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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 12 décembre 2010

Cancun, les pays du Sud sauvent de justesse la conférence sur le climat

Cancun, Dimanche 12 décembre


Toutes les ambiguïtés possibles et imaginables figurent dans le document adopté dans la nuit de vendredi à samedi à Cancun, qu’il s’agisse de la forêt livrée aux marchands ou bien de l’aide aux pays les plus pauvres qui sera, comme les compensations forestière, livrés à la Banque Mondiale et au « socialiste » qui gouverne le Fonds Monétaire International. Elles permettent à chacun, y compris les Etats Unis et la Chine, de lire cet accord à sa façon. Quant à la Russie, elle aura simplement réussi à se ridiculiser une fois de plus et le Canada et l’Australie se sont distingués, soumis aux mêmes multinationales, par le suivisme des Américains. On retiendra plusieurs choses du nouvel happening qui s’est déroulée au coeur d’une ville qui rassemble dans son univers touristique, tous les maux et les aberrations de la planète gaspilleuse. Difficile d’imaginer, avant d’atterrir dans cette longue zone hôtelière américanisée de 28 kilomètres et 161 hôtels, à quel point le tourisme peut être ravageur e symbole de l’évolution mortelle de la planète : de l’ancienne lagune et de la mangrove de Cancun, il ne reste pratiquement plus rien. Des discussion et du ce texte imposés avec beaucoup d’intelligence par la présidence mexicaine qui redoutait un échec émergent plusieurs certitudes.
D’abord que les pays occidentaux, à commencer par l’Europe et la France, n’ont même pas fait de la figuration intelligente tant les discours de leurs ministres ont été convenus et médiocres. Celui de la ministre de l’Ecologie française, un authentique rapport de gendarmerie de cinq minutes, fut l’un des pires. Ce n’était pas du meilleur Nathalie Kosciusko-Morizet. Il est vrai qu’après avoir accompagné le Président de la République en Inde pour y vendre des centrales nucléaires, il lui était bien difficile d’être crédible à jouer les écolos.
Ensuite que le négociateur français qui quitte son poste, Brice Lalonde, a joué personnellement un rôle important. Qu’il ait eut sur place peu de contact avec sa ministre a cruellement souligné l’absence de la France dans ce qui était encore pour elle un enjeu important il y a un an. Tout simplement, parce que comme de nombreux pays d’Occident, son responsable suprême a jugé que la bataille pour le climat ne rapportait pas assez de voix aux élections.
On retiendra également, ce fut l’analyse de Brice Lalonde en privé, que mettre les 27 pays européens sur une ligne de conduite claire et efficace, se révèle désormais impossible. Illustration de ce qui se passe pour d’autres sujets. L’Europe n’est bien qu’un zone de libre échange sans politique commune. Les nations qui le composent, comme beaucoup d’autres, ont plus ou moins fait une croix sur la bataille contre le réchauffement climatique, se résignant, avec une joie mal dissimulée, dans les couloirs comme dans les interventions publiques, a abandonner le sujet aux soi-disant « business vert », celui qui compte profiter non pas d’une résistance au réchauffement, mais d’un adaptation...Car il ne s’agit plus de freiner le réchauffement mais de s’en accommoder, ce qui sera plus facile au Nord qu’au Sud. Au pris de millions de réfugiés climatiques contre lesquels ce Nord construira des murs de béton et d’informatique...
Par contre, il faut souligner aussi à quel point des pays comme la Bolivie, Haïti ou Panama, par exemple, ont su trouver des mots et des accents de sincérité éloignés des discours convenus. Il y avait dans leurs interventions, toute l’émotion qui manquaient aux pays industrialisés. Celle qui marquait le discours d’Evo Morales, le président bolivien ou encore la prise de position du ministre häitien qui sait, lui, ce que signifient les bouleversements climatiques pour un petit pays ravagé par les ouragans, les inondations, la sécheresse et les maladies.
Ce sont donc les pays du Sud, cette fois –y compris- le Mexique, qui ont permis de sauver ce qui pouvait l’être face à l’égoïsme congénital des nations industrialisées. Si cette volonté persiste à Durban, en Afrique du Sud, l’année prochaine, cette partie du monde aura permis quelques avancées qui pourront peut-être permettre de limiter le réchauffement de la planète à 3° pour la fin du siécle, même si c’est encore trop. Loin des vantardises des pays développés qui osent encore évoquer une élévation de 1,5° auquel les scientifiques, à l’exception de quelques comiques comme Claude Allègre et des Américains, ne croient plus tant la planète perd du temps par égoïsme.
Cette conférence aura aussi illustré la volonté de rejeter, physiquement, policièrement et philosophiquement, la société civile et les Organisations Non Gouvernementales. L’affolement qui a saisi la police des Nations Unies devant la manifestation d’un vingtaine de militants qui avait réussi à se regroupe dans le centre de conférence, en fut une illustration plus que tragique. Comme si les gouvernements et les Nations Unies avaient oublié que c’est la société civile qui les a finalement amené à agir ou à faire semblant d’agir.
Enfin il faut aussi dire que l’absence des chefs d’Etat du G8 aura permis d’avoir au moins un semblant d’accord. Les Sarkozy, les Obama et beaucoup d’autres n’ayant pas éprouvé le besoin de venir à Cancun faire reluire leur ego et assurer leur communication électorales.

vendredi 10 décembre 2010

A Cancun, le dérèglement climatique, finalement, tout le monde s'en fout

Jeudi 9 décembre


L’écoute lancinante de toutes les interventions de la conférence plénière de Cancun, y compris celle de Nathalie Kosciusko-Morizet qui ressemblait à un rapport de gendarmerie de 5 minutes et 3 secondes, semble prouver que, le changement climatique, dans le fond, ici, dans cette « capitale » du tourisme clinquant, tout le monde s’en fout. Une exception notable : le discours de 12 minutes du représentant de Haïti qui a su mélanger les faits et l’émotion en sortant des formules convenues alors que notre ministre et d’autres ont tous débité les mêmes banalités.
Cette indifférence mal dissimulée face aux dangers courus par la planète que chacun se croit obligé de rappeler dans une lingua climatica obsédante, montre bien à quel point une petite partie du monde se s’intéresse pas à l’immense reste de la planète. Les Etats Unis, ne parlent même plus, le Japon savonnent toutes les planches de salut et les Russe font de la figuration même pas intelligente en répétant qu’ils sont heureux que la Sibérie puisse se réchauffer. Tout le monde s’ennuie en attendant le déluge. Il n’y a guère qu’Evo Morales pour affirmer que « ou bien le capitalisme dépérira ou Madre Tierra mourra » ; en ajoutant : « la lutte pour un environnement sain et contre la dégradation du climat devra être le socialisme du XXI éme siècle ».Ce qui n’émeut personne...
Le changement climatique, qu’il soit dérèglement ou réchauffement, presque tout le monde s’en fout. Sauf bien sur les ours blancs qui crèvent sur ce qui leur reste de banquises à la dérive, sauf les Mayas du Yucatan qui attendent de plus en plus souvent, comme d’autres peuples paysans, la pluie qui leur permettait autrefois de belles récoltes pour vivre, sauf les habitants des petites iles-Etat comme Vanuatu, Salomon, de Kiribati ou même des Maldives qui vont bientôt ne plus savoir où aller ; sauf les peuples du Tchad qui ont vu leur grand lac se réduire des deux tiers en 15 ans et perdre ses poissons, sauf les populations du Darfour qui se disputent ce qui leur reste de terres pas encore englouties par le sable du désert, sauf les habitants du Sahel qui peinent à nourrir leurs troupeaux parce que les pâturages disparaissent et sauf les peuples africains, asiatiques ou latino-américains qui migrent vers les villes parce que leurs campagnes ne peuvent plus les nourrir. Chacun à sa guise complétera la litanie des malheurs en cours ou à venir.
Qu’importe aux grands de ce monde, si les oiseaux perdent de plus en plus souvent le nord, si les forêts disparaissent ou si des rivières s’assèchent dans certains régions de la planète alors que d’autres plient sous des ouragans de pluie, qu’importe aux faiseurs de discours convenus que la biodiversité s’effondre dans de nombreux pays du monde : comme pour les forêts, on replantera, on réintroduira ou ressèmera avec les prêts de la Banque Mondiale ou les ukases du « socialiste » qui dirige le Fonds Monétaire International, l’organisme qui transforme toutes les destructions et toutes les souffrance en argent. Qu’importe aux éternels annonceurs de promesses qui ne se réalisent jamais, si le nombre des réfugiés climatiques grossit démesurément, puisqu’ils construisent des murs en béton ou en informatique pour les contenir. Passés les mots qui ne font plus recettes, ils passent l’avenir de la planète par pertes et profits pour sauver les profits des industriels du pétrole et des pays producteurs de pétrole.
L’essentiel n’est plus de mettre fin aux dégâts, de se battre pour gagner un ou deux degrés, mais de réparer ou de s’adapter. Grâce au « business vert » qui fait la quête dans les allées du centre de conférence. Il n’est plus temps de freiner la montée des températures mais d’en tirer profit en laissant des centaines de millions de vie en route.

mercredi 8 décembre 2010

Cancun la police de l'ONU panique devant 20 manifestants




Mardi 7 décembre,



Tandis que les militants de Justice pour le Climat et Via Campesina, l’organisation internationale pour une agriculture paysanne dont fait partie la Confédération paysanne manifestaient...à 38 kilomètres de la Conférence sur le climat, une poignée de membres des ONG accréditées, couverts par plus ambassadeurs latino-américains, réussissaient à tenir une réunion de presse au coeur du Moon Palace. Pour expliquer leur déception face aux premiers échecs de la négociation et leur opposition à la négociation carbone ainsi qu’aux projets consistant à faire des forêts du monde, une monnaie d’échange prenant place dans la « négociation carbone ». Ils estiment que le projet REDD (Reducing Emissions From Deforestation and Forest Degradation) aboutira en fait à déposséder les populations et les peuples autochtones de leurs espaces boisées. Au profit de la marchandisation des ces forêts, avec le danger que les espaces déforestés laissent rapidement la place à de gigantesques « cultures » d’arbres génétiquement modifiés éliminant l’essentiel de la biodiversité et de leurs terres. Comme un avertissement désespéré face à la perspective d’un accord a minima pilotée par la Banque Mondiale qui deviendrait, de fait, le plus grand propriétaire forestier virtuel de la planète en supervisant les échanges de reforestation à travers le monde. Surtout celles entreprises dans les pays du Sud, là où les espaces forestiers permettent à des populations de vivre en mettant en pratique la « souveraineté alimentaire » qui reste la demande principale des peuples les plus pauvres et des populations autochtones.
Une fois leurs raisons expliquées à la presse, une vingtaine de militants sont sortis dans les allées du Moon Palace, le centre de la conférence, avec leurs pancartes et en scandant leurs slogans. Ce qui eu pour effet d’attirer la presse et les caméras. Panique du service de Sécurité des Nations Unies qui a pour instructions de ne pas tolérer la moindre fausse note, la moindre contestation. Mené par le Capitaine Fernando Simoes, les gardes de l’ONU ont rapidement entouré les quelques militants tentant de les empêcher de continuer à circuler devant la presse et les délégués. Pendant le face à face, les contestaires qui ne menaçaient pas le moins du monde la sécurité des gens et des lieux, le capitaine Simoes s’efforçait de relever tous les noms des membres des ONG participants à la manifestation, au besoin en arrachant les badges d’accréditation du cou des militants pour les lire plus facilement.
Au bout d’une vingtaine de minutes, la plupart des noms relevés, les gardes de sécurité en civil et en uniforme, sur ordre des responsables de la Conférence et donc des Nations Unies, ont expulsé tous les militants en les contraignant à monter dans un autobus qui les a amené à une trentaine de kilomètres, dans le centre de Cancun. En vertu de l’application du principe que dans l’espace de leur conférence, les Nations Unies, bénéficient d’un privilège d’extraterritorialité et ont donc tous les droits sans avoir à en référer aux autorités locales. Les vingt et quelques personnes non-agressives et ne représentant donc aucun danger ont été non seulement expulsées mais ne pourront plus entrer dans la zone de conférence, en vertu de l’obsession sécuritaire qui plane sur les travaux des 194 pays présents.
Une obsession sécuritaire si prégnante qu’hier des soldats du Génie de l’armée mexicaine ont creusé au bout de la plage du Moon Palace, une zone de débarquement pour les forces spéciales de la marine cantonnés dans des bateaux qui croisent au large. Des fois que des méchants veuillent attaquer la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet qui arrive ici dans la journée de mercredi sans aucune consigne de fermeté de son président qui a vendu des centrales nucléaires à l’Inde.

mardi 7 décembre 2010

Une chance pour Cancun: l'absence des présidents et de leur ego...

Lundi 6 décembre,

La présidence mexicaine du sommet de Cancun a promis aux experts et aux délégations de tous les pays, que les ministres qui ont commencé à arriver dimanche au sommet n’entreprendraient pas des tractations secrètes ou de couloir. D’abord, ce serait bien la première fois et ensuite l’essentiel n’est pas là. En effet, à tort ou à raison, la presse –seulement un peu plus de 2000 journalistes- s’est faite plus discrète qu’à Copenhague. Et comme seulement une vingtaine de chefs d’Etat sont attendus ici, cette discrétion et le manque d’intérêt visible de nombreux responsables politiques, la relative indifférence qui règne autour de la réunion de Cancun est peut-être une –la- chance unique de réussite, une garantie que dans quelques jours les négociations aboutiront sur quelques avancées. Tout simplement parce que les chefs d’Etat qui avaient fait assauts d’idées, de proclamations et de mensonges l’année dernière ne sont pas venus, ce qui les dispense de faire reluire leurs ego. C’est probablement à ce jour la meilleure nouvelle discernable à ce sommet de Cancun. Les experts, dans les couloirs, ne se privent pas pour s’en dire soulagés, débarrassés qu’ils sont pour l’instant des petites phrases qui tuent et des mouvements de menton destinés aux opinions publiques et non pas à faire avancer le sauvetage de la planète.
Bien sur, comme nous l’expliquait hier Brice Lalonde, l’ambassadeur de la France pour les négociations climatiques, il faut que les politiques finissent par prendre des décisions. Mais il ajoutait redouter que ces politiques, constatant qu’ils ne sont pas d’accord sur tout, en concluent qu’ils ne peuvent donc se mettre d’accord sur rien. Remarque valant aussi selon lui pour l’Europe « qui ne peut pas avoir de position simple et claire lorsque 27 pays passent leur temps à couper les cheveux en huit dans les réunions ministérielles».
Ce qui permet hélas aussi de penser que nombre de grands pays, alors que les petits demandent plus de contraintes qui sont ou seront pour eux une garantie, ont déjà passé le réchauffement climatique par pertes et profits. On ne parle plus d’une limite de 1,5 à 2° à ne pas franchir, mais –c’est le maître mot- « d’adaptation ! De la première semaine de discussion surgit une autre certitude : les politiques ne croient plus à un sursaut de la planète et veulent pour cela rassurer leurs opinions publiques sur le thème « on trouvera toujours des solutions ». Sauf pour les pays du Sud...
En fait, en dehors des experts qui travaillent à partir de dossiers de plus en plus inquiétants, ces politiques paraissent fréquemment avoir renoncé à des actions concrètes. Souvent, comme le président Nicolas Sarkozy ou le président Barak Obama parce qu’ils sont convaincus que réussir à freiner le réchauffement climatique ne peut désormais plus leur rapporter une voix à leurs prochaines élections. Ce qui pourrait, autre opportunité, laisser les coudées franches aux véritables acteurs de la frénésie énergétiques, à savoir les grandes villes et les gouvernements locaux qui ont, comme la Région Ile de France, comme la Californie, Mexico ou Paris, des pouvoirs de maîtrise sur l’aménagement du territoire, qu’il s’agisse des transports ou des économies d’énergie. Leurs représentants estiment avoir une chance nouvelle de pouvoir se mêler officiellement et efficacement des questions climatiques.
S’ils n’y parviennent pas, ce sera le signe que, finalement, la question du climat, désormais, en dehors des écologistes et de vendeurs d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïque, tout le monde s’en fout...

dimanche 5 décembre 2010

Cancun les Indiens et les paysans s'invitent au sommet du climat


La cérémonie indienne et paysanne d'hommage à la terre nourricière



CANCUN, DIMANCHE 5 DECEMBRE,


Samedi matin, la société civile mexicaine a commencé à donner un peu de la voix. Une voix faible, un millier de personnes, que les autorités locales ont relégué à 37 kilomètres des lieux où se tient de somme. Une société civile essentiellement regroupé sous l’égide de Via Campesina, l’organisation mondiale qui rassemble depuis une vingtaine d’année les gens de la terre qui veulent rester des paysans. Une association qui est d’ailleurs née en Amérique Latine et à laquelle appartient notamment le Confédération Paysanne en France. Des gens qui se battent pour le « souveraineté alimentaire », pour le bio et pour une agriculture respectant à la fois la terre et ceux qui la cultivent
Au Mexique, les paysans de Via Campesina, ce sont essentiellement des indiens, donc des citoyens qui ont du mal à vivre face aux pouvoirs en place. Ceux qui sont arrivés à Cancun, ont parcouru le pays dans plusieurs caravanes d’autocars et de camions avant d’installer leur forum de discussion dans le stade où il leur a finalement été permis de s’installer. Pendant une semaine ils vont échanger sur la question de la pollution, sur leurs conditions de travail et aussi sur les effets du climat sur leur pays et leurs pratiques d’agriculteurs. Le réchauffement climatique se ressent déjà dans les campagne mexicaines : qu’il s’agisse des sécheresses ou des ouragans meurtriers. A Cancun ils ont été rejoints par des délégations paysannes venues des Etats Unis, du Canada, d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Europe.
Ce forum alternatif « Pour la vie, la justice environnementale et sociale », dans la grande tradition indienne, a été précédé d’une cérémonie en hommage à la terre (Madre Tierra) destinée à donner de la force à tous les participants.
Dans le document de présentation des travaux et rencontre qui vont se poursuivre jusqu’au 10 décembre dans une atmosphère festive on peut notamment lire :
« La réunion de Copenhague a démontré l’incapacité des gouvernements à s’attaquer aux causes réelles du chaos climatiques actuel. A la dernière minute, les Etats Unis ont cherche d’un manière peu démocratique à faire passer un soi-disant « Accord de Copenhague » et en essayant de sortir le débat du cadre des Nations Unies et des engagements pris à Kyoto (1997) tout en favorisant encore plus les solutions du « libre marché ».
Les négociations sur le climat ressemblent de plus en plus à un énorme marché. Les pays développés, historiquement responsable de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre, inventent toutes sortes d’artifices pour éviter d’avoir à réduire leurs propres émissions. Un exemple : le Mécanisme pour une développement propre (CDM dans le langage anglais onusien) établi par le protocole de Kyoto permet aux pays industrialisés de continuer à polluer et à continuer de consommer et en payant en contre partie une faible redevance pour que les pays en développement réduisent leurs émissions ».(...) De nombreux gouvernements en développement, attirés par ces nouvelles opportunités de financement tendent à appliquer des fausses solutions plutôt que de mettre en oeuvre des solutions traitant réellement le changement climatique avec ces solutions pour soutenir une agriculture paysanne durable, orienter la production vers les marchés locaux, mettre en place des politiques d’énergie efficaces pour l’industrie, etc. » (...) nous exigeons l’application des milliers de solutions suggérées par la société civile, le renoncement aux OGM, la défense des droits de la terre et de la forêt, le renoncement à la participation de la Banque mondiale, nous avons besoin des millions et de millions de communauté paysannes et des peuples autochtones pour nourrir l’humanité et refroidir le climat de la planète....
»

jeudi 2 décembre 2010

CANCUN Puisque l'on vous dit que la mer est juste derrière la piscine


jeudi 2 décembre

Pour être certaine de ne pas décevoir bruyamment comme l’année dernière, la conférence sur le climat s’est mise depuis trois jours en mode « hors sol » et en mode « silence ». Grâce à son éloignement de la ville de Cancun dans un site isolé, grâce à un système d’accès complexe qui interdit même aux taxis de parvenir jusqu’au Moon Palace où se déroulent les débats, grâce à l’éloignement entre les halls d’exposition où sont cantonnées les ONG et le centre de conférence, grâce à l’impossibilité pour le moindre manifestant de parvenir à moins de 10 kilomètres des zones choisies par les Nations Unies et les autorités mexicaines, les travaux de la conférence peuvent se dérouler à l’écart de toute interrogation. Ce qui permet aux experts d’expertiser en paix, aux représentants des Etats de ronronner dans l’indifférence d’une assistance triée sur le volet, tous nourris de leurs solides langues de bois imprégnée de CO2 non encore consumé.
La conférence de Cancun baigne dans un curieux climat d’indifférence plus ou moins feinte qui, peut-être peut receler des surprises la semaine prochaine. En vertu d’un vieux principe : « quand les chats ne sont pas là, les souris dansent.
En attendant, comme le ridicule ne tue plus depuis longtemps, les chargés de communication ont eu l’idée d’installer des poubelles sélectives dans les couloirs du luxueux Moon Palace. Joli effet de surprise, mais soit il n’y a rien dedans soit le peu qu’elles contiennent est mélangés. Mais à la vitesse à laquelle les climatiseurs ronronnent, l’effet de serre induit ne se remarquera pas....

mercredi 1 décembre 2010

Le climat à Cancun: entre désastre écolo-touristique et armée omni-présente


Cancun, le 30 novembre

Les techno-onusiens qui ont choisi Cancun comme lieu de conférences sont soit des ignorants, soit des cyniques, soit des « militants » de l’écologie redoutablement intelligents. Chacun choisira sa version... Car autant à Copenhague l’année dernière, avec les champs d’éoliennes au loin, les boutiques bio, le tramway et les nuées de cyclistes danois parcourant les rues malgré la pluie ou la neige, il était possible d’imaginer ce que peut être une ville ou un pays s’efforçant d’écologiser la vie quotidienne de ces citoyens, autant Cancun ressemble à un cauchemar d’écolo. Cancun, la petite bourgade d’origine, est réduite à la portion congrue alors que le tourisme a ravagé 21 kilomètres de littoral y compris, ce qui compte double, la mince bande de terre de 600 mètres qui sépare la mer des Caraïbes d’une lagune dont les anciens pêcheurs et habitants expliquent qu’elle fut belle et poissonneuse avec des mangroves d’une rare richesse. C’était seulement il y a 30 ans, la grande vague de construction datant d’une quinzaine d’années.
Toute la vie naturelle, la vie des habitants, le paysage, la végétation ont été engloutis sous 120 hôtels qui se livrent avec acharnement à un concours de laideur et de gigantisme, tous alignés au plus prés de l’eau, mangeant les rares plages qui ont résisté. Ils offrent, presque tout au long de l’année, à des touristes dont 70 % déferlent des Etats-Unis et du Canada et 30 % d’Europe, au moins 40 000 chambres dont les occupants sont les seuls à apercevoir la mer...quand ils sont du bon côté. Dans les rares espaces libres se sont incrustés des magasins qui sont si laids et écologiquement désastreux qu’ils seraient même retoqués à la construction dans une banlieue française alignant ses « But », ses « Monsieur Meuble » et ses « Leclerc ».
Et, sans doute pour ne pas être en reste, la conférence sur le climat s’est installée à 30 kilomètres de la ville, dans le Moon Palace, un énorme gâteau en marbre et en béton qui squatte des dizaines d’hectares au sud de ce qu’il est convenu de nommer ici la « zone hôtelière » tant les Mexicains qui en vivent, ont honte de cet espace qui concentre tous les défauts dont les participants à la conférence égrène consciencieusement chaque heure les effets pernicieux sur le climat. Tous les jours que dieu fait des centaines de milliers de climatiseurs dévorent des milliers de kilowatts alors qu’il ne fait jamais plus de 30°. Et dans le gigantesque parc qui entoure le Moon Palace, des tondeuses passent et repassent pour que l’herbe ait bien l’air d’une moquette malgré l’arrosage. Mais que les protecteurs de la nature se rassurent : sur les routes qui parcourent ce Disney Land du tourisme... et de la lutte climatique, des panneaux recommandent en anglais et en espagnol, de ralentir pour ne pas écraser les iguanes...
Cancun apparaît donc comme la caricature du monde déboussolé qui mène la planète à sa perte ou tout au moins à son réchauffement. Une sorte de rêve américain et capitaliste dans lequel les investisseurs des Etats Unis, de Grande-Bretagne et d’Europe se bousculent pour attirer puis pressurer des touristes volontaires pour venir « apercevoir la mer ». Lorsqu’ils découvrent (je parle de certains européens, pas des Américains qui ne redemandent) dans quel enfer ils se sont fourrés, il est trop tard pour repartir.
Les onusiens et leur complices experts n’auraient pas pu choisir un univers plus fou pour que soit démontré à quel point nous marchons sur la tête tout en expliquant sur le comptoir d’un zinc à quel point le dérèglement climatique est inquiétant. Et, sans doute pour que la démonstration soit plus parfaite, le gouvernement mexicain, à la demande des Nations Unies, a dépêché sur place des milliers de policiers et de militaires. Ces derniers campent aux carrefours et devant les différents lieux de la conférence avec des blindés dont les mitrailleuses sont en permanence braquées sur les rues. De peur sans doute que les caravanes de militants et de paysans qui convergent vers Cancun ne s’approchent trop des gens sérieux. Une répétition peut-être, de ce que feront beaucoup de pays pour, un jour, repousser les réfugiés climatiques....

lundi 1 novembre 2010

Ne plus acheter des fraises et de tomates en hiver: les absurdités des la mondialisation




(éditions Delachaux et Niestlé)



Fraises d’Espagne, haricots verts du Kenya, kiwis de Nouvelle-Zélande, pommes du Chili... Les fruits et les légumes perdent le Nord et confondent les saisons. Avec beaucoup de produits non-alimentaires, ils parcourent le monde après que la grande distribution a trouvé des travailleurs contraints d’accepter des salaires et des conditions de travail de misère. La recherche du profit maximum a progressivement conduit à des voyages improbables aux conséquences écologiques désastreuses.
Ces mauvaises habitudes de la mondialisation ne correspondent pourtant pas à une « demande » des consommateurs, mais bien au concept marketing du hors-saison et de la délocalisation. Tous les exemples fournis dans ce livre montrent comment des besoins ont été créés et exploités. Comment, par exemple, voyage une pomme de terre récoltée en Belgique, épluchée au Maroc, transformée en chips en Turquie avant d’être vendue aux Pays Bas et dans le reste de l’Europe où elle est ensachée.
Ces voyages, ces gaspillages et l’exploitation des pays du Sud, le consommateur peut les refuser en décidant de consommer local. L’auteur nous donne en effet les recettes simples d’un retour à des assiettes ne croulant plus sous des milliers de kilomètres inutiles – voyages dont nous supportons tout et tous les coûts.

samedi 23 octobre 2010

Un débat sur les éoliennes pris en otage par les pleureuses du paysage

Samedi 23 octobre

Il y a quelques jours, à la mairie du Tréport, la Commission particulière du débat public chargée d’organiser la discussion sur le projet de champs d’éoliennes off-shore proposé par la Compagnie du Vent, a rendu publiquement compte des réunions organisées depuis le mois d’avril dans la Somme et la Seine maritime pour que tous les citoyens, les municipalités et le associations concernées d’expriment. Les groupes minoritaires opposés à la mise en place de 140 éoliennes de 5 Mw à 18 kilomètres du littoral auront ne se tiennent pas pour battus alors que tous les sondages et les enquêtes indiquent qu’environ 80% des habitants de la région sont favorables à un projet, qui d’après ses promoteurs, devraient créer à terme 2000 emplois qualifiés pour la maintenance et l’entretien.
Placée sous la direction de Philippe Marzolf, la Commission a déployé des trésors d’imagination pour d’organiser une débat exemplaire en innovant. Car outre les douze réunions mettant en présence les différents protagonistes, un site (1) a été ouvert, site sur lequel il était et est encore possible aujourd’hui, de prendre connaissance du contenu des réunions et de consulter les dossiers des différents acteurs, à commencer par celui du maître d’ouvrage. Sans oublier les questions et les opinions des citoyens qui cherchent simplement à comprendre, à peser le pour et le contre et non pas à s’opposer systématiquement. Ce site a également permis, pour ceux qui ne pouvaient y assister, de suivre en direct la plupart des réunions. De quoi permettre aux habitants de la région de se faire une opinion en dehors des pressions exercées par la Fédération Environnement Durable et l’association locale « SOS à l’horizon » : leur objectif, casser une discussion sereine sur les avantages et les inconvénients d’un projet qui pourrait être le premier champ d’éoliennes en mer sur les côtes françaises et l’un des plus importants d’Europe, même s’il resterait plus modeste que ceux réalisés, par exemple, en Grande Bretagne et au Danemark.
La Commission particulière, comme toutes ses semblables, n’a pas pour fonction ni pour objectif de rendre un avis, mais plus simplement de fournir un compte rendu le plus exhaustif possible des opinions et des demandes exprimées, notamment par les pêcheurs qui craignaient que leurs activités soient perturbées et, pour reprendre un argument des adversaires de l’éolien, que les poisson soient chassés des eaux par les grands moulins à vent. Alors que les exemples étrangers ont montré que la faune aquatique n’était pas le moins du monde perturbée par ce type d’équipement. Au contraire, les enrochements mis en place au pied de chaque éolienne, devraient faciliter la fixation de la reproduction de la faune marine. La tache de la Commission, confrontée à un harcèlement constant, n’a pas été facile même si elle a sans cesse rappelé comme l’explique son président qu’elle est « indépendante du maître d’ouvrage, de tous les acteurs. Nous n’avons pas d’avis à donner. Nous sommes là pour organiser un débat de plus équitable possible, même si ce n’est pas facile parce que les débats sont passionnés ».
Cette procédure de débat public précède l’enquête publique qui interviendra plus tard si la Compagnie du Vent, récemment devenue filiale du groupe GDF-Suez, décide de proposer la mise en oeuvre du projet. Cette procédure de débat public, qui est terminée depuis le 10 septembre, a été créée par la loi Barnier du 2 février 1995 inventant une autorité administrative indépendante, la Commission Nationale du Débat Public. Laquelle, pour chaque projet d’envergure, crée une instance particulière qui prépare, organise les débats et suit l’aménagement s’il la décision est un jour prise de le mener à bien. La loi de 1995, correspond à l’esprit et à la lettre de la Convention d’Aarahus de 1998 sur « la participation du public aux processus de décision » actuellement signée par une quarantaine de pays et l’Union européenne.
Les adversaires des éoliennes, qui recrutent leurs appuis dans des réseaux giscardiens particulièrement actifs, ont mené une campagne souvent mensongère contre le projet, appuyée sur leur volonté de rejeter partout en France le recours à l’énergie éolienne pour produire un peu d’électricité renouvelable n’entraînant ni pollution si effet de serre. Un peu, car il n’est pas plus question de passer au « tout éolien » comme on est passé au tout nucléaire. Il s’agit d’une diversification, comme le solaire ou la biomasse, dans la production énergétique. D’ordinaire, les campagnes virulentes de ces associations qui ne regroupent que quelques centaines de membres, s’appuient sur la préservation du paysage et sur la supposée dépréciation des résidences, secondaires ou autres manoirs se retrouvant au voisinage des fermes éoliennes terrestres. Cette fois, ces groupes liés aux associations défendant un paysage idéal qui, hélas, est parsemé de lignes à haute tension, d’usines, de centrales nucléaires et d’entrées de ville gâchées par des urbanisations commerciales catastrophiques, ont du faire une effort d’imagination pour poursuivre leur croisade. Ils ont notamment les photos montages faisant apparaître les éoliennes comme des monstres cernant de prés le littoral alors qu’à la distance prévue, elles seront à peine visibles à l’oeil nu. A condition qu’il n’y ait pas du tout de brume. Des photos montages qui ressemblent furieusement à celui qui avait été fabriqué et diffusé pour protester contre des éoliennes prévues à 20 kilomètres du Mont Saint Michel : les éoliennes avaient carrément été hissés sur ce site classé.
Cet acharnement est évidemment plus que suspect, quoi que l’on puisse penser de l’offensive de grands groupes industriels à propos de l’éolien, loin du rêve de l’éolienne de jardin maîtrisable par une seule famille écolo. Mais, s’agissant de la Somme et de la Seine Maritime, on ne peut manquer de remarquer que les opposants, ne disent rien sur la centrale de Penly et ce n’est sans doute par un hasard malencontreux que le responsable de l’association locale est un ancien d’EDF. Un hasard qui rejoint l’organisation au sénat, il y a trois ans, d’un colloque « anti-éoliens » dans lequel trônaient quelques associations pro-nucléaires, notamment la Société française de l’énergie nucléaire, et animé par le journaliste Emmanuel Grenier, fanatique bien connu du nucléaire. On complétera, le pedigree du confrère, en précisant qu’il fut candidat à la dernière élection européenne sur la liste de Jacques Cheminade, pseudo gauchiste du Parti Ouvrier Européen représentant en France, de la secte politique de l’Américain Lyndon Larouche qui marie la religion, la science et l’anti-sémitisme..
Mais au delà de cette connivence avec les partisans des centrales nucléaires, c’est le principe du débat public qui est remis en cause quand il est pris en otage, qu’il s’agisse d’éolien ou d’autres équipements comme on l’a vu récemment pour les nanotechnologies, par un ou plusieurs groupes de pression minoritaires utilisant tous les moyens d’Internet et de la communication. Ce type de « terrorisme » verbal appuyé sur des contrevérités vide le Débat public, une belle idée, de sa substance et de sa fonction. Résultat : il d’empêche ou dissuade les citoyens de d’exprimer sereinement pour ou contre un projet, de reléguer leurs opinions derrière les outrances. A tel point que le 19 octobre, le président de la Commission a donné une large place à cette opposition farouche, au détriment des arguments raisonnables des partisans ou des sceptiques de l’énergie offerte par le vent.

(1) www.debatpublic-eolien-en-mer.org

dimanche 3 octobre 2010

Salon de l'auto: les constructeurs agitent la baguette magique de la fée électricité

Dimanche 3 octobre


Les rédacteurs automobiles, celui du Monde ou de France-Inter par exemple, qui veulent sauvegarder leur gagne-pain et beaucoup d’autres journalistes qui souhaitent sauver la civilisation automobile nous servent depuis quelques jours la recette que les volumineux dossiers de presse leur suggèrent depuis des semaines : la bagnole, dieu soit loué, sera sauvée par l’électricité. Déjà, ils oublient que ce numéro nous a été joué à plusieurs reprises. Pour la première fois en 1965 quand la Régie Renault a présenté au public une première voiture électrique dont elle affirmait alors que « dans quelques années » tout le monde roulerait en se branchant sur un réseau qui n’était pas encore nucléaire. Ce n’était pas une première puisque les premiers modèle « tout électrique » ont circulé au XIX éme siécle puis au XX ème siécle, ce qui ne plaisait évidemment pas aux marchands de pétrole. Donc, tous les projets, sérieux ou non, avortèrent rapidement. Electrique ou pas, une voiture reste une voiture. Si la voiture était une solution, les administrations publiques auraient fait ce choix depuis longtemps.
Depuis, à chaque fois que la conjoncture économique et sociale, ou la sagesse, incitent les acheteurs à prolonger la vie de leurs vieilles voiture (oui, je sais, il parait qu’elles polluent plus) les constructeurs nous font le coup de la bagnole électrique miracle. Cette fois, ils imaginent qu’ils sont portés par une (relative) prise de conscience d’une urgence écologique dont ils n’ont évidemment rien à faire. Et les voilà qui sanglotent sur l’épaule de Nicolas Sarkozy et sur celle de la ministre de l’écologie, Chantal Jouanno qui ne manquera pas de visiter le « Mondial de l’automobile », en expliquant que la prime à la casse leur avait permis de caser de nouveaux modèles et que c’est fini ! Initiative soi disant prise au nom de l’économie d’énergie, mais en oubliant, comme Jean-Louis Borloo qui invoque le Grenelle de l’environnement pour construire de nouvelles autoroutes, que la construction d’une nouvelle voiture (fut-elle recyclable à 80 %) entraîne une dépense d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre bien plus importantes si l’on garde son vieux carrosse jusqu’à l’usure. Ce qui m’incite à conserver la mienne qui date de 1987 et qui me rend encore, même de plus en rarement, des services. Depuis longtemps, ces constructeurs sont pris en tenaille entre leurs prétentions à faire des modèles qui tombent moins en panne et la mode de la voiture jetable dont il faudrait changer au bout de deux ou trois ans. Ils auraient trouvé la solution miracle en nous vendant des voitures électriques bien plus chères que les autres...
Donc, le recours au scintillement présenté comme magique de la fée électricité n’a pour fonction que de nous faire croire que les constructeurs automobiles sont intelligents et veulent sauver la planète. Non, ils veulent simplement ravaler leur image de marque. En oubliant au passage que la fameuse électricité ne pousse pas par miracle au pied des immeubles ou dans les champs. Il faut la produire. Avec des centrales nucléaires, par exemple. De plus, il suffit de parcourir les allées du Salon de l’auto, que l’on me pardonne cette vieille appellation, pour voir qu’au delà de l’entreprise de communication, ce sont les bonnes grosses vieilles bagnoles qui colonisent les stands et les carnets de vente. : l’adoration du dieu voiture n’est pas derrière nous et on lui sacrifie encore de longs alignements d’arbres le long ses nationales et des départementales en leur reprochant, comme le Président du Conseil général du Loiret, de se précipiter au devant des automobilistes qui roulent trop vite ou sous imprégnations alcoolique.
Si je conteste la voiture, on m’objectera les emplois. Comme pour la production des armes multiples que nous vendons chaque année pour une somme qui avoisine les 10 milliards d’euros par an. Mais, comme il y a bien longtemps que le capitalisme français ne se préoccupe plus de ne pas « désespérer Billancourt », la question pourrait être bonne si la réponse n’était pas stupide. Comme je n’ignore pas que trop de zones rurales et trop de banlieues manquent de transports collectifs, je me dis qu’il suffirait de transférer progressivement les emplois (plus exactement les machines qui suppriment les emplois) vers une production massive de métro, de trams, de trains, de bus et d’équipements permettant d’offrir à chacun, quel que soit sa résidence, un moyen d’aller facilement au boulot et de fréquenter les espaces de loisirs sans attendre le bus ou le métro des heures et sans être transportés dans des conditions déplorables. Mais les Christian Gérondeau et tous les arnaqueurs de la « liberté offerte » par la voiture, ne veulent pas lâcher les rênes de leurs fantasmes. Au point de condamner tous ceux qui, désormais, sont présentés de façon subliminale comme de mauvais Français parce qu’ils font le choix du deux roues ; à pédales ou à moteur, engins dont le bilan énergétique et écologique est largement supérieur à celui de la voiture.
La fée électricité qui refait provisoirement son apparition fait l’impasse sur le pillage à venir des quelques pays qui possèdent les réserves de lithium pour les batteries. La fée électricité ne part à l’assaut médiatique des automobilistes que pour redorer le blason d’une fin de civilisation. Mais n’allez pas dire cela aux caciques de l’UMP qui se sont plaints vertement de la grève du 23 septembre qui a empêché certains de gagner Biarritz pour les journées parlementaires de la majorité en avion. En oubliant qu’ils pouvaient prendre le train...

samedi 4 septembre 2010

Boutons toutes les religions en dehors de l'espace public

Samedi 4 septembre

Ce papier diffusé par Médiapart il y a deux jours à déclenché une tempête, les approbations l'emportant heureusement sur les accusations "d'intégrisme" laïc.

Mettons donc joyeusement et sereinement les pieds dans le plat : que l’on m’épargne, que l’on nous épargne l’étalage et la promotion commerciale des superstitions qui débouchent sur le communautarisme repris au bond du profit par les « restaurants » Quick qui n’ont d’ailleurs des restaurants que le nom. Ni les Juifs, ni les Musulmans, ni les Catholiques, ni les Bouddhistes ne sont fondés à réclamer et à obtenir que dans l’espace public, soit installé le « respect » des préférences alimentaires, des habitudes vestimentaires ou des jours et heures de prières des uns ou des autres. Ce qui aboutirait à ce que les écoles et les administrations ne fonctionnent plus trois ou quatre jours par semaine, que les élèves se croisent les bras au rythme de leurs croyances ou bien qu’ils refusent les sorties ou les stages de terrain universitaires au nom de la crainte de la mixité ou de la fréquentation des autres croyances et habitudes comme je l’ai constaté à l’université.
Ces habitudes et choix vestimentaires ou alimentaires relèvent toutes et définitivement de la sphère privée. Là où chacun a le droit de prier le dieu de son choix et de manger ce qu’il veut. Les croyances et les rites des uns et des autres relèvent de la quiétude des églises, des mosquées, des temples et de synagogues dans lesquels chacun a le droit de pouvoir prier sous le « regard » du dieu de son choix. Mais la rue et tous les établissements publics doivent échapper à toutes les religions et à leurs manifestations ostensibles, qu’il s’agisse des croyants prosternés dans les rues ou des processions qui baladent les vierges ou le christ dans les rues de Paris ou des villes de province. Je me battrais pour que les uns et les autres puissent construire partout leurs lieux de prières abritant leurs dévotions comme je me battrais pour que ces uns et les autres n’en sortent pas ou n’en sortent plus. Et pour qu’ils gardent pour eux les signes extérieurs de leurs très respectables fois, ce qui va des kippas aux croix en passant par les foulards et autres voiles qui enferment les musulmanes.
A tous les adeptes d’une quelconque religion il faut répéter : croyez et éventuellement multipliez, mais foutez nous la paix, ne nous imposez pas vos interdits et vos ostentations qui n’ont pas grand chose, sinon rien à voir avec la Foi. Faut-il que l’Etat et la République soient en mauvais état pour que l’on doive rappeler à tous que la France est un Etat laïc qui respecte toutes les croyances à condition qu’elles n’empiètent pas sur l’espace public. Ce qui n’est plus le cas ; y compris quand les évêques réclament le mercredi des élèves pour le catéchisme.
Manque de tolérance ? Non, pas vraiment, mais lassitude et colère que des minorités qui fréquentent des lieux de culte m’imposent leurs rites et rêvent de les « externaliser » et de les imposer à l’immense cohorte des laïcs, qu’ils aient ou non une foi. Que les plats casher ou hallal figurent dans des magasins au même titre que le bio, soit, mais qu’ils les colonisent ou les investissent aux dépends du reste, c’est définitivement non. Un non aussi ferme que pour les déguisements vestimentaires dégradants pour les femmes.
Les mêmes qui prônent la tolérance pour tous ces débordements religieux fustigent les Roms parce qu’ils sont « différents ».

ps Toutes reproductions tronquées ou partielles de ce papier seront poursuivies devant les tribunaux

dimanche 15 août 2010

Les jardins des Russes brùlent: leurs provisions d'hiver partent en fumée

Dimanche 15 août,

Il y a les morts, probablement déjà plusieurs centaines contrairement aux informations officielles d’un ministère des Situations d’Urgence qui ne fera jamais le compte des victimes, il y a des centaines de milliers d’hectares en feu ou brûlés, il y a plusieurs centaines d’ouvriers forestiers chinois engloutis parce qu’encerclés dans les flammes de la Sibérie non loin de l’Amour, il y a des dizaines de milliers de maisons réduites en cendres, il y a la fumée qui, comme dans les années 70 et dans les années 80, a envahit lentement le métro de Moscou et d’autres grandes villes... Mais il y a surtout la catastrophe alimentaire qui s’annonce. Non pas celle du blé ou autres céréales à cause de la canicule, non pas celles de l’alimentation des Nouveaux Riches de la capitale, mais celle générées par des dizaines (centaines ?) de milliers de jardins ravagés par le feu. Ces jardins qui, autour de la capitale, dans les campagnes de l’Occident russe comme en Sibérie, permettent à des millions de Russes, notamment les retraités, les paysans, les chômeurs et les fonctionnaires à peine payés, de ne pas mourir de faim pendant l’hiver. La Russie est couverte de ces jardins de subsistance et de nécessité. Les « sadov », qui sous le régime soviétique constituaient un moyen d’améliorer la vie ordinaire pour les plus chanceux, ceux auxquels l’entreprise ou l’administration attribuaient un petit lopin de terre, font désormais partie de la survie d’une partie majoritaire de la population. Un seul exemple : 80 % de la consommation des pommes de terre de l’espace rural russe et des périphéries des villes, sont fournies par ces espaces qui permettent aux Russes de ne pas succomber au désespoir et à la malnutrition. Sont parties en fumée, avec leurs cabanes de bric et de broc, des centaines de milliers d’hectares de framboisiers, de patates, des choux, de tomates et de concombres (malossol, une fois dans la saumure). Et tous ces fruits et légumes qui se consomment l’été mais dont on peut faire des provisions pour mieux passer l’hiver. Avec les baies sauvages et les champignons que la canicule et les incendies auront détruit ou empêché de pousser.
De partout, y compris d’amis scientifiques survivant avec leurs jardins dans ce qui reste d’Akademgorodok, la cité des scientifiques installée en Sibérie, me parviennent des appels désespérés m’informant de cette situation catastrophique qui pèsera sur le prochain hiver. Un ami d’Irkoutsk m’expliquait hier que toute sa provision de poissons séchés pour l’hiver (des omouls pêchés illégalement dans le Baïkal) venait d’y passer avec son champ de tomates. La mauvaise saison sera longue, qu’elle soit rude ou non. Il y aura la situation alimentaire du pays, l’impossibilité de nourrir les animaux dans un pays qui ne sait plus cultiver et où les friches s’accroissent chaque année, mais il y aura aussi la famine ordinaire de ceux qui n’ont que quelques centaines de mètres carrés pour faire face à la crise et à la pauvreté qui dure depuis bientôt 20 ans, tandis que la classe urbaine des « de plus en plus riche » oublie le peuple qui s’appauvrit. Au point que, malnutrition, santé publique en ruine et vodkas conjuguées, la Russie est la seule nation industrialisée du monde dont la population diminue régulièrement. Au point que les scénarios pessimistes des Nations Unies annoncent 120 à 130 millions de Russes pour les années 50 alors qu’ils étaient 149 millions en 1991. Déjà à peine 140 millions. Un pays qui vend ses richesses brutes sans en faire profiter la population et sans équiper le pays et où les naissances ne compensent plus les décès depuis des années.
Pour comprendre aussi la violence des incendies qui dévore une bonne part de ce pays de 17 millions de kilomètres carrés dans lequel la circulation des denrées est au point mort depuis des années, il faut mesurer la vétusté des équipements de la lutte contre les incendies avec des camions dont les plus récents datent de l’époque soviétique, conduits par des pompiers mal payés ou ne touchant qu’occasionnellement leurs salaires. Des pompiers qui, comme les soldats aussi peu équipés et aussi peu motivés, ne peuvent rien contre la façon dont se propagent les incendies dans les forêts russes : le feu prend dans la tourbe sèche, se propage rapidement sous terre et ressort brusquement jusqu’à plusieurs kilomètres plus loin, embrasant d’autres arbres, encerclant les hommes et les villages. Certains feux de tourbe passent même sous le lit des cours d’eau, sous les villes ou sous les villages en surgissant entre les maisons, dans les jardins et même sous une école prés de Voronej et sous une usine dans les environs d’Irkoutsk.
Quand les deux de forêts et de steppes se seront apaisés d’eux-mêmes et non pas grâce aux secours impuissants, restera une forme particulière de famine que l’on pourrait croire réservée aux pays du sud. En réduisant en cendres leurs jardins, les incendies de la Russie condamnent les plus pauvres des habitants de ce pays à un terrible hiver que leur Etat corrompu n’aura ni l’envie ni les moyens d’adoucir, quelles que soient les imprécations du Tsar Poutine.

dimanche 8 août 2010

Les fromages et produits laitiers que les producteurs de lait demandent aux consommateurs de boycotter

Dimanche 8 août

Les producteurs de lait partent en guerre contre les grands groupes de produits lactés qui refusent de payer leurs laits à des prix rémunérateurs. Pour plusieurs raisons : parce qu’une partie de leur production est préparée, y compris ce qu’ils appellent des « fromages de traditions » (sic) avec des poudres de lait venues du monde entier ; et ensuite parce que ces multinationales veulent une concentration du secteur pour rentabiliser les collectes de lait et aussi, dans un deuxiéme temps, pour pouvoir créer des fermes intégrés dont les paysans (comme pour le veau, les poulets et les porcs hors sol) ne seront plus que des ouvriers sous-payés. Ces producteurs de lait ont lancé une opération de boycott des produits des trois grands groupes qui refusent toute négociation vers un prix plus rénumérateur. Ils sont soutenus par la FNSEA : un paradoxe car c’est ce syndicat agricole dominant depuis la seconde guerre mondiale qui a favorisé l’émergence des ces groupes fromagers. Pour faciliter cette opération de boycott, voici les principales marques et les principaux produits, tous de fabrication industrielle, des trois groupes (plusieurs dizaines de milliers de salariés dans le monde) qui écrasent le marché avec leur puissance et leur communication et avec la complicité de la grande distribution. A ne pas acheter, donc.

Groupe Bongrain

Elle et Vire
Gérard Sélection
Géramont
Vieux pané
Saint Moret
Tartare
Paturain
Apetito
Alouette
Coeur de lait
Coeur de Lion
Saint Agur
Folépi
Saint-Albret
Boursault
P’tit Louis
Chaumes
Le Brébiou
Le Rustique
Riches Monts

Groupe Lactalis

Président
Le Roitelet
Boule d’Or
Le Petit
Rouy
Bridel
Rondelé
Bridélice
Matin Léger
La Laitière
Chaussée aux Moines
Lou Perac
Istara
Salakis
Celia
Lanquetot
Roquefort Société
Santa Lucia
Beulet

Groupe BEL

La Vache qui rit
Apéricube
Bonbel
Boursin
Cantadou
Kiri
Port Salut
Samos
Gervais
Cousteron
Sylphide

Une bonne occasion, ce boycott, (même si j'en ai probablement oublié quelques uns)pour se souvenir qu’il existe encore (en dehors des fromages télé affublés de vieux paysans ou de faux moines) quelques fromages et beurre régionaux élaborés dans des conditions artisanales et non pas dans le religion du "goût suivi" dont la première conséquence est de faire disparaitre la notion de goût en standardisant toute notre alimentation.

mercredi 28 juillet 2010

Installations d'un centre d'expérimentation OGM de Monsanto à Autry dans le Loiret



Mercredi 28 juillet

Lentement mais sûrement, souvent par l’intermédiaire de dirigeants ou de sociétés qui servent de poissons-pilotes, Monsanto quadrille le territoire français pour développer ses activités actuellement interdites. De façon à être présent partout pour le cas où le lobby des OGM réussissent à arracher quelques autorisations. A forces d’essais sous serre ou d’essais clandestins en plein champ. Ce qui se passe dans un lieu-dit (Bruyères de l’Etang) d’une petite commune du Loiret, Autry-le-Chatel, est révélateur des méthodes et manoeuvres en cours dans de nombreux départements.
Quoi de plus innocent, sur l’emplacement d’une pépinière, que l’installation au bord d’un étang, il y a une bonne dizaine d’années, d’une société dénommé « Loiret Semence ». Ca fait local. Que le propriétaire, se trouve être un Néerlandais, n’est pas extraordinaire puisqu’aprés tout nous sommes en Europe. Evidemment que le Hollandais en question soit aussi le gestionnaire de la société Ruiter Seeds spécialisée dans les semences de légumes hybrides, pourrait éveiller l’attention. Mais, bon, pas de quoi inquiéter les élus et la presse locale et régionale...
D’autant plus que dans la région se pose la question des emplois que le nouveau propriétaire en promet à la pelle. Car évidemment, le lecteur aura deviné : par fusion dont les détails ont été déposés le 16 juillet dernier au greffe du tribunal d’Orléans et de Lyon, le nouveau propriétaire des lieux se trouve être Monsanto. Ce n’est pas une prise de participation, juste une absorption. On ne garde la pancarte « Loiret Semence » que pour rassurer le gogo. Car, les lieux ont changé en quelques mois : à la place des banales serres anciennes, prés de deux hectares de serres de six à huit mètres de hauteur et climatisées en permanence à 20 degrés. Trois millions et demi d’euros de travaux réalisés, tant pis pour les emplois promis, par des entreprises venues des Pays Bas. Sans compter les clôtures nouvelles renforcées et les remblais de protection. A droite de l’emplacement Monsanto, des bulldozers complètent l’installation et des ouvriers installent depuis quelques jours une clôture autour des champs rachetés le long de l’implantation.
Autrement dit, d’ici à la prochaine saison, de quoi installer discrètement, à l’écart de toute habitation et des regards curieux, des essais à l’air libre de légumes OGM : essentiellement des tomates, des poivrons, des concombres et des cucurbitacés. A l’abri derrière des grilles et un no man’s land. Lequel sera évidemment surveillé en permanence par des caméras de vidéo surveillance qui ne sont pas encore installées, ce qui permet des visites discrètes. Car les nouveaux responsables le disent clairement, explique un cadre un peu embêté, « notre projet est de fournir à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique Latine de nouvelles variétés résistantes à des maladies et à des parasites pour des légumes de consommation courante. Mais pour ce rachat, on ne nous a guère demandé notre avis. On sentait cela arriver depuis longtemps ». Il ne s’agira plus d’hybrides mais essentiellement de graines et greffons OGM. Mais le problème, c’est qu’il faudra vérifier la résistance de ces « monstres » en plein champ, pour que les clients ne viennent pas râler, d’où les champs...
Au début de l’année, la même manipulation d’entreprise s’est produite à Saint Andiol dans les Bouches du Rhône.

vendredi 16 juillet 2010

Quand les grandes surfaces escroquent des clients hélas consentants: un exemple chiffré à Gien, Loiret

vendredi 16 juillet

Soit une petite ville du Loiret, Gien, un peu plus de 15 000 habitants. Avec une population bourgeoise et conservatrice, une poignée de gauchistes, un cinéma, une caserne déserte, des communistes qui sont contre les éoliennes, des immigrés, des mini-usines qui licencient les unes après les autres, deux libraires, une gare qui va bientôt fermer et un maire à l’encéphalogramme plat qui a pourtant inventé l’arrêté municipal contre le vagabondage nocturne des jeunes. Une cité ordinaire, donc, et dont le centre est en train de mourir parce que la ville est cernée par les grandes surfaces.
Le décor étant planté, venons en aux faits qui interpellent.
Le samedi matin, Place de la Victoire, se tient un marché. Une partie fringues et bimbeloteries venues de Chine qui s’agrandit progressivement et inexorablement, mais aussi des producteurs et des marchands locaux qui proposent des fruits, des légumes, de la volaille, des fromages ou de la viande, voire du poisson. Le marché se tient à 150 mètres d’un hypermarché Auchan. L’un de ces temples où, parait-il, la vie est moins chère. Il était donc tentant de vérifier et de comparer les prix des artisans de la nourriture et des maraîchers locaux et ceux des bons apôtres de la grande distribution.
Le résultat est sans appel : ce samedi là, comme d’habitude mais sans les vérifications systématiques faites le 10 juillet, Auchan vend ses cerises à 4,6 euros le kilo, le marché à 3,50, les groseilles d’Auchan sont à 21 euros, celles du marché à 12, les concombres industriels à 2,4 contre 2 chez les maraîchers cultivant à quelques kilomètres. Les tomates grappe bio et venant d’Espagne sont affichées à 4,6 euros chez Auchan alors qu’elles se vendent affichées « non traités » à 2,5 chez les producteurs du Giennois. Lesquels vendent leurs bottes de radis à 1,8 euros contre 1 euros chez Auchan : mais, surprise, la botte de chez Auchan, pesée, affiche un déficit de 140 grammes. Les pommes de terre bio importées d’Israël sont à 2 euros chez Auchan contre 0,6 au marché affichées « sans traitement » et les patates primeurs varient du simple au double entre la grande surface et les producteurs. Les pommes « rouges » (sic) d’Auchan en provenance de Nouvelle Zélande valent 3,5 euros contre 1 euro au marché. Pour les Golden, 2, 8 euros de moins sur le marché que dans la grande surface. J’allais oublier : la tomate coeur de boeuf proposée à 4,7 euros contre 2,7 chez un producteur.
Côté viande, la situation n’est pas meilleure : le poulet (dit fermier) est légèrement plus cher à Auchan, le magret de canard sous vide à 3 euros de plus que celui qui vient d’une ferme toute proche, la pintade est au même prix et le magret de canard séché et fumé (sous blister et non identifié) passe de 56, 25 le kilo à 24 chez un producteur local.
La liste peut s’allonger presque indéfiniment : même les fraises sont moins chères au marché. Sur les 41 prix relevés, deux sont légèrement inférieurs dans la grande surface, deux sont au même niveau, même pour la plupart des poissons. J’allais oublié la salade : entre 0,7 et 0,8 au marché et entre 0,9 et 1,2 chez Auchan. Petit exercice aux résultats semblable dans les autres grandes surfaces éloignées du marché.
Reste donc la question a mille euros : en ce jour de marché, alors que la distance entre les deux espaces de vente est négligeable, alors qu’ils sont accessibles également aux voitures par le même parking, alors que la fraîcheur des fruits et légumes est largement supérieure sur la marché, alors que rien n’est proposé dans d’incroyables emballages chez les producteurs, alors que le contact avec ces vendeurs-producteurs-fermiers est agréable, alors qu’aucun ne rechigne à bavarder, à donner une recette ou un temps de cuisson, pourquoi une partie des consommateurs, ce jour-là, s’obstine à acheter des produits incertains et venus de loin ou de très loin ?
Je n’ai pas de réponse définitive à cette question mais je suis bien obligé de constater que l’escroquerie des grandes surfaces est entretenue par le manque d’imagination (au minimum...) de la clientèle. Nous avons donc la grande distribution que nous méritons, grande distribution qui fait sa publicité, en plus, sur un misérable carré de fruits et de légumes bios tous présentés sous plastique.
Faut-il supposer ou supputer que la communication et la publicité envahissantes et complaisamment véhiculées et appuyées par la presse régionale réussit à anesthésier les consommateurs et que la tendance est difficilement réversible tandis que le nombre des producteurs locaux, à Gien comme ailleurs, décroît inexorablement...

samedi 10 juillet 2010

Energies renouvelables: les niches fiscales ne font pas une prise de conscience

SAMEDI 10 JUILLET

Tout à sa frénésie de trouver de l’argent pour compenser les 30 millions versés en 2008 à Liliane Betancourt (combien en 2009, au fait ?) et les méfaits du bouclier fiscal, le gouvernement met en scène l’un des « éléments de langage » inventé par les communicants de l’Elysée et il « rabote » ce qu’il appelle les niches fiscales. Ce qui, au passage, et c’est l’objectif politique, permet de mettre dans le même grand sac fiscal, l’aide au logement pour les étudiants, l’aide aux handicapés, les minimum sociaux, le financement des associations de bénévoles, le cadeau de 3 milliards aux restaurateurs, l’exonération pour les heures supplémentaires, les investissements dans les départements et territoires d’outre-mer, les investissements dans la construction de l’immobilier de loisir, les travaux pour l’isolement des logements anciens ou récents, l’aide à la production d’éthanol, l’investissement pour la recherche, les exonérations de charges pour les entreprises qui s’obstinent à payer leur salariés aux SMIC (6,95 euros net...) ou le recours aux énergies renouvelables. En tout 468 possibilités de réduction, de crédits, d’exemption ou d’annulations d’impôts.
Dans le cadre de ma série de remarques considérées par un certain nombre de lecteurs comme ce qu’ils appellent mon « virage à droite » et mon enrôlement dans la propagande gouvernementale, que l’on me permette encore quelques observations qui risquent d’aggraver mon cas.
Autant l’aide à l’isolement des logements me parait justifier les 5,15 milliards d’euros qui y ont été consacrés en 2009 parce que cette mesure concerne tout le monde, à commencer par les propriétaires et les locataires les plus modestes auxquels il permet d’espérer la réduction de leur facture de chauffage hélas souvent électrique pour diminuer la facture des entrepreneurs, autant la participation de l’Etat à l’installation de panneaux solaires (voltaïques ou thermiques, environ 800 millions d’euros) me parait poser problème ou mériter réflexions.
En effet, en liant la démarche « écologique » à un seul intérêt financier pour des gens qui ont les moyens d’investir dans des installations solaires, le pouvoir occulte la nécessaire prise de conscience qui doit ou devrait conduire tous ceux qui le peuvent (et en ont les moyens) à opter pour une énergie au moins en partie plus écologique. La question du passage progressif aux installations solaires pour réchauffer l’eau et aux panneaux produisant de l’électricité, ne devrait pas être guidée par la seule opportunité financière mais par un choix de société, par une volonté de participer à l’anticipation de la fin du pétrole et à la lutte contre le réchauffement climatique. Cela me fait penser à la prime à la casse qui a « payé » des citoyens pour qu’ils jettent leur bagnole et achètent une voiture neuve, ce qui me parait réduire à bien peu de chose le gain écologique. Je pense aussi au bonus qui facilité l’achat de petites voitures qui sont à 90 % fabriquées, après transport vers les usines d’une partie des pièces détachées, à 1000 ou 2000 kilomètres du territoire français où elles sont vendues ; où est alors l’économie de gaz à effet de serre puisque ces milliers de véhicules reviennent en France à bord de camions ? Ceci étant évidemment à rapprocher de la remise à beaucoup plus tard la taxe qui devait frapper le transport routier....
Je livre cette réflexion à vos commentaires ou à vos critiques.

jeudi 1 juillet 2010

Le député UMP Marc Le Fur se conduit comme un porc avec la Bretagne

jeudi 1er juillet

Marc Le Fur, parlementaire des Côtes d’Armor, diplômé de Sciences Pô, de l’ENA et de l’UMP vient d’avoir une idée géniale. Au moment où, grâce à la chaleur, aux engrais et au lisier de porc, les algues vertes envahissent déjà les côtes de son département en particulier et de la Bretagne en général, il vient de compléter la loi de modernisation agricole » en cours de discussion à l’assemblée nationale, un amendement qui prévoit de faire passer de 450 à 2000, le nombre de porcs qui pourront être élevés sans que l’installation (le mot ferme parait usurpé...) ait besoin ni d’une enquête publique ni d’une étude d’impact. C’est ce que l’on appelle « rendre service » à ses électeurs industriels de la cochonnaille (basque ou savoyarde, par exemple, puisque non seulement le cochon pollue mais en plus il voyage discrétement) et à ses amis du syndicat agricole dominant. Et cochon qui s’en dédit, Le Fur se répand dans la presse nationale (qui s’en fout) et dans la presse régionale qui compte déjà les emplois par porc en oubliant la fable La Laitière et le pot au lait et sa morale qui guette la Bretagne si elle continue à s’empoisonner malgré les efforts méritoires de l’association « Eaux et Rivières » : « adieu, veaux, vaches cochons... »
Non seulement cet amendement est contraire aux très vagues préconisations du Grenelle de l’environnement, non seulement cet codicille à une loi inutile (faut-il vraiment encore « moderniser » l’agriculture ?) va obliger des dizaines de communes à dépenser quelques centaines de millions d’euros pour ramasser les algues vertes à la pelle (mécanique), non seulement cet amendement entraînera une augmentation de la pollution agricole qui met en danger les eaux et leurs pêches côtières, mais il s’agit d’un encouragement officiel et non déguisé à poursuivre la destruction de l’environnement breton par l’agriculture intensive et polluante. De quoi payer des millions d’euros d’amendes à une Europe qui se lasse de lâcher des subventions qui se transforment subrepticement en cochons.
Résultat probable : alors qu’il y a déjà prés de 6 millions de porcs dans le département des Côtes d’Armor, soit une dizaine de cochons par habitant, ce chiffre va encore augmenter. Non pas au profit des petits agriculteurs mais à celui d’une agro-industrie qui prend de plus en plus cette région française pour une porcherie. Quant aux touristes, ils finiront pas se dire qu’on ne les prend que pour des cochons de payants...
Mais, comme la Voix de son Maître est pressante, partout, des parlementaires sont en train de parsemer la loi (on appelle cela des cavaliers) qui vont réduire à néant les promesses (déjà mal tenues) de réduction des pesticides, des herbicides, des fongicides et des engrais chimiques. Il faut bien que les amis de la grande industrie agrochimique, ceux qui donnent régulièrement, officiellement et officieusement, à l’UMP pour pouvoir « toucher la main » du président soient récompensés autrement qu’en bonnes paroles.

mercredi 16 juin 2010

marée noire Lousianne: BP nettoie plus son image que la mer

Mercredi 16 juin

Retour aprés une absence due à une surcharge de travail mais vous pouvez aussi me retrouver sur le blog des rédacteurs de Politis.fr


BP plus soucieuse de nettoyer son image que la mer

Trois jours après l’explosion, l’énorme machine à communiquer de BP s’est mise en route. Pas de réunion d’un club de loisirs, d’une association locale de pêcheurs, de résidants, d’écologistes, de scientifiques locaux, de volontaires de nettoyage sans que se pointe par miracle au moins un représentant de la société pétrolière. Avec des arguments, des paroles rassurantes ou des promesses. Avec en prime, tout ce qu’il faut pour « améliorer l’ordinaire » des réunions et des associations. Besoin de matériel, d’un réfrigérateur, d’un ventilateur, de chaises, d’eau minérale, d’une boisson gazeuse, d’un ordinateur, d’un vidéo projecteur ou d’un tableau ? Pas de problème, le représentant de BP passe un coup de fil et le matériel débarque par miracle. Ritournelle de ces envoyés très spéciaux auprès de la population qui s’inquiète : « nous avons tous un problème, nous allons le résoudre ensemble ». Les séances de formation des « nettoyeurs de plage » sont organisées par des instructeurs puisés chez BP. Si les protecteurs de la nature se réunissent pour évoquer les dégâts sur les animaux, qu’il s’agisse des tortues ou des oiseaux, un « naturaliste » payé par la société se pointe à la réunion. Pour relativiser intelligemment les inquiétudes. Un journaliste spécialisé de la Nouvelle Orléans fait les comptes : depuis le début plus de 3000 salariés de BP parcourent la région. Pas une mairie ni une administration n’échappent à cette « marée humaine ». Partout les salariés du pétrolier distribuent des argumentaires simplifiés vantant leurs efforts et minimisant les dégâts. Avant chaque tentative de juguler la fuite, ils mettent en scène la réussite imminente. Au niveau local et national, y compris auprès de la Maison Blanche qui ne demande qu’à être rassurée, ils organisent un spectacle permanent qui détourne l’attention de la pollution au profit de leurs efforts.
Objectif des communicants dirigés par Irvin Lipp : persuader que BP fait tout ce qu’elle peut, qu’elle est décidément poursuivie par la malchance. En entretenant un véritable suspens non pas sur la pollution mais sur ses efforts « désespérés ». Les communicants alimentent les projets les plus fous : par exemple celui d’une gigantesque île artificielle qui serait construite le long des côtes pour empêcher le pétrole de les atteindre ; idée aussi irréaliste que saugrenue reprise sans vérification par l’administration américaine. L’essentiel : mettre en scène l’activisme de la société : au point de persuader les responsables de l’administration de la Maison Blanche qui ne demande, comme la majeure partie des Louisianais, qu’à croire au miracle. BP accumule dans les médias et chez les politiques les « preuves » de sa bonne volonté...tout en faisant analyser les prélèvements d’eau polluée par un laboratoire qui travaille régulièrement pour l’industrie pétrolière et notamment pour...BP.
L’équipe d’Obama, pour laquelle la communication a toujours été une seconde nature, a d’autant plus été battue par ces champions de la communication qu’elle n’a jamais vraiment compris à quel point les hommes de BP étaient proches de la Maison Blanche. Mais les uns et les autres sont, comme souvent en cas de marée noire, peut-être sur le point d’être déstabilisés par une image : celle du pélican engluée de pétrole qui hante désormais tous les médias...

lundi 19 avril 2010

Ce volcan islandais qui nous offre une vision futuriste de la mondialisation mise à terre

La paralysie du trafic aérien sur une partie de l’Europe et de la planète pour cause de nuage de cendres islandais, nous offre une merveilleuse occasion d’imaginer ce qui nous attend, d’imaginer l’avenir sur le point d’être fracassé de la mondialisation qui veut tout transporter d’un bout à l’autre de la planète. Quand il n’y aura pratiquement plus de pétrole ou quand il sera devenu si cher qu’il ne représentera plus qu’un luxe réservé à quelques hommes d’affaires et aux chefs d’Etat et de gouvernement.
Il suffit de réfléchir quelques instants pour mesurer, grâce à un volcan, les folies du transport aérien. Et je ne parle pas des quelques imbéciles déclarant il y a quelques jours devant une caméra de télévision qu’ils étaient heureux d’avoir pu voler de Nantes à Paris. En avion ! Pour 400 kilomètres qui peuvent se parcourir en TGV !
Chaque jour une vingtaine de millions de roses débarquent aux Pays-Bas, avec quelques millions d’autres fleurs, en provenance du Kenya, d’Ethiopie, d’Equateur ou du Brésil. Chaque jour des raisins arrivent en France depuis l’Afrique du sud. En France et dans la plupart des pays européens. Chaque jour des haricots verts nous parviennent du Sénégal, du Kenya. En compagnie de petits pois écossés et préemballés. Sans oublier les tomates cerises d’Israël ou les tomates de Chine. Fruits et légumes exotiques, fruits et légumes de contre-saison prennent l’avion et les consommateurs et la planète payent le billet. Que chacun jette un coup d’oeil dans les magasins –même les magasin bio parfois, hélas- pour compter le nombre de ces produits qui ne nous atteignent que par la voie des airs.
Chaque jour, parce que la grande distribution travaille en flux tendu avec les pays qui nous fournissent des produits cultivés ou fabriqués au loin et au moindre coût, des milliers de tonnes de fret qui ne peut pas attendre investissent nos marchés ; sans que tous ces importateurs soient le monde effleurés par la gaspillage énergétique et par l’émission des gaz à effet de serre. Mais il est vrai que, d’ordre du Prince, ce n’est plus une priorité.
Et nos medias s’interrogent gravement sur les vacances, sur les files d’attente dans les aéroports, sur les vacances gâchées et sur les formalités de remboursements. Sans préciser qu’un jour probablement proche nous devrons, faute de kérosène, renoncer à ces déplacements, courts ou longs qui plombent l’avenir de la planète.
Priver une partie ou la totalité du monde n’est pas un scandale de vacances, juste une préfiguration de ce qui nous attend si nous ne réfléchissons pas à la nature de nos échanges mondialisés. Et avoir empêché les Grands du monde entier de rendre hommage au crypto-fasciste chef d’Etat polonais enterré à Cracovie est à mettre au crédit de ce volcan qui fait irruption dans les folies d’un monde qui s’obstine à tout transporter à toute vitesse sans jamais se demander pourquoi et aux dépends de qui.

mardi 23 mars 2010

la taxe carbone et le Grenelle de l'environnement carbonisés pour faire plaisir au Medef

MARDI 23 MARS

La taxe carbone retoquée aujourd’hui par un Premier ministre qui a été sensible aux pressions des industriels et de sa majorité conservatrice montre à quel points les écolos de toutes obédiences avaient raison de s’obstiner sur la nécessité de mettre en place, pour tous et d’abord pour les industriels et la grande distribution, une incitation à préférer les produits de faibles impacts énergétiques, les produits économisant les ressources en voie d’épuisement. Les socialistes vert très pâle et l’extrême gauche qui ont en commun d’avoir appris le vocabulaire de l’écologie sans en comprendre la portée et la signification profonde, vont très certainement se réjouir plus ou moins discrètement en nous rejouant le refrain de l’injustice sociale. Ce qui tendrait à prouver qu’ils n’ont rien compris à l’avenir de la planète et que leurs vernis vert s’écaille très facilement ou bien est soluble dans la démagogie. Comme si, à terme, les conséquences des modifications climatiques n’allaient pas d’abord toucher les plus démunis et les habitants des pays du Sud.
J’entends déjà les clameurs des contradicteurs qui vont accumuler leurs considérations irresponsables sur les exilés de banlieue, sur les oubliés du monde rural, sur les agriculteurs et sur les locataires pénalisés. J’entends déjà les explications fumeuses de ceux qui voudraient que le monde change sans que nous ne modifiions tous peu à peu nos habitudes. J’entends déjà et m’apprête à lire que déplorer la disparition de la contribution carbone revient à justifier et à conforter l’injustice sociale, à pénaliser les plus démunis. Alors que sa suppression annoncée n’est rien d’autre qu’un petit arrangement entre amis, une concession au libéralisme.
Je le répète une nouvelle fois : la taxe carbone est nécessaire non pas en tant que taxe mais en tant qu’incitation. Elle doit être appliquée à tous pour être incitative. Il ne s’agit pas de « faire payer » comme l’expliquent les néo-populistes de tous bords mais de guider un choix d’achat. Et il s’agit, il devrait s’agir, aussi d’exiger des industriels et de la grande distribution qu’il choisissent entre deux types de production : celles qui obèrent l’avenir de la planètes et celles qui lui laissent une chance de limiter l’augmentation moyenne des températures à deux degrés ; taxe à la production qui ne doit pas, la loi peut ou pouvait inventer cette obligation, être répercutée sur les acheteurs.
Pourquoi le Premier Ministre, réglant ainsi leur compte aux mensonges écolos du président qui a déjà absout les agriculteurs du recours renforcé aux pesticides, a-t-il tordu le cou à l’incitation carbone ? Qui croira que c’est pour « épargner le consommateur » sera d’une confondante naïveté : il s’agit seulement, après les observations du Conseil constitutionnel, d’épargner toute taxation aux entreprises et à EDF –et à quelques autres- dans sa production d’électricité. Il fallait une ouverture à droite en matière d’écologie, c’est fait, les arguments du lobby politico-économique ont pesé plus lourd que les Verts et les contempteurs de gauche de la taxe vont devoir se tortiller dans tous les sens pour ne pas applaudir trop bruyamment à l’annulation d’une idée dont ils ne comprennent ni le sens ni la portée.
Les industriels peuvent désormais polluer en paix, ils ont à nouveau la bénédiction de la droite la plus dure et la plus extrême. Quant à Jean-Louis Borloo il va manger avec appétit son (au moins) dixième chapeau pour avoir le plaisir de rester ministre de l’écologie. De l’écologie ? Vraiment ? S'il éprouve une indigestion, il peut encore démissionner. Sinon il fait la preuve que pour lui, l'écologie n'est qu'un tremplin...

lundi 15 mars 2010

Ferrat est mort, je suis triste, inconsolable, et n'oublie pas qu'il a écrit La Montagne avant les écologistes

Lundi 15 mars

Il faut se souvenir que Jean Ferrat a écrit "La Montagne" en 1964, peu de temps après son arrivée dans les Cévennes qu'il ne quittera jamais

En ces temps d’élections, je me souviens que la dernière fois que je l’ai vu à Entraigues, dans le beau jardin entretenu par sa compagne, Jean Ferrat m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi, dans son petit village où il était le seul « étranger » lui le natif de Vaucresson dans la région parisienne, tant de gens votaient pour le Front National ;

Relisez, relisons ces paroles prophétiques et lucides


Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Merci, Jean

mercredi 3 mars 2010

L'argentine saisie par la corruption au plus haut niveau et par le retour de la crise


Février 2010

Saisie par la crise, les habitants de Buenos Aires inventent des "petits métiers" comme promeneur de chiens dans les beaux quartiers (photos cmv)

REPORTAGE

Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.
L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.

L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Retour des manifestations
Le seul journal qui s'oppose un peu au pouvoir, Perfil, a d'ailleurs publié au début du mois de février une liste bancaire de cent personnes ou sociétés ayant joué le dollar ou l'euro contre le peso en 2008 et 2009. La liste a d'autant moins provoqué d'émotion dans les cercles politiques que, parmi les plus gros acheteurs figurent non seulement des entreprises agricoles et des sociétés ayant pignon sur rue, mais également le syndicat des camionneurs qui s'est rendu acquéreur de 6 millions de dollars à la fin de 2008.
La Coalition civique qui mène cahin-caha l'opposition au Sénat et à la Chambre des députés a demandé à la justice du pays de se prononcer sur les achats présidentiels en dollar, tant du point de vue de leur légalité que du point de vue de l'éthique politique. Initiative qui a notamment eu pour conséquence de relancer l'agitation sociale. Avec des manifestations organisées à travers tout le pays par les piqueteros, les chômeurs accusés d'être manipulés par le pouvoir présidentiel grâce à l'attribution de bons d'achats et de subventions plus ou moins discrètes aux fameuses coopératives qui ont souvent pris le relais des entreprises défaillantes à la suite de la crise du début des années 2000, crise dont tout le monde redoute ici le retour. A Buenos Aires, comme dans les provinces du Nord du pays qui tentent de se libérer des pressions économiques et politiques d'une capitale qui concentre 12 des 40 millions d'habitants du pays et une dizaine de milliers de sans domicile fixe dans le centre-ville.

Pas de chance pour le couple au pouvoir, les Argentins n'étant que bien peu nationalistes, la polémique sur les Malouines (Falkland), où les Britanniques ont commencé à chercher du pétrole en provoquant l'ire officielle, n'a pas guère gommé les difficultés économiques et le malaise social.