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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 26 mai 2008

CA GAZE PLUS DU TOUT POUR LE GAZOLE...

26 mai

Donc, le prix du gazole vient de rejoindre le prix de l'essence...
Donc, ceux qui ont cru ou voulu croire depuis des années qu'ils pouvaient ou devaient faire quelques économies (apparentes) avec un carburant encore plus dangereux (particules, résidus, fumées, etc.) sont punis par où ils ont pêché. Ou plus exactement par où on les a amené à pêcher sans leur dire la vérité. Car les calculs de Que Choisir et de 60 Millions de Consommateurs ont montré depuis des années que le surcoût des voitures fonctionnant au gazole ne pouvait (au mieux) n'être remboursé qu'en six ou sept ans par le relatif moindre prix. Et encore.
Donc, Peugeot et Renault, les deux principaux constructeurs français fourguant du gazole, ont roulé une partie des Français (champions du monde dans ce domaine), au dépend de notre santé, en leur faisant croire que le recours aux véhicules fonctionnant avec ce carburant allait leur rapporter de l'argent. A peu prés aussi illusoire que de courir en voiture à la quête du carburant (gazole ou essence) "moins cher" des grands bienfaiteurs de l'humanité que sont Leclerc, Carrefour ou Auchan, ce qui revient à dépenser le gain...en carburant brûlé. La même illusion vaut pour ceux qui cavalent au loin vers les grandes surfaces moins chères (?) en oubliant le coût du carburant brûlé pour ces parcours qui ne seraient pas nécessaires en choisissant le commerce de proximité (plus cher, souvent, mais proches, comme son nom l'indique).
Cela doit être cela l'exception culturelle des Français en courant partout aprés le gratuit en oubliant qu'il a forcément un coût par ailleurs.
Rappel en passant: les Etats Unis consomment actuellement la moitié de toute l'essence du monde.
Nous vivons une époque formidable...

samedi 24 mai 2008

les protestations contre les éoliennes en France: du vent avec relent de nucléaire...

24 mai

Après quatre jours passés dans une province espagnole, la Navarre, qui a fait depuis une dizaine d’années le choix de l’indépendance énergétique et des énergies nouvelles, en particulier l’énergie éolienne, je suis convaincu que les adversaires français de l’éolien sont de mauvaise foi, qu'ils ne représentent qu'une vieille garde de nostalgique du passé et de leurs "vieilles demeures" et que le soupçon d’être aidé discrètement par les partisans du nucléaire est de plus en plus plausible...

En effet...

1° Au pied d’une éolienne de 40 mètres de haut et par grand vent, le bruit des pales est tout à fait négligeable : un chuintement qui ne gène pas une conversation menée à voix normale ; et à une centaine de mètres d’une ligne de crête couverte d’éoliennes, on n’entend plus rien du tout.

2° Les agriculteurs qui travaillent dans ces zones sont satisfaits, ne se plaignent pas et mettent spontanément en avant l’intérêt d’une « énergie propre ».

3° Les vaches et les moutons qui broutent dans ces champs d’éoliennes ne sont pas le moins du monde affectés. Ni les vignes ni le fromage de brebis n’ont ici de goût particulier...

4° Le plan d’installation des parcs éoliens a fait l’objet d’une enquête publique auprès des habitants et des responsables de municipalités ; et les municipalités sont beaucoup moins intéressées financièrement aux éoliennes qu’elles le sont en France.

5° Il y a actuellement, pour une petite province de 10 000 kilomètres carrés, 32 parcs éoliens abritant 1164 éoliennes

6° La province couvre actuellement ses besoins en électricité pour 65% avec des énergies renouvelables (barrage, biomasse, solaire et éolien pour 39 %). Pour l’Union européenne, l’objectif pour 2010 est de 29 %. La France devrait être le seul pays à ne pas atteindre cet objectif...

7° Le recours aux éoliennes et leur fabrication à Pamplona représente un peu plus de 5000 emplois dont 1090 prés de la capitale dans l’usine qui fabrique ces engins.

8° Contrairement à ce qui se passe en France tous les parcs éoliens, petits ou grands, sont en libre accès au public puisqu’il n’existe aucune clôture pour aller jusqu’aux pieds des éoliennes.

9° La plupart des touristes qui passent dans cette superbe région vont admirer les éoliennes et les photos qu’ils prennent constituent une carte de visite extraordinaire pour cette région basque.

10° Chasseurs et écolos de la région sont au moins d’accord sur un point : les éoliennes ne constituent en rien un danger pour les oiseaux, un doute subsistant pour les chauve-souris.

11° Même en cherchant bien, impossible de trouver un grincheux pour protester.

Reste la question du paysage et de l’esthétique : je trouve que les éoliennes sont belles et de toute façon pas plus laides que les lignes à haute tension. Et dans un univers que nous avons transformé cela vaut de toute façon le coût d’économiser des gaz à effet de serre....

mercredi 14 mai 2008

OGM: aprés la rigolade, les choses sérieuses

14 Mai

Bon, avec le coup des OGM envoyé au tapis, on a bien rigolé, ce qui, par ces temps difficiles, fait toujours plaisir, mais...
Dans les députés de la majorité qui ont joué les absents à l'assemblée nationale, il y avait...
- ceux qui, travaillés au corps par le groupe de pression du GNIS, de Monsanto et autres Lamagrain sous la direction du sénateur Bizet, trouvent que la loi proposée n'est pas assez favorable aux OGM.
- ceux qui, à l'écoute de leurs électeurs et des associations locales et régionales, sentent bien qu'il y a en France, 80 % de la population qui, pour de bonnes et de mauvaises raisons, refusent de consommer des produits contenant des végétaux génétiquement modifiés.
Ce qui ne fait en aucun cas une majorité pour nous éviter ce type de culture. D'autant plus que derrière le maïs et le soja, attendent les tomates, les fraises et les pommes de terre génétiquement modifiées déjà "à l'essai" aux Etats Unis.

A titre d'illustration, voici ce que me disait en interview, la sénatrice Marie-Christine Blandin il y a quelques quelques jours:

Marie-Christine Blandin, sénatrice des Verts, a bataillé ferme au long des deux passages de la loi sur les OGM. Avec un succès pour les groupes de pression qui se sont succédés depuis des mois auprès des parlementaires. Marie-Christine Blandin nous explique comment les groupes industriels ont exercé leurs pressions et comment ils continuent en leurs expliquant que seuls les OGM pourront résoudre la crise alimentaire mondiale.

Comment qualifiez ces pressions ?

Elles ont été à la fois amicales, diffuses, conviviales et complexes ; donc d’une efficacité redoutable, implacable.

Quelles formes prennent-elles ?

D’abord, depuis longtemps, car l’offensive a été préparée de longue date, par de luxueuses brochures éditées par les semenciers, brochures sur papier glacé, très pédagogiques, avec de belles illustrations où ils vantent leurs actions et leurs produits. Et surtout dans lesquelles ils flattent le rôle des parlementaires et leurs fonctions. Et dans certaines de ces brochures, les amendements sont tout prêts.

La littérature habituelle...

Non, pas du tout, il s’agit de publications éditées spécialement pour les parlementaires, donc à faibles tirages. Le plus surprenant est que ces brochures sont signées à la fois par le GNIS, le Groupement National Interprofessionnel des semences et par l’UIPP qui regroupe les fabricants de produits phytosanitaires. Démarche paradoxale puisque les modifications génétiques sont censées éradiquer l’utilisation de ces produits. Ces gens sont tellement sur d’eux qu’ils ne craignent pas la contradiction, persuadés qu’ils sont qu’elle passera inaperçue.

Ils sont si naïfs ?

Il n’y a pas que cela, bien sur. Régulièrement nous recevons de modestes informations de quatre pages, mal présentées, d’origine mal définie, sous le couvert d’une étrange association, qui publie « agriculture et environnement » (1). Sur tous les thèmes, cette feuille, un véritable libelle, attaque violemment ceux qui mettent en doute l’agriculture intensive et évoquent le réchauffement climatique. On y trouve des calomnies, des diffamations sur le professeur Belpomme, Greenpeace, Nicolas Hulot, le WWF ou l’association Kokopelli. Souvent des attaques sordides. Avec un ton presque militant. Comme ce n’est pas sur papier glacé, c’est presque plus efficace.

Les parlementaires y croient ?

En général ils reprennent sans aucun esprit critique le contenu de ces feuilles. Ils sont très efficaces. Comme les gens de l’AFIS, l’association française pour l’information scientifique qui se donne, je cite, comme but de promouvoir la science contre ceux qui nient ses valeurs culturelles, la détournent vers des oeuvres malfaisantes ou encore usent de son nom pour couvrir des opérations charlatanesques. Ils sont présents dans tous les colloques, dans toutes les réunions, ils ont des moyens. Il ont regretté publiquement qu’une « chaîne publique ai diffusé le film sur Monsanto de Marie-Dominique Robin » ; ils l’attaquent de toute part.

Et la corruption ?

C’est beaucoup plus subtil que cela. Il y a notamment un cabinet de lobbying, Boury et associés, qui travaille pour les grandes sociétés. Ils repèrent ceux qui ont du poids, de l’influence et ils les invitent au restaurant Ledoyen, un restaurant de luxe des Champs-Élysées. Le Gnis y reçoit régulièrement des parlementaires, ils y sont entre eux, entre happy few. Une fois, je me suis fait avoir. J’y suis allée, j’ai discuté mon point de vue avec un autre parlementaire. Ensuite, ils ont publié un compte rendu de ce déjeuner en ne reprenant que leurs arguments. Avec comme mention que j’étais « à leurs côtés », comme si j’étais d’accord avec eux.

Les voyages ?

Bien sur cela fait partie de la panoplie, c’est l’artillerie lourde, ils emmènent des parlementaires en voyage lointain, un ou deux à la fois, un de la majorité, un de l’opposition et de la majorité. Là, évidemment, on ne m’invite pas. Et puis, pour les pressions sur les autres parlementaires, il y a l’incontournable Jean Bizet (2), le représentant quasi-officiel de l’agriculture productiviste et des industriels des OGM. Rien ne se passe au Sénat sans qu’il prenne les choses en main. Il a littéralement « cassé » son collègue de la Manche, Jean-François Legrand.

(1) Renseignements pris certaines des informations sont envoyées par une lettre confidentielle publiée par une officine de conseils en économie et en environnement, Amos Prospective, soutenue par les sociétés agroalimentaires et dirigée par un franco-danois, Gil Rivière-Wekstein. La plupart des textes de cette lettre sont ouvertement pro-nucléaires et soutiennent les positions les plus ultras de l’agriculture intensive et des multinationales des semences et des produits phytosanitaires.

(2) Jean Bizet, sénateur UMP de la Manche, vétérinaire, est comme le fut son père pour défendre le veau aux hormones, le député Emile Bizet, également vétérinaire, le porte-parole tout à fait officiel et reconnu du lobby agricole depuis des années et organise tous les colloques

lundi 5 mai 2008

Les députés de la majorité préparent leur assaut contre le loi du "Grenelle de l'environnement"

5 mai

« Ils sont remontés comme des pendules ». C’est ce que racontent à la fois les deux ministres de l’écologie et quelques parlementaires de la majorité favorables à la traduction des « accords » de Grenelle par une loi. Et c’est ce que confirme Marie-Christine Blandin, sénatrice des Verts, très inquiété de ce qui va se passer. En cause, un texte présenté il y a quelques jours par Jean-Louis Borloo, à l’examen au Conseil Economique et Social. En attendant de venir devant le conseil des ministres puis, en juin (parait-il...) devant le parlement. La majorité des députés de la majorité est décidée à tailler en pièces, à réduire en charpie un texte qui, pourtant, ne met essentiellement en avant que tout ce qui peut procurer des bénéfices aux ténors du BTP, c’est à dire l’isolation des logements. Autrement dit, le reste n’ayant pas d’importance (la trame verte, les réserves naturelles, la limitation des constructions d’autoroute, la diminution des produits chimiques en agriculture, le bio, la question des déchets, etc.), les Français vont être priés, moyennant quelques crédits d’impôts dérisoires, de payer la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre et tous les gaspillages imposés par la conception de leurs logements. Y compris ceux des maisons « Borloo » et « Boutin » qui fonctionnent toutes (quand elles existent) à l’électricité. Les bénéfices seront engrangés par les industriels du bâtiment.

Comme il leur faudra avaler sans discuter (trop longtemps) la réforme constitutionnelle qui ne leur plait pourtant guère, les parlementaires de la majorité vont se venger sur l’écologie.

Ils commenceront le 13 mai en votant définitivement une loi sur les OGM en tous points conformes aux souhaits de Monsanto, du GNIS et consorts, lesquels multiplient les déjeuners somptueux au restaurant de luxe et des Champs Elysées Le Doyen et les informations distillées par un officine de propagande, Amos prospective, soutenue par le Sénateur (de la Manche) et vétérinaire Jean Bizet « porte-parole » des multinationales de l’agro-alimentaire et fils du député (de la Manche) Emile Bizet également vétérinaire, qui occupa les mêmes fonctions de pression dans les années 70/80 pour tenter d’imposer les viandes dopées aux hormones et toutes les demandes du lobby agricole. Comme quoi, la malhonnête politique et intellectuelle est « génétiquement » transmissible. Surtout quand c’est financièrement...intéressant.