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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 23 mars 2010

la taxe carbone et le Grenelle de l'environnement carbonisés pour faire plaisir au Medef

MARDI 23 MARS

La taxe carbone retoquée aujourd’hui par un Premier ministre qui a été sensible aux pressions des industriels et de sa majorité conservatrice montre à quel points les écolos de toutes obédiences avaient raison de s’obstiner sur la nécessité de mettre en place, pour tous et d’abord pour les industriels et la grande distribution, une incitation à préférer les produits de faibles impacts énergétiques, les produits économisant les ressources en voie d’épuisement. Les socialistes vert très pâle et l’extrême gauche qui ont en commun d’avoir appris le vocabulaire de l’écologie sans en comprendre la portée et la signification profonde, vont très certainement se réjouir plus ou moins discrètement en nous rejouant le refrain de l’injustice sociale. Ce qui tendrait à prouver qu’ils n’ont rien compris à l’avenir de la planète et que leurs vernis vert s’écaille très facilement ou bien est soluble dans la démagogie. Comme si, à terme, les conséquences des modifications climatiques n’allaient pas d’abord toucher les plus démunis et les habitants des pays du Sud.
J’entends déjà les clameurs des contradicteurs qui vont accumuler leurs considérations irresponsables sur les exilés de banlieue, sur les oubliés du monde rural, sur les agriculteurs et sur les locataires pénalisés. J’entends déjà les explications fumeuses de ceux qui voudraient que le monde change sans que nous ne modifiions tous peu à peu nos habitudes. J’entends déjà et m’apprête à lire que déplorer la disparition de la contribution carbone revient à justifier et à conforter l’injustice sociale, à pénaliser les plus démunis. Alors que sa suppression annoncée n’est rien d’autre qu’un petit arrangement entre amis, une concession au libéralisme.
Je le répète une nouvelle fois : la taxe carbone est nécessaire non pas en tant que taxe mais en tant qu’incitation. Elle doit être appliquée à tous pour être incitative. Il ne s’agit pas de « faire payer » comme l’expliquent les néo-populistes de tous bords mais de guider un choix d’achat. Et il s’agit, il devrait s’agir, aussi d’exiger des industriels et de la grande distribution qu’il choisissent entre deux types de production : celles qui obèrent l’avenir de la planètes et celles qui lui laissent une chance de limiter l’augmentation moyenne des températures à deux degrés ; taxe à la production qui ne doit pas, la loi peut ou pouvait inventer cette obligation, être répercutée sur les acheteurs.
Pourquoi le Premier Ministre, réglant ainsi leur compte aux mensonges écolos du président qui a déjà absout les agriculteurs du recours renforcé aux pesticides, a-t-il tordu le cou à l’incitation carbone ? Qui croira que c’est pour « épargner le consommateur » sera d’une confondante naïveté : il s’agit seulement, après les observations du Conseil constitutionnel, d’épargner toute taxation aux entreprises et à EDF –et à quelques autres- dans sa production d’électricité. Il fallait une ouverture à droite en matière d’écologie, c’est fait, les arguments du lobby politico-économique ont pesé plus lourd que les Verts et les contempteurs de gauche de la taxe vont devoir se tortiller dans tous les sens pour ne pas applaudir trop bruyamment à l’annulation d’une idée dont ils ne comprennent ni le sens ni la portée.
Les industriels peuvent désormais polluer en paix, ils ont à nouveau la bénédiction de la droite la plus dure et la plus extrême. Quant à Jean-Louis Borloo il va manger avec appétit son (au moins) dixième chapeau pour avoir le plaisir de rester ministre de l’écologie. De l’écologie ? Vraiment ? S'il éprouve une indigestion, il peut encore démissionner. Sinon il fait la preuve que pour lui, l'écologie n'est qu'un tremplin...

lundi 15 mars 2010

Ferrat est mort, je suis triste, inconsolable, et n'oublie pas qu'il a écrit La Montagne avant les écologistes

Lundi 15 mars

Il faut se souvenir que Jean Ferrat a écrit "La Montagne" en 1964, peu de temps après son arrivée dans les Cévennes qu'il ne quittera jamais

En ces temps d’élections, je me souviens que la dernière fois que je l’ai vu à Entraigues, dans le beau jardin entretenu par sa compagne, Jean Ferrat m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi, dans son petit village où il était le seul « étranger » lui le natif de Vaucresson dans la région parisienne, tant de gens votaient pour le Front National ;

Relisez, relisons ces paroles prophétiques et lucides


Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Merci, Jean

mercredi 3 mars 2010

L'argentine saisie par la corruption au plus haut niveau et par le retour de la crise


Février 2010

Saisie par la crise, les habitants de Buenos Aires inventent des "petits métiers" comme promeneur de chiens dans les beaux quartiers (photos cmv)

REPORTAGE

Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.
L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.

L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Retour des manifestations
Le seul journal qui s'oppose un peu au pouvoir, Perfil, a d'ailleurs publié au début du mois de février une liste bancaire de cent personnes ou sociétés ayant joué le dollar ou l'euro contre le peso en 2008 et 2009. La liste a d'autant moins provoqué d'émotion dans les cercles politiques que, parmi les plus gros acheteurs figurent non seulement des entreprises agricoles et des sociétés ayant pignon sur rue, mais également le syndicat des camionneurs qui s'est rendu acquéreur de 6 millions de dollars à la fin de 2008.
La Coalition civique qui mène cahin-caha l'opposition au Sénat et à la Chambre des députés a demandé à la justice du pays de se prononcer sur les achats présidentiels en dollar, tant du point de vue de leur légalité que du point de vue de l'éthique politique. Initiative qui a notamment eu pour conséquence de relancer l'agitation sociale. Avec des manifestations organisées à travers tout le pays par les piqueteros, les chômeurs accusés d'être manipulés par le pouvoir présidentiel grâce à l'attribution de bons d'achats et de subventions plus ou moins discrètes aux fameuses coopératives qui ont souvent pris le relais des entreprises défaillantes à la suite de la crise du début des années 2000, crise dont tout le monde redoute ici le retour. A Buenos Aires, comme dans les provinces du Nord du pays qui tentent de se libérer des pressions économiques et politiques d'une capitale qui concentre 12 des 40 millions d'habitants du pays et une dizaine de milliers de sans domicile fixe dans le centre-ville.

Pas de chance pour le couple au pouvoir, les Argentins n'étant que bien peu nationalistes, la polémique sur les Malouines (Falkland), où les Britanniques ont commencé à chercher du pétrole en provoquant l'ire officielle, n'a pas guère gommé les difficultés économiques et le malaise social.

Le ministère de l'écologie aides les industriels à empoisonner les jardins

mercredi 3 mars

Le ministère de l’écologie et autres lieux découverts à marée basse, a entrepris de s’acoquiner avec les industriels des pesticides et des engrais chimiques qui digèrent mal les (faux, mais on ne sait jamais) engagements (réduire de 50 % d’ici 10 ans, si possible, l’usage des pesticides...) du Grenelle de l’Environnement en assurant la préparation et la promotion d’un « Accord-cadre relatif à l’usage des pesticides par les jardiniers amateurs ». Une opération qui ressemble à s’y méprendre à la création il y a une quinzaine d’années de l’organisation FARRE, un groupement d’agriculteurs lancé par la FNSEA (le syndicat agricole dominant) et l’UIPP (Union des Industries pour la Protection des plantes) qui regroupe tous les fabricants de traitements agricoles de synthèse. Il s’agissait de « blanchir » les agriculteurs qui dispersent encore aujourd’hui 85 000 tonnes de produits chimiques dans la nature en inventant « l’agriculture raisonnée », en faisant croire qu’au nom d’un « contrat » qui comporte prés d’une centaine d’engagement que nul ne contrôle, que l’agriculture française faisait des efforts. Il s’agissait et il s’agit toujours de masquer l’usage de ces produits, d’une tentative de réhabiliter l’agro-chimie en créant une confusion dans l’esprit des consommateurs. Les deux organisations, FARRE et l’UIPP, étaient si proches que pendant des années elles ont eu la même adresse à Boulogne-Billancourt prés de Paris. Sans oublier évidemment un généreux financement des industriels à cette entreprise de communication destinée à faire pièce à l’agriculture bio qui, elle, jouit d’un label (AB) rigoureusement contrôlé.
Les mêmes industriels récidivent avec les produits dangereux (pour eux et pour la nature) destinés aux jardiniers amateurs grâce à cet « accord-cadre » qui a été intégralement préparé et rédigée sous l’égide de l’UPJ (Union des entreprises pour la protection des jardins) qui regroupe les mêmes sociétés. Il s’agit non pas d’aller vers une interdiction d’utiliser des produits nocifs mais, comme pour l’agriculture raisonnée, d’annoncer une réduction (non chiffrée) des pesticides, fongicides et engrais de synthèse. Des produits que trop de jardiniers utilisent sans précaution mais dont il faut quand même rappeler qu’ils ne représentent que 6% de l’épandage de cochonneries dans le milieu naturel, essentiellement pour éliminer les herbes dites « mauvaises » et les taches des feuilles de rosiers...Mais il ne faut pas oublier que le chiffre d’affaires des jardineries qui les vendent a dépassé 6 milliards d’euros en 2009.
Dans ces huit pages en cours de préparation on peut notamment lire qu’il s’agit de faire découvrir aux jardiniers amateurs « les organismes nuisibles, leur nuisance et nuisibilité, les bonnes pratiques d’entretien du jardin et sur les seuils d’information adaptées pour déclencher les actions de traitement qui seront mises en oeuvre selon les principes de la protection intégrée ». Ou encore il annonce la mise en place de« conseils des méthodes d’entretien les plus adaptées aux jardiniers amateurs et allant dans le sens d’un usage le plus modéré possible des pesticides chimiques lors de l’action de vente ». Autrement dit, il s’agit de faire croire que ces produits sont utiles, qu’ils ne sont pas dangereux en feignant de préconiser d’en vendre un peu moins : « en cas de nécessité de recours aux pesticides, le choix des pesticides à impact environnemental et sanitaire faible sera systématiquement privilégié en fonction des risques dominants ».
En gros, et c’est dit en toutes lettres dans ce texte il s’agit de promouvoir « l’utilisation raisonnée » et raisonnables des pesticides (la même hypocrisie que pour l’agriculture « raisonnée »). Donc de nier leur nocivité en expliquant qu’il s’agit d’en mettre un peu moins en comptant sur la vogue du jardinage, de loisirs et d’alimentation, pour en vendre plus. Une vaste entreprise de communication sur les produits chimiques qui sera lancée dés que le contrat-cadre entrera en vigueur. Avec des pages de publicité dans les hebdomadaires féminins ou spécialisés dans le jardinage.
Ce texte, qui vise à déculpabiliser ceux des jardiniers (encore trop nombreux) qui dispersent n’importe quoi et à n’importe quel moment de l’année sur leurs arbres, leurs fleurs et leurs légumes. Au risque évident de contribuer à stériliser leurs sols et à éliminer tous les insectes, y compris évidemment les abeilles. Pas étonnant qu’il soit d’ores et déjà accepté par les industriels, les magasins de bricolage et la Fédération des jardineries où l’on vend (à l’exception de la chaîne familiale Botanic), n’importe quoi à n’importe qui et sans le moindre conseil. J’en ai fait, par curiosité journalistique, l’expérience à plusieurs reprises, les vendeurs ou vendeuses à la fois non formés et mal payés, tendant n’importe quel boite ou flacon à qui demande des produits de traitements bio. Il est regrettable que de grandes associations de jardinage amateur ou familial, aient accepté de cautionner un tel accord. Mais il est vrai que, souvent, leurs revues vivent en partie des publicités des industriels de la chimie agricole. Seuls les groupes de jardins partagés ont pour l’instant refusé de se prêter à cette campagne de réhabilitation et de communication