au Grenelle. Bon sang, mais c’est bien sur et pas de chance, figurez vous que le budget 2008 a été bouclé sans que les mesures claironnées soit prévues comme dépenses à venir. Faudra attendre 2009. Alors le Nicolas (l’autre, le Hulot, le Huron) qui a donné une note de 18/20 au Grenelle de son jeune marié, maintient-il la note et son enthousiasme? Comme quoi, en fin de compte, la télé rend fou ou naïf ou complice parce que TF1 (les autoroutes...) c’est quand même une bonne gâche à ne pas gâcher bêtement. Avec l’indulgence qui me caractérise quand je suis en reportage, j’accorde au Grenelle des Nicolas la note de 6 sur 20, celle qui lui avait été attribuée avant l’élection présidentielle. Aucun oral de rattrapage n’est prévu, c’est contraire à la nouvelle loi sur les universités dont s’approchent avec gourmandise les entreprises privées. Bouygues va enfin pouvoir financer des enseignements sur l’art et la manière de construire des autoroutes au nez et à la barbe (évidemment) des écolos (1).

Mais j’allais oublier, l’Elysée et ses « collaborateurs » préparent une loi pour finaliser le Grenelle et compléter l’enfumage des terriers de protecteurs de la nature et des écolos. Pour que la discussion ne s’éternise pas au Sénat et à l’Assemblée nationale, je propose donc une loi à article unique : « les textes et lois en vigueur sur le protection de la nature et de l’environnement seront désormais respectés ». Couillu non ?

PS qui n’a presque rien à voir : ici, le quotidien régional (El Tribuno) paraissant à Salta, province nord de l’Argentine, a mis l’article sur le mariage élyséen de samedi, dans la rubrique « spectacles ». Sont vraiment étranges, ces étrangers...

(1) voir l’enquête dans le numéro de Politis du jeudi 7 février

samedi 2 février 2008

de l'Argentine aux aventures de Carla Bruni

2 février


SALTA
Argentine du Nord

Message écrit au café du musée archéologique tandis que s’abat sur la ville, comme tous les jours depuis deux semaines, un très violent orage de pluie et de grêle. Des orages qui touchent toute la région alors que dans cette région semi-désertique, il pleut en général quatre ou cinq fois en janvier et février.
Le musée archéologique se trouve sur la superbe place centrale et coloniale de cette ville de 500 000 habitants, la plus importante du nord-ouest de l’Argentine.

Une journée de vendredi difficile


Nous (Olivier Archambeau, Claude-Marie Vadrot, Raouf, Catherine et Mathieu... renforcée par la journaliste Christel Leca) avons levé le camp (au sens littéral du terme) au lever du jour de Cuchi vers 8 h 30 pour reprendre la Route 40 qui vient de Patagonie pour rejoindre la Bolivie. Route étant un grand mot car douze kilomètres après de cette petite ville, recommence une piste (bien que route 40) de plus en plus mauvaise.
Une quarantaine de kilomètres après Poma, plus au nord, nous avons commencé à franchir des rivières en crue de plus en plus nombreuses. Jusqu’à atteindre à 3515 mètres d’altitude (le lecteur peut visualiser cela sur Google Earth) un torrent qui a balayé la route (24.33.06.6 de latitude sud et 66.11.24.9 de longitude ouest)
Nous avons, en une heure d’effort, réussi à franchir ce point après avoir tracé un chemin de pierres dans le torrent et déchargé les voitures de tous les bagages passés de mains en mains sur le gué. Quelques kilomètres plus loin, nouvel obstacle : une partie de l’équipe est partie à pied pour vérifier l’état de la piste, ce qui lui a permis de constater qu’elle était effondrée sur une hauteur de quatre mètres. La progression devenait donc impossible, nous avons décidé de faire demi-tour à 16 h 30, ce qui nous a contraint à franchir, difficilement, les mêmes obstacles alors que nous n’avions parcouru que 80 kilomètres depuis le matin.
Nous sommes revenus à la hauteur de Cuchi et pris la route 33 menant vers Salta. Dans sa première partie, la montée vers le col de l’évêque, elle était bitumée. Mais la descente sur Salta ne se fait que par une piste en assez mauvais état. De plus, après le col, nous avons pénétré dans les nuages qui recouvrent en quasi permanence, en ce moment, la longue vallée de Salta. Cette route était coupée, dans la descente à plusieurs reprises, par des coulées de boues et de petits rochers. A chaque passage périlleux, des bulldozers dégageaient la boue et les rochers pour permettre aux véhicules de passer, la boue revenant instantanément pour se jeter à vingt ou trente mètres en contrebas de la route. Dés qu’ils apercevaient une voiture, les bulldozers nettoyaient pour le passage. Lorsque les voitures se bloquent dans la surface balayée par la boue et un violent courant, les bulldozers s’approchaient et à l’aide d’un filin, tiraient les véhicules hors du passage en quelques secondes. Ce qui devait arriver, arriva, l’un des véhicules s’est pris un rocher qui a arrache la calandre avant de la Peugeot. Sous la pluie et dans la quasi obscurité, il a fallu refixer provisoirement la calandre, couper le garde boue et isoler les fils électriques endommagés pour éviter les courts-circuits. Et la descente dans les nuages a repris, avec traversée de petits torrents recouvrant la route, jusqu’à atteindre la vallée de Salta balayée par la pluie. Avec nouveaux torrents en prime.
D’un côté la route était encombré par les rochers tombés de la falaise bordant la route et de l’autre côté, la partie de la route donnant sur la rivière était effondrée. Nous avons atteint le centre de Salta à 23 h 30 après avoir mis six heures pour parcourir 150 kilomètres.
La preuve par la pluie et les intempéries que le dérèglement climatique existe bel et bien, mais qu’évidemment de tels événements restent (comme dans beaucoup de pays ainsi frappés) ignorés en Europe ! D’après les officiels argentins, quand les pluies diluviennes et quotidiennes auront cessé, il faudra trois mois de travail pour réparer les routes et les dégâts. Certains villages sont totalement isolés et prés de 15 000 personnes ont du être évacuées d’urgence il y a aune semaine. La plupart ne peuvent pas retourner dans leurs villages et il est très difficile de rétablir les services de transports de voyageurs et de marchandises qui sont vitales pour la région prise en permanence dans une véritable « chaudron » climatique absolument inconnue par ici. Au point que les vignes qui se cultivent ici jusqu’à 3000 mètres ont les pieds dans l’eau à deux semaines des vendanges.

La voiture accidentée étant en réparation, une partie de l’équipe va se rendre demain à San Antonio de las Cobres par une autre route et tenter de redescendre vers le col le plus haut d’Amérique Latine (4800 mètres) qui se trouve sur la Route 40. Ensuite, les deux véhicules repartiront vers le nord par une autre route pour rattraper, plus au nord, la Route 40 de façon à atteindre la Bolivie avant de bifurquer vers le lac de sel d’Atacama qui se rejoint par une voie qui passe la frontière chilienne à 4500 mètres d’altitude. Mais, comme déjà dit il y a quelques jours, le docteur « tant mieux » Claude Allègre est bien à l’abri à Paris dans son délire médiatique.

PS Ah, au fait, on est vraiment content (on a fêté cela au Pisco Sour) que Carla soit enfin casée. Allez ma belle, rend le encore plus fou et divorce après les municipales !