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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 31 juillet 2008

Jeux Olympiques: les censures chinoises à venir sont pires

31 juillet

Il y a longtemps, confidence recueillie auprès de l’un de ses membres, que le Comité Olympique International SAIT que la presse sera censurée dans ses accès internet au cours des jeux. Cela faisait partie des accords secrets passés avec les Chinois, l’idée étant que, rendues publiques à quelques jours des Jeux, ces dispositions n’entraîneraient que des protestations trop tardives (plus l’étonnement hypocrite de monsieur Sérandour, président du Comité Olympique français expliquant hier qu’il était « surpris »). Le plus intéressant reste à venir. D’abord, « pour des raisons de sécurité », les déplacements des journalistes (ils vont s'en apercevoir) hors de Pékin seront limités, voire interdits pour une raison bien simple, expliqueront les Chinois : « les journalistes sont venus pour couvrir les Jeux, pas pour faire des reportages sur la province ». Ensuite, faute de pouvoir censurer en direct les articles au moment de leur envoi, les autorités chinoises, en s’appuyant sur la Charte Olympique, retireront immédiatement leurs accréditations aux journalistes qui traiteront, et de façon critique, d’autre chose que les événements sportifs.

Lorsque j’ai couvert les Jeux Olympiques de Moscou en 1980, Jeux boycottés par 63 pays, j’ai pu me déplacer librement hors de Moscou et, comme le sport ne m’intéressait pas et n’intéressait pas mon journal (le Canard Enchaîné) j’ai pu effectuer des reportages n’ayant rien à voir avec le sport, rencontrer des dissidents, écrire sur les libertés bafouées et envoyer mes articles depuis Moscou. Sorj Chalandon, à l’époque de Libération, en fait autant. Et dans Moscou, la présence policière était discrète.

Cette année, malgré tout ce qui s’accumule, personne (aucun gouvernement) ne boycotte et les protestations sont inaudibles, ce qui permettra aux affaires de reprendre tranquillement en septembre.

mardi 29 juillet 2008

Maison à 15 euros par jour: escroquerie écologique et sociale

29 juillet

Voyons, du point de vue de l’écologie, à quoi ressemble la maison à 15 euros par jour promise pour la quatrième fois hier depuis le début de l’année (j’ai consulté les dépêches de l’Agence France Presse) par Christine Boutin qui nous en reparlera au moins encore trois fois avant la fin de l’année.

- D’abord, elle ressemble comme une soeur à la célèbre maison Borloo à 100 000 euros (officiellement....) qui devait être construite à 30 000 ou 40 000 exemplaires par an et qui n’existe heureusement qu’à 550 exemplaires en comptant large.

- "Heureusement", pourquoi ?Parce que le cahier des charges théorique de la construction de cette maison prévoit une « économie de 10 % » de la consommation électrique par rapport aux "autres maisons ». Non seulement c’est bien vague, non seulement c’est dérisoire par rapport aux objectifs du plan climat mais cela rappelle discrètement que ces maisons (comme les défuntes « Borloo ») seront chauffées et approvisionnées en eau chaude à l’électricité. Sans le moindre recours au solaire, par exemple. De plus, il ne s’agit pas d'une maison HQE (déjà une spécificité bien aléatoire) et les murs de ces maisons (comme les Borloo) seront de véritables passoires énergétiques.

- Donc ces maisons destinés à des gens qui n’ont pas ou pas beaucoup de moyens (les plafonds excluent d’ailleurs les gens au SMIC) vont coûter 15 euros par jour mais leurs habitants se retrouveront avec des notes électriques pharamineuses qui seront en général, au moins l’hiver, de même niveau. Au moindre pépin, au moins « accident de la vie » comme on dit au gouvernement, les « propriétaires » se retrouveront dans la même situation que les propriétaires américains victimes des "subprimes" : payer les emprunts ou avoir froid. Dans de nombreux HLM, les charges de chauffage tout électrique, dépassent les loyers...

- Parce les terrains coûtent de plus en plus cher (d’ailleurs l’agglomération parisienne et la Côte d’Azur sont pratiquement exclues du système), ces maisons seront installés le plus loin possible des centres ville avec obligation d’aller au travail en voiture(s). Seconde aberration écologique et sociale.

- Sans tenir compte des avis et des sentiments des salariés, le gouvernement et les entreprises, prônent la mobilité : il faut savoir déménager, parait-il. Comment feront ces familles qui, au minimum, pour la maison (18-25 ans) puis ensuite pour le terrain (10-15 ans) seront endettés pour 35 à 40 ans pour une construction dont on peut d’ailleurs se demander si elle tiendra tout ce temps avant de commencer à s’autodétruire alors que, tous emprunts confondus, pour un couple avec deux enfants, une fois déduit l’aide au logement, elle aura coûté aux environs de 180 000 euros. C’est la seule différence notable avec la « maison Borloo » promise à 100 000 euros.

Petite précision : la maison écologique (un seul poêle à bois, isolation liége, toilettes sèches, isolation du sol, etc.) de José Bové n’a coûté que 115 000 euros. Preuve qu’il est possible de limiter les dépenses énergétiques à venir pour une somme raisonnable qui est en fait le coût réel de la maison Borloo. Mais cette maison est en bois et ni les architectes, ni les inspecteurs du paysage, ni les service sociaux, ni les maires n’aiment le bois. On les comprend : cela ne fait pas travailler le BTP et les marchands de béton et, en général, le bois se récolte dans la région de construction, sans grande dépense énergétique de transport.

vendredi 25 juillet 2008

Existe-il une différence entre un poulet de batterie et un militaire...

25 juillet


A priori, il n’y a guère de points communs entre les poulets de batterie produits pour monsieur Doux ( Doux, Père Dodu, Alsabia, Frangosul, Lebon, 14 500 personnes dans le monde) par des agriculteurs partout transformés en OS de la terre et les soldats de l’armée priés d’aller chercher du travail ailleurs et de quitter des régions qui pratiquent depuis des années la culture hors-sol du militaire. Pourtant...

Les uns et les autres ne servent pas à grand chose, sinon à faire du profit. Pour le groupe Doux et pour les marchands d’armes. Et pour les militaires, les commerçants. Il suffit de lire les journaux, d’écouter la radio et de regarder la télévision pour constater qu’en général, seuls les commerçants se plaignent du départ des troufions vers d’autres cieux ; avec, bien sur, les maires et les députés qui sont élus grâce à ces commerçants et à ces militaires.

Quant aux poulets, qu’ils soient produits en France (de moins en moins) ou, par exemple, au Brésil, ils représentent ce qu’il y a de pire en matière de bouffe en raison des produits chimiques dont ils sont abreuvés pour ne pas mourir avant le 42 éme jour qui est celui de leur abattage. Ce sont ces poulets (congelés) que l’on retrouve en Afrique et ailleurs sur les marchés où ils font disparaître la production locale. Je ne suis pas insensible au drame des gens qui perdent leur boulot parce que Monsieur Doux veut améliorer sa marge de profit, mais comme toujours il faut se poser la question de la fonction sociale des emplois que l’on voudrait absolument pérenniser, qu’il s’agisse des « agriculteurs » qui ne font qu’engraisser les poussins qui leur sont apportés ou des salaires scandaleusement bas que verse la multinationale du poulet. Ce qui me rappelle les protestions syndicales contre les réductions d’emploi dans l’industrie de l’armement: au nom de l'emploi, peut-on faire ou produire n'importe quoi ?

Quand aux militaires dont la nouvelle organisation nous est « vendue » au nom de la lutte contre le terrorisme, je n’ai a priori aucune raison de me désoler que la France commence à les entasser comme des poulets de batterie.

Quand aux arguments entendus sur « l’aménagement du territoire », je voudrais que l’on soit plus attentif lorsqu’il s’agit de construire de nouvelles autoroutes dont je croyais que le Grenelle de l’environnement avait décidé le moratoire....

mardi 15 juillet 2008

désastre écologique au Darfour

15 juillet

L’annonce de l’inculpation du président du Soudan pour « génocide » ou « crimes contre l’humanité », outre qu’elle risque de rester sans effet pratique, masque une autre réalité que j’ai pu constater sur place : la guerre des « cavaliers », arabes et plutôt proches des éleveurs contre des paysans africains noirs du Darfour a pour terrible conséquence la destruction de l’environnement et de la nature dans une zone immense (prés de 800 000 Kms 2) déjà touchée par le changement climatique. L’éradication des villages, la destruction des cultures entraîne une accélération de l’érosion et facilité la progression du désert. D’autant plus que, symboliquement, les « cavaliers » coupent systématiquement les arbres qui marquent le paysage et les villages. Les arbres ont, depuis des milliers d’années deux fonctions : abriter les maisons et une partie des cultures et servir de repères dans la géographie de ces régions. Au points que certains d’entre eux, en raison de leur taille et de leur ancienneté, figuraient sur les cartes topographiques des Anglais qui ont longtemps colonisé et contrôlé le Soudan.

Tandis que les agriculteurs se réfugient dans les villes ou dans les camps plus ou moins bien alimentés et gérés par les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires comme Médecin du Monde, les immenses zones rurales abandonnées ou livrées à des troupeaux de plus en plus importants se dégradent rapidement. Au point que les nappes phréatiques baissent et que nombre de puits s’assèchent et que la faune et la flore déclinent rapidement. Les micro-climats entretenus par les arbres et les cultures disparaissent. Une partie du Darfour est en voie de désertification, un phénomène qu’aucune force internationale de l’ONU ou des Etats africains ne pourra enrayer. De l’autre côté de la frontière, au Tchad, là où sont installés plus de 200 000 réfugiés, on constate le même phénomène : pour faire leur cuisine, les familles venues du Darfour sont contraintes de couper du bois et des buissons dans la savane arbustive. Ce qui accélère d’autant plus une autre désertification que, pour alimenter en eau les camps, les ONG et les Nations Unies ont du creuser des puits profonds : la consommation d’eau a pour effet de faire baisser les nappes souterraines de la région, ce qui prive d’eau les oueds et les arbres qui les bordent.

Reste ensuite à savoir si, la guerre intermittente qui se déroule depuis quelques années au Darfour, peut-être qualifiée de « génocide ». Pour ma part, si je me réfère au Rwanda, autre expérience vécue il y a quelques années, j’ai tendance à répondre par la négative. Il faut faire attention à l’utilisation de ce mot. Et se demander, notamment, pourquoi il est systématiquement d’abord utilisé aux Etats Unis...

Il ne s’agit pas de nier le nombre des morts et des réfugiés, intérieurs et extérieurs, mais de se demander qu’elle est, dans toute cette région l’importance du mot pétrole....

Dans mon cours « Guerres et environnement » du prochain semestre du département de géographie à l’Université de Paris 8 je reviendrais longuement sur cet aspect des choses et sur le fait que les guerres intérieures interviennent majoritairement dans des régions riches en pétrole...

vendredi 4 juillet 2008

Les contes à dormir debout de la libération d'Ingrid Betancourt

4 juillet

Que tous ceux qui ont des doutes sur le scénario hollywoodien de la libération d'Ingrid Betancourt qui n'est qu'une banale reddition transformée en opération militaire, se rendent sur le journal internet Mediapart d'Edwy Plenel, ils y trouveront mes informations puisées aux meilleures sources sur la façon dont les choses se sont préparées depuis plus de trois mois et comment le second des Farcs a été assassiné par un missile américain en mars dernier.
Ce qui n'enlève rien bien sur au courage et au talent d'Ingrid Betancourt, même si les médias sont en train d'en faire une sainte.
Et il ne faut pas oublier enfin, qu'avec le financement du Sénat américains, des avions continuent à arroser la Colombie avec du Round-up, pour éliminer les plants de coca et pour déforester les endroits où se réfugient les Farcs.

(www.mediapart.fr)

jeudi 3 juillet 2008

Sarkozy: le président écolo qui se dope aux neutrons

3 juillet

Le président de la République, toujours à la pointe du progrès en écologie, a annoncé ce jeudi la construction d'un nouveau réacteur EPR. Ceci un mois après avoir fait, lors d'une visite à Orléans, la fine bouche sur les éoliennes à cause du paysage. Le paysage dans lequel, grâce à la loi sur le commerce actuellement en discussion au parlement, vont s'installer encore plus de ces grandes surfaces qui font le charme urbanistique de la France. Un paysage au sein duquel les architectes des bâtiments de France, nourries aux vieilles mamelles de l'idéologie de la nature et des villes décors, regardent avec plus de suspicion les panneaux solaires et les éoliennes que les panneaux publicitaires et les hypers-horreurs déjà mentionnées, comme je viens de m'en rendre compte au colloque organisé vendredi dernier à Aix les Bains par le "Solar Event"
Cette annonce du président va donner de l'animation aux manifestations anti-nucléaires prévues pour le 13 juillet. Cette annonce donne aussi le ton de ce que sera la présidence française de l'Europe au cours de laquelle les gouvernement français va s'efforcer de convaincre ses 26 partenaires de comptabiliser les centrales nucléaires dans les "énergies renouvelables". Au moins pour la France et sa célèbre "exception culturelle".
Ceci étant dit, je ne pense pas que le solaire, l'éolien, la biomasse ou même les économies d'énergie (30 % à gratter !) sont LA solution face au nucléaire. Mais toutes les nouvelles technologies font partie de la solution et, si l'on ne se base que sur le niveau des investissements pour un réacteur, l'ajout de ce réacteur sera négligeable par rapport à ce qu'ils permettraient en énergie renouvelable.
Mais ce qu'il y a de commun entre le démantèlement des 35 heures, la remise en cause du code du travail, l'affaiblissement de la Sécurité sociale et le nucléaire, c'est qu'il s'agit d'une démarche idéologique.
Bon, sur le nucléaire, on attend par exemple la réaction des socialistes et, en particulier, de Ségoléne Royal et de Bertrand Delanöe.