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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 31 mars 2009

Au jardin des Plantes il est désormais interdit de penser et de parler: histoire d'un cours interdit

MARDI 31 mars

Je suis inquiet, très, très inquiet...

Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs partiels.
Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles...
- « Monsieur Vadrot ? ».
- euh...oui
- Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit
- Pourquoi ?
- Je n’ai pas à vous donner d’explication....
- Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
- Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum
- Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte...
- C’est non....
Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.
Evidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs et Alain Bué, insistent et menacent d’un scandale.
Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :
- Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants...
Je promets et évidemment ne tiendrais pas cette promesse, tant le propos est absurde.
J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.
Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur...

samedi 28 mars 2009

développement durable? Juppé écolo ?Poisson d'avril !

Samedi 28 mars

La semaine du « développement durable » commence cette année le premier avril.
Le symbole me parait parfait pour ce qui n’est plus, depuis longtemps, qu’une farce qui ne fait plus rire grand monde. Il n’aura pas fallu longtemps pour que le libéralisme, les entreprises et tout ce qui bouge dans l’économie récupère cette (mauvaise) traduction de l’expression « sustainable development » inventé en 1987 pour le compte des Nations Unies. « Durable », c’est plus neutre, plus politiquement correct qu’écologie, que protection de la nature, que pollution, qu’appauvrissement de la biodiversité sur terre et dans les mers ou qu’alimentation polluée. Tout est durable désormais et les entreprises dépensent des fortunes pour concocter et publier des rapports de « développement durable » que personne ne les lit. Je suis certain que les banquiers et les chefs d’entreprises plus ou moins escrocs se prétendaient durables et qu’ils pensaient pouvoir durer...
La seule chose qui dure, c’est la religion de la croissance économique, c’est la crise, ce sont les effets du réchauffement climatique que les gouvernements, à commencer par le gouvernement français, persistent à ignorer durablement alors que l’urgence se précise. La crise sert à tout : à oublier l’écologie, à oublier le Grenelle de l’environnement et à licencier des salariés. L’écologie et les ouvrier et employés constituent la meilleure des variables d’ajustement du capitalisme durable.
La seule chose qui dure, ce sont donc les gesticulations de Jean-Louis Borloo et de sa nouvelle secrétaire d’Etat. Sans oublier celle de Nicolas Sarkozy qui, en fait, ne gesticule même plus. Ce sont aussi les rêves fous de croissance qui durent.
Alors oublions cette semaine qui s’annonce à travers, normal, les communiqués de quelques agences de communication commis au développement durable comme ils le seront demain pour redresser l’image compromise des banquiers et de quelques industriels qui croient encore, souriants sous les fausses invectives de leur président, que leur règne peut encore durer.
Boycottons donc allégrement les séances d’autosatisfaction organisées par le ministère de l’écologie, les comiques économiques et les associations complices de la farce de cette semaine durable. Oublions durablement ce développement qui sert de cache-sexe à la destruction de la planète.

PS La seule chose qui dure en ce moment c'est l'insuppportable Juppé qui joue les écolos grâce à la complicité de mes confréres, et qui racontent des banalités auxquelles il ne croit pas lui qui, il y a deux ans, au cours d'un interview pour mon journal, ne savait pas faire la différence entre chauffage solaire et électricité solaire !

lundi 9 mars 2009

Le réchauffement climatique menace gravement les oiseaux

lundi 9 mars

Dix scientifiques appartenant à sept universités et centres de recherche européens, dont le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (connu sous le nom de Jardin des Plantes) viennent de rendre publique une étude confirmant ce que pressentent et affirment les ornithologistes, dont Philippe Dubois de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, depuis plusieurs années : le réchauffement climatique en cours menace l’existence de nombreux oiseaux nichant en France et dans la plupart des pays européens. Commentaire de Denis Cauvet et de Frédéric Jiquet, les deux scientifiques français ayant participé à cette longue enquête : « Nos travaux montrent que les effets du réchauffement climatique se font déjà sentir dès maintenant. Bien que les températures aient encore peu augmenté récemment, il est surprenant de constater à quel point l’impact est déjà visible sur les populations d’oiseaux nicheurs à travers toute l’Europe ». Les prévisions des dix spécialistes établissent que si trente espèces vont voir leurs populations augmenter, quatre-vingt-douze autres vont enregistrer un effondrement sinon une disparition de leurs effectifs. Parmi les espèces les plus menacées : la bécassine de marais, le vanneau huppé, le traquet motteux, le casse-noix moucheté, le pinson et le rouge-gorge. Au bout de cette évolution : la simplification et la standardisation de nos espaces (dits) naturels. Une simplification et une standardisation que reflètent les étals des marchands de fruits et de légumes depuis une vingtaine d’années.
Ainsi, de nouveau, des scientifiques démentent les affirmations d’un ancien ministre, le pseudo-scientique Claude Alègre, qui malgré ses foucades médiatiques, se coupe de plus en plus nettement de la communauté scientifique. Obstination dont une récente séquence de « Ce soir ou jamais » sur France 3 a montré qu’elle était partagée par le conseiller du Prince, Alain Minc qui n’en est d’ailleurs plus à une erreur prés. Ce qui permet de réduire à bien peu de choses les prétentions de Nicolas Sarkozy qui a rapidement oublié ses vagues promesses du Grenelle de l’environnement. Pour cause de crise, la lutte contre le réchauffement climatique est remise à plus tard, donc à trop tard.
La cause est donc hélas entendu : non seulement, comme je l’ai expliqué ici récemment, les modifications climatiques perturbent sérieusement les habitudes migratoires de millions d’oiseaux, mais en plus leur existence même est menacée. Tout comme est menacée la biodiversité du territoire français et européen. Tout comme la biodiversité de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique Latine et des espaces arctiques et antarctiques. Menaces qui ne concernent pas seulement les oiseaux mais toutes les espèces vivantes. Y compris celles, les insectes de toutes sortes, qui participent à la pollinisation des fruits et des légumes. Si ces insectes, et pas uniquement les abeilles dont un quart de la population mondiale a déjà été éliminée depuis vingt ans, disparaissent nous aurons de moins en moins de fruits et de légumes sauf si nous fécondons chaque fleur... à la main. Ce qui est évidemment impossible. Mais qui s’en soucie ? Combien des politiques de droite ou de gauche ont appris, en dehors de leurs gentilles déclarations sur le « développement durable », à réfléchir écologiquement, c’est à dire au delà du terme prévisible de leurs mandats.
Cette situation de la biodiversité, alors qu’il s’agit officiellement une des priorités de l’Europe, ne semble émouvoir que les naturalistes. Et les milliers de bénévoles qui, pour le compte du Muséum national d’histoire naturelle et les autres centres universitaires de recherche, ont passé des mois à traquer les oiseaux, à les observer et à les compter.
La préservation de la biodiversité, qui concerne également le monde végétal, est essentiel, est l’un des facteurs essentiels de la survie de l’humanité. Et non pas, comme on l’entend dire souvent, de la survie de la planète. Car il devient évident que si l’homme disparaît, la terre, elle, poursuivra son destin sans nous.

PS Pour ceux qui ont suivi ses aventures déjà racontées ici, je signale que la cigogne Max, suivie par satellite depuis dix ans par les chercheurs suisses du Muséum de Fribourg s’est installée sur son nid habituel prés du lac de Constance et qu’elle a finalement choisi de « reprendre » la cigogne mâle qui s’intéresse à elle depuis 2005. Il a viré un concurrent...