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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 21 septembre 2009

Les mensonges de la France rétrograde qui se bat contre les éoliennes

Lundi 21 SEPTEMBRE



Pour préparer leur prochaine "manifestation nationale", les associations de conservateurs du paysage n’hésitent pas à mentir et ils diffusent depuis quelques jours une photo-montage censée représenter le Mont Saint Michel quand il sera (soi disant) équipé d’éoliennes. Ce qui est évidemment faux même si ce "monument" n’est guère qu’un pompe à fric pour laquelle l’Etat et les collectivités locales sont en train de dépenser plus de 200 millions d’euros pour remettre de l’eau autour. Tout cela sous couvert d’écologie.

On attend avec impatience la diffusion de photos montrant le paysage détruit par les urbanisations commerciales et les pylônes d’EDF. Ou les photos des centrales nucléaires qui ne menacent pas que le paysage. Mais là, pas question, toutes ces associations rétrogrades qui recrutent essentiellement chez ceux qui veulent préserver (? ??) leurs châteaux ou leurs résidences secondaires, ont de trop bonnes relations avec AREVA et les milieux pro-nucléaires. Lesquels les aident à lutter contre l’extension des énergies renouvelables en diffusant de fausses informations sur le bruit des éoliennes et le danger qu’elles font courir aux oiseaux.

Il en est même qui assurent qu’elles font tourner le lait des vaches...

vendredi 18 septembre 2009

In vino veritas ? De moins en moins et surtout pas dans les foires aux vins. Petite leçon de vigne et de pinards buvables..

Vendredi 18 Septembre

Un jour viendra sans doute où notre oracle élyséen buveur d’eau organisera la restriction au vin que par ukase de la loi il faudra boire avec encore plus de modération qu’aujourd’hui. Ainsi se profile la société hygiéniste et puritaine qui prétend de plus en plus organiser notre vie tout en laissant les industriels et la grande distribution proposer aux consommateurs –quand ils ont le choix- des aliments mortifères et grossisseurs, chargés d’huiles exotiques et hydrogénés, de graisses, de sucres, de féculents, d’imitations de vitamines et de conservateurs et émulsifiants divers : regardez bien une boite de cassoulet ou de petits salés aux lentilles et vous constaterez que la proportion de viandes mal identifiées oscille entre 18 et 22 % .
En attendant que s’instaure sournoisement et progressivement une nouvelle prohibition, les grandes surfaces, pour accompagner les merdes et autres plats élaborés aux dépends de la santé et du budget (1) du consommateur, voici que s’annonce l’affaire annuelle du siécle : les foires au vin. Estomacs fragiles s’abstenir ou bien choisir soigneusement: ces soldes du pinard constituent une occasion unique, dans 80 % des bouteilles proposées, de fourguer du déboucheur d’évier aux couleurs chatoyantes et aux étiquettes aussi équivoques que rutilantes. Opération qui, dans le fond, représente le meilleur moyen de parvenir à dégoûter les Français du vin s’ils continuent à les fréquenter. Le voilà le grand complot. Avant que le bouleversement climatique ne transforme les petits clairets en vinasses lourdement chargées et ne mette à bas l’édifice patiemment échafaudé pour nous gruger, des AOC qui se sont, comme à Canaan, multipliés comme des petits pains uniquement pour faire marcher le commerce.
Toutes les vignes ne pourront pas grimper sur des collines pour conserver leurs (souvent prétendues) caractéristiques. Avertissement donc à ceux qui hurlent contre la taxe carbone : vous allez bientôt pleurer ce qui reste de buvable dans vos grands crus et autres vins de pays. Dommage car la vigne, notamment du Noa interdit depuis 1930, que je soigne en mon jardin et dont les raisins sont murs depuis huit jours raconte une bien belle et longue histoire. Encore plus passionnante que celle du tabac, du cannabis, des liqueurs de gentiane, de l’absinthe ou du café qui finiront bien par être bannis de notre société en route vers le puritanisme et le règne des peine-à-jouir.
Des vestiges archéologiques datant de 6000 ans et de Babylone mentionnent déjà clairement la vigne et le vin. Alexandre y goûta des breuvages sublimes avant d’y mourir, probablement du paludisme parce qu’il avait découvert ces nectars trop tard. Avant d’être, bien plus tard, peuplée par des Chiites qui ont fini par brûler ou défoncer les derniers magasins tenus par les derniers chrétiens de Bassora vendant un peu d’alcool et de vins, la Mésopotamie abritait les Arabes des Marais glorifiant le jus de la vigne fermenté avant que ne surgisse les diktats du Prophète. D’où sans doute cette réputation de la région d’avoir été le Paradis terrestre. Et j’ai connu un Afghanistan paradis de la vigne où ceux qui sont devenus des Taliban ou furent forcés de les suivre, ne répugnaient pas à confectionner des breuvages forts qui ne sentaient pas que la pomme. Mais il est vrai qu’en ce temps là, à Kaboul, les jolies afghanes se promenaient à visages découverts dans les rues.
D’autre part, mais on entre là dans la légende biblique, Noé aurait pas mal forcé sur le breuvage fermenté issu de sa vigne une fois débarqué de son arche et le déluge calmé. Après tant d’émotion on le comprend. Le mythe rejoint ainsi la réalité pré-historique puisque le mont Ararat sur lequel s’échoua l’Arche est à portée d’ivrogne du cœur des montagnes du Caucase où les archéologues ont identifié l’apparition d’une ou plusieurs variétés de vignes cultivées il y a 7000 ans ; époque à la laquelle les hommes, comme ceux de Mésopotamie donc, sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, ne tiraient pas de ces plantations que du jus de raisin. Ce qui signifie clairement que les joies et les errements bachiques (avec modération, soyons politiquement correct…) des hommes et des femmes sont aussi vieux que l’agriculture. Il n’est pas surprenant que les premières traces de vignes et surtout de jarres destinées à en recueillir le produit aient donc été relevées en Géorgie, le pays où la vendange reste une institution et une fête nationales ; le pays aussi où, à la fin des années 50 du XIX éme siècle, Alexandre Dumas en voyage se vit accorder un diplôme de « très grand buveur » par le prince Tchavtchavadzé. Hommage rendu par des Géorgiens dont la grande performance était et reste de lamper leurs vins dans des hanaps de deux ou trois litres. Pour moi, ce pays est à jamais celui de la vigne et du vin. 2500 ans avant notre ère, les ancêtres des Géorgiens ayant fait école, des bas-reliefs égyptiens ont fixé pour la postérité les scènes de vendanges et de foulage du raisin. En Arménie, là ou, comme en Géorgie, les bricoleurs industriels du vin n’ont pas encore sévi partout, beaucoup de vins restent divins. Et je connais un Français, à une centaine de kilomètres de Tbilissi, qui veille avec amour et respect sur d’énormes jarres enterrées où mûrissent ses nectars qui ne doivent rien à la chimie qui ravage la production française. Dés cette époque, et toujours en Mésopotamie, le raisin qui se conservait mal, se faisait sécher au soleil. L’invention du raisin sec, produit à la portée du jardinier amateur, comme mes piments de mon jardin qui achèvent leur dessiccation, est à la fois accidentelle et contemporaine de celle du vin.
Pour ce qui concerne la France, au plus exactement la Gaule celtique, c’est dans les environs de Marseille, qui se nommait alors Massilia, quelques 600 avant notre ère, que les vignes et le raisin s’installèrent sur notre territoire. En quelques dizaines d’années, par la grâce ou la faute des Phocéens qui avait apporté cette culture et ces habitudes de Grèce, trop de pauvres piquettes très chargées en tanin, l’analyse des amphores l’a prouvé, commencèrent à concurrencer la cervoise des Gaulois qui ne laissèrent pas leur part aux chiens des Romains. Les vignes se répandirent si rapidement sous la domination de ces Romains qui les trimballaient au hasard de leurs conquêtes, qu’un siècle avant Jésus Christ, précurseur de bien des politiques agricoles, l’empereur Domitien ordonna l’arrachage de la moitié du vignoble méditerranéen français. Il faisait une concurrence déloyale à la production romaine de vin. Bien plus tard dans les années 30 du XVIII éme siècle, Louis XV en fera autant pour juguler la production de vins médiocres qui étaient de véritables « pousse-au-crime ». Sous les Romains comme sous les Louis XV et XVI, ce genre d’ukase entraîna l’augmentation des cultures pour le seul raisin, le frais et celui que l’on séchait au soleil. Des Romains aux Gaulois, la vigne gagna le nord, passant par le Bordelais et la Bourgogne. La progression fut telle qu’au Moyen Age, et pour longtemps, Paris et la région parisienne devinrent le plus grand vignoble de France.
La preuve par le passé, surtout en ces temps de réchauffement climatique, que s’offrir une ou plusieurs treilles dans un jardin de la région parisienne, même en ses départements septentrionaux, ne relève ni de la lubie ni de l’utopie. Surtout au temps de ce réchauffement climatique qui, depuis des années, avance la date de mûrissement de mes raisins divers et de toutes les vendanges. Il faut aussi se souvenir qu’une vigne s’installe pour des dizaines d’années, voire des siècles. Rien de plus résistant que les vieilles treilles : défrichant un espace oublié de mon jardin, j’en ai exhumé il y a quelques années, des rejets de ceps plantés il y a au moins 70 ans. Elles survivaient enfouies dans un amas de pierres et de ronces : quelques rameaux gros comme le poing relevés et palissés, les racines adventices qui s’étaient formées au contact du sol, coupées, elles ont donné au bout de quelques années. Notamment du Noa, cépage d’origine américaine interdit en 1930 car réputé rendre fou, comme l’absinthe. Mais cette variété et quelques autres restent insensibles à toutes les maladies ; de quoi désespérer les industriels de la chimie agricole. De quoi expliquer que beaucoup de vins bios, y compris dans mon Giennois, s’appuient sur ces variétés anciennes. Beaucoup de jardins et de terrains cachent ainsi des vignes oubliées dont on peut faire, maintenant et facilement, des boutures qui permettent de récupérer une vieille variété. Car il fut un temps pas si lointain ou presque toutes les maisons s’offraient le plaisir automnal du raisin de la treille. Il en reste encore dans Paris, dans le 20 éme et le 13 éme notamment.
Pour faire du vin, il ne faut pas (trop) rêver : il en faut quand même beaucoup (de raisin) et surtout c’est un art difficile à maîtriser si on ne veut pas imposer une redoutable piquette maison à tous les amis trop polis en visite. Par contre, avec un mini-pressoir, le jus de raisin immédiatement mis au frais pour qu’il ne fermente pas, est aussi le plaisir des dieux.
En attendant cette chance, plutôt que d’alimenter le cash-flow des grandes surfaces où les piquettes et les escroqueries coulent à flots, il faut chercher les petits producteurs et les pionniers du vin bio et leur rester fidèles. Même si, pour ces derniers, un effort reste à faire au niveau de la vinification. Mais il y a de l’espoir car le réchauffement climatique qui sonnera le glas des piquettes et vins industriels brevetés par des AOC souvent aussi mensongères que commerciales, sera leur meilleur allié.

(1) Un kilo de carottes en vrac, au marché ou en grande surface : 0,90 euros. Les mêmes carottes râpés en barquette assaisonnée de 8 (huit) grammes de vinaigrette à l’eau : entre 4 et 6 euros le kilo. Mêmes différentiels pour les pommes de terre en barquette, les radis, les herbes aromatiques venues d’Israël ou d’Argentine et les salades sous vide. Courez vérifier cette folie, regardez les étiquettes pour vérifier et que l’on me dise quelle est la suractivité d’un individu ou d’un couple qui ne laisse pas quelques minutes pour râper des carottes, éplucher des patates ou cuire une oeuf dur (oui, j’en ai vu) ou laver une salade. Lavage qui de toute façon ne chassera pas les nitrates d’une chose poussée sur lit de plastique.

vendredi 11 septembre 2009

Taxe carbone: la schizophrénie française



Ce dessin de Plantu à la "une" du Monde hier, me semble parfaitement résumer l'attitude de la droite, de la gauche et de la majorité des Français à propos des efforts à faire pour préserver le climat. Il y a loin des bons sentiments exprimés dans les sondages et les discours à la réalité. Et les petites mesures proposées par le petit président sont à sa juste mesure: l'essence et le fioul sont présentés comme responsable de tous les maux alors que la société de gaspillage et du jetable n'est absolument pas remise en cause.

vendredi 4 septembre 2009

Taxe carbone "carbonisée", deuxiéme épisode de la démagogie des partis

Vendredi 4 septembre



Tandis que les vendanges se déroulent déjà avec trois ou quatre semaines d’avance par rapport à leurs dates d’il y a cinquante ans, tandis que les vignerons alsaciens se demandent ce qu’ils vont faire des 2,5° en trop de leurs vins, tandis que tous les responsables d’AOC s’interrogent sur quelques hauteurs ils vont devoir déménager leurs ceps, tandis que les habitants de la Camargue se demandent comment ils vont vivre avec de l’eau plus salée et sans les flamants roses, tandis que des falaises s’effritent sous les coups de boutoirs de la mer, tandis que les évènements météos aberrant se multiplient, tandis que des sols se détériorent, tandis que les rivières se dessèchent et perdent irrémédiablement leur biodiversité, tandis que les nappes phréatiques s’épuisent, tandis que des millions d’arbres meurent sur le territoire français, tandis que de nouveaux insectes envahissent villes et campagnes, tandis que des oiseaux disparaissent, tandis que donc, la liste n’étant pas limitative, la température moyenne monte, les démagogues du PC, du PS et de toutes gauches unis avec ferveur avec les démagogues populistes de toutes les droites et du Medef flinguent la taxe carbone. Comme à une ouverture de la chasse, ça tire dans tous les coins et sur n’importe quoi. Tandis que les banquises fondent aux pôles, que les cyclones et typhons se multiplient, que des millions de réfugiés climatiques se mettent en route, tandis que l’Afrique et l’Asie se désertifient, tandis que des cultures essentielles y disparaissent, et donc tandis que la planète s’échauffe ou se dérègle, monsieur François Fillon balance son aumône misérable de 14 euro la tonne à la face des nouveaux malheurs du monde.
Voici donc venu le temps que je redoutais il y a quelques jours : en baptisant « impôt » l’incitation à changer nos vies et nos consommations, le monde politique tourne le dos à l’avenir de la planète et à notre avenir. Avec au fond de lui-même, au PS, au PC et comme à l’UMP et au MEDEF le sentiment que « les écologistes nous emmerdent », qu’il s’agit d’une simple mode et que tout finira par s’arranger. Le discours ou la pensée cachée qui ont toujours accompagné les avertissements de ceux qui, lorsque ce monde politique les traite d’utopistes, répliquent depuis des lustres, que les utopistes sont ceux qui croient que nos gaspillages et nos destructions vont pouvoir durer éternellement sans que nous prenions une grande baffe dans la gueule.
Les premiers gifles sont déjà anciennes et elles ont frappé et frapperont avec la même efficacité les riches et les pauvres (oublions les périphrases genre « démunis » et « classes populaires »). Les pollutions de l’eau et de l’air ne font pas de différence entre les niveaux de vie et le climat est le même pour tous. Encore que...vivre par 33° dans un appartement de Saint-Denis n’offre pas la même existence qu’avec la climatisation dans une villa de Neuilly. Etc. Il est d’ores et déjà certain qu’avec le réchauffement climatique nous allons en prendre plein la gueule et qu’il est déjà bien tard pour agir. Alors il faut cesser de finasser et de croire au Père Noël de la canicule et des tempêtes.
Avec ses 14 euros jetés avec mépris à la face de Gaïa, avec ses offres de compensations aussi ridicules que fumeuses, le premier ministre se met la France hors-jeu pour la conférence de Copenhague de décembre sur le climat. Il est en bonne compagnie avec le Medef qui veut à la fois le beurre, l’argent du beurre et la cuisse de la crémière: la suppression de la taxe professionnelle, pas de taxe carbone et la sempiternelle « réduction des charges ». Avec leurs criailleries semblables sur le montant de la taxe, sur le coup porté « aux classes populaires », sur « l’injustice du même impôt », les gauches entonnent le même air en changeant simplement les paroles, manifestant le même mépris pour la planète, la même réflexion à court terme (six mois...) et le même manque de préoccupation pour l’électorat « démuni » qu’ils voudraient récupérer.
Alors, il faut être clair. Si elle voit le jour sous la forme prévue...
D’abord toute taxe carbone touchera beaucoup plus les riches que les pauvres puisque ces derniers achètent et consomment moins. En commençant par le clim’ pour la villa de Neuilly.
Ensuite, à ma connaissance l’électricité est une énergie (même secondaire). Alors il est scandaleux qu’elle échappe à la taxe carbonne. Sauf s’il s’agit de faire plaisir à EDF. Cela évitera peut-être que les fameuses maisons-Boutin-Borloo bon marché soient chauffées...à l’électricité. Cela évitera peut-être que le BTP augmente ses bénéfices en n’installant que des chauffages électriques dans les nouveaux immeubles. Cela évitera peut-être que la France soit sous-developpée en chauffage et électricité solaire tout comme en éoliennes. Et, par pitié, que l’on m’épargne le numéro « destruction des paysages ».
Ensuite encore, ce n’est peut-être pas politiquement correct de l’affirmer et même de le réclamer : oui, la taxe carbone qui est une incitation à acheter autre chose, à vivre progressivement autrement doit toucher tout le monde. Sans exception. Sans cela, elle ne servira à rien. De quelle utilité sera l’incitation, par exemple, à acheter un produit trop emballé si le mauvais geste est remboursé ? Il faut changer de société donc, que les politiques arrêtent de se dissimuler derrières « les pauvres » pour ne rien faire et, donc, protéger les riches. Si la classe politique se préoccupait de la partie la plus démunie de la population il n’y aurait pas 8 millions de gens en dessous du minimum vital en France. Alors qu’on arrête de nous emmerder avec cette fausse compassion.
Et enfin, je le répète : le Medef peut bien couiner, mais c’est au niveau des entreprises, au niveau des importations, des fabrications et de la distribution que la taxe carbone doit être instaurée, que l’incitation à ne plus gaspiller ni l’énergie ni les matières premières doit fonctionner ; et à 32 euros la tonne. Avec, je le répète également, interdiction légale de la répercuter sur les consommateurs. Tout le reste n’est que de l’agitation. Même le PS n’ose pas se tourner vers les industriels qui organisent et vendent le gaspillage et ceux qui vont fêter l’humanité dans quelques jours sont soit sourds, soit aveugles, soi aphones.
Le lecteur l’aura compris, je suis encore plus en colère que la semaine dernière et submergé par la démagogie climatique.

jeudi 3 septembre 2009

Climat: les partis "carbonisent" la taxe et Fillon lance une aumône à la face de la terre

Jeudi 3 septembre

En quelques déclarations aussi fumeuses que péremptoires, toujours à la pointe de l’écologie démagogique à reculons, les socialistes ont tordu cyniquement ou bêtement (au choix) le cou à la « taxe carbone » plus connue sous le nom de « contribution climat ». Du pain béni pour la majorité qui n’en demandait même pas tant et se réjouit secrètement que cette tentative de freiner nos gaspillages soit baptisé « impôt » par la gauche. Une aubaine qui met de côté toute réflexion intelligente et raisonnable sur nos modes de vie et sur les modifications climatiques. Ni les ministres de l’UMP ni encore moins, si c’est possible, les parlementaires de droite ne sont disposés à tolérer que les industriels, les producteurs d’énergie et les réseaux de distribution soient contraints par la loi a faire attention à leurs méthodes de production et de distribution. Comme les socialistes, pour écarter cette menace, ils laissent entendre que la « taxe carbone », sera en fait un impôt nouveau qui frappera « les couches populaires ». Voire qu’il remplacera la taxe professionnelle. Impôt ! Le gros mot qui fâche est lâché ; glissement sémantico-politique en forme d’épouvantail qui permettra aux faux vertueux de gauche et de droite de continuer à supporter ou à organiser les gaspillages. En feignant de croire que cette incitation à consommer différemment ne concernera que les gens les moins favorisés et que, mieux, elle les frappera en premier ; et durement. Les uns et les autres nous expliquent que le système (lequel ?) au pire organisera une compensation, ce qui promet la construction d’une « usine à gaz » de plus. « Construction » qui ne profitera qu’à ceux qui peuvent se payer le luxe de gaspiller le climat de tous.
Les socialistes et l’UMP entonnent la sérénade hypocrite des salariés qui « habitent de plus en plus loin de leurs lieux de travail ». Les premiers oublient qu’ils ont ouvert la voie aux réductions des transports ferroviaires et les seconds que toute la politique des infrastructures de chemin de fer, depuis 2002, organise la disparition des réseaux secondaires au profit des lignes à grande vitesse qui ne fonctionnent toute l’année que pour une minorité de Français. Et l’UMP oublie déjà que les nouvelles règles de chômage imposent aux demandeurs d’emploi d’accepter des boulots loin de leurs domiciles sous peine de voire leur indemnité réduites ou supprimées. Le PS et l’UMP ne sont pas prés de s’écologiser...
Depuis quelques années, s’ils veulent des trains, les Conseils généraux et les Conseils régionaux sont priés de payer. Et donc de faire payer le maintient très relatif d’un service public aux contribuables. Ce qui n’empêche pas une SNCF à la recherche de rentabilité, ni d’augmenter ses prix, ni de supprimer des trains malgré les oppositions des usagers. Lesquels, de manifestation en blocage de voies et manifestations ne parviennent qu’à reculer les échéances qui les précipitent vers leurs voitures. Avec en prime l’abandon du rail pour le fret, le ferroutage ne restant qu’un slogan vide.
De plus, faire croire que seule l’utilisation de l’essence, de fioul et du gaz (et même pas l’électricité !) sont les seules causes des menaces climatiques est, pour reprendre le mot de Daniel Cohn-Bendit, une affirmation « stupide ». Que penser de nos importations et donc de notre consommation, en ce moment, vus dans une grande surface ce lundi, de salades des Pays Bas, de tomates grecques, de pommes en provenance de Chine, de poires du Portugal, de poivrons et de pêches du sud de l’Espagne ou de kiwi d’Afrique du sud ? Que penser encore du lait de brebis du Larzac qui part en Grèce en camions réfrigérés pour nous revenir sous forme de Feta ? Que penser enfin, les exemples sont légion, des pommes de terre qui partent vers le Maroc pour être épluchées avant de nous revenir pour faire des frites ou des chips ? Ou des « voitures vertes » rapatriés des confins de l’Europe par nos constructeurs nationaux ?
C’est clair : quelques mois avant la conférence sur le climat de Copenhague, une incitation écologique et financière forte est nécessaire. Car les modifications climatiques, quelles que soient leurs manifestations toucheront chacun d’entre nous, au Nord comme au Sud. Les conséquences concerneront aussi bien les plus démunis que les autres. Avec même, une « préférence » pour les premiers.
Et ce n’est pas l’aumône de 14 euros la tonne jetée de façon méprisante à la face de Gaïa qui contribuera à calmer la fièvre et les tourments du climat.
Mais il est clair aussi que la pénalisation de toutes les activités gaspillant l’énergie et les matières premières doit en premier lieu être imposée aux fabricants et distributeurs : avec interdiction contrôlée de répercuter les conséquences de leurs conduites écologiquement stupides et dangereuses sur leurs prix de vente. Les consommateurs ne doivent participer que marginalement à ces efforts nécessaires : il n’ont jamais demandé la mondialisation des objets et produits qu’ils consomment !
Sans ces obligations aux seules producteurs et distributeurs, la contribution écologique va purement et simplement passer à la trappe sous couvert de défense des plus démunis.

ps Aux dernières nouvelles, le gauche et la droite ont gagné en agitant l'épouvantail impot puisque selon le dernier sondage de la Sofres, les deux tiers des Français, les mêmes qui s'affirment prêts à "payer pour protéger l'environnement", se déclarent opposés à toute contribution climat.