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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 12 décembre 2010

Cancun, les pays du Sud sauvent de justesse la conférence sur le climat

Cancun, Dimanche 12 décembre


Toutes les ambiguïtés possibles et imaginables figurent dans le document adopté dans la nuit de vendredi à samedi à Cancun, qu’il s’agisse de la forêt livrée aux marchands ou bien de l’aide aux pays les plus pauvres qui sera, comme les compensations forestière, livrés à la Banque Mondiale et au « socialiste » qui gouverne le Fonds Monétaire International. Elles permettent à chacun, y compris les Etats Unis et la Chine, de lire cet accord à sa façon. Quant à la Russie, elle aura simplement réussi à se ridiculiser une fois de plus et le Canada et l’Australie se sont distingués, soumis aux mêmes multinationales, par le suivisme des Américains. On retiendra plusieurs choses du nouvel happening qui s’est déroulée au coeur d’une ville qui rassemble dans son univers touristique, tous les maux et les aberrations de la planète gaspilleuse. Difficile d’imaginer, avant d’atterrir dans cette longue zone hôtelière américanisée de 28 kilomètres et 161 hôtels, à quel point le tourisme peut être ravageur e symbole de l’évolution mortelle de la planète : de l’ancienne lagune et de la mangrove de Cancun, il ne reste pratiquement plus rien. Des discussion et du ce texte imposés avec beaucoup d’intelligence par la présidence mexicaine qui redoutait un échec émergent plusieurs certitudes.
D’abord que les pays occidentaux, à commencer par l’Europe et la France, n’ont même pas fait de la figuration intelligente tant les discours de leurs ministres ont été convenus et médiocres. Celui de la ministre de l’Ecologie française, un authentique rapport de gendarmerie de cinq minutes, fut l’un des pires. Ce n’était pas du meilleur Nathalie Kosciusko-Morizet. Il est vrai qu’après avoir accompagné le Président de la République en Inde pour y vendre des centrales nucléaires, il lui était bien difficile d’être crédible à jouer les écolos.
Ensuite que le négociateur français qui quitte son poste, Brice Lalonde, a joué personnellement un rôle important. Qu’il ait eut sur place peu de contact avec sa ministre a cruellement souligné l’absence de la France dans ce qui était encore pour elle un enjeu important il y a un an. Tout simplement, parce que comme de nombreux pays d’Occident, son responsable suprême a jugé que la bataille pour le climat ne rapportait pas assez de voix aux élections.
On retiendra également, ce fut l’analyse de Brice Lalonde en privé, que mettre les 27 pays européens sur une ligne de conduite claire et efficace, se révèle désormais impossible. Illustration de ce qui se passe pour d’autres sujets. L’Europe n’est bien qu’un zone de libre échange sans politique commune. Les nations qui le composent, comme beaucoup d’autres, ont plus ou moins fait une croix sur la bataille contre le réchauffement climatique, se résignant, avec une joie mal dissimulée, dans les couloirs comme dans les interventions publiques, a abandonner le sujet aux soi-disant « business vert », celui qui compte profiter non pas d’une résistance au réchauffement, mais d’un adaptation...Car il ne s’agit plus de freiner le réchauffement mais de s’en accommoder, ce qui sera plus facile au Nord qu’au Sud. Au pris de millions de réfugiés climatiques contre lesquels ce Nord construira des murs de béton et d’informatique...
Par contre, il faut souligner aussi à quel point des pays comme la Bolivie, Haïti ou Panama, par exemple, ont su trouver des mots et des accents de sincérité éloignés des discours convenus. Il y avait dans leurs interventions, toute l’émotion qui manquaient aux pays industrialisés. Celle qui marquait le discours d’Evo Morales, le président bolivien ou encore la prise de position du ministre häitien qui sait, lui, ce que signifient les bouleversements climatiques pour un petit pays ravagé par les ouragans, les inondations, la sécheresse et les maladies.
Ce sont donc les pays du Sud, cette fois –y compris- le Mexique, qui ont permis de sauver ce qui pouvait l’être face à l’égoïsme congénital des nations industrialisées. Si cette volonté persiste à Durban, en Afrique du Sud, l’année prochaine, cette partie du monde aura permis quelques avancées qui pourront peut-être permettre de limiter le réchauffement de la planète à 3° pour la fin du siécle, même si c’est encore trop. Loin des vantardises des pays développés qui osent encore évoquer une élévation de 1,5° auquel les scientifiques, à l’exception de quelques comiques comme Claude Allègre et des Américains, ne croient plus tant la planète perd du temps par égoïsme.
Cette conférence aura aussi illustré la volonté de rejeter, physiquement, policièrement et philosophiquement, la société civile et les Organisations Non Gouvernementales. L’affolement qui a saisi la police des Nations Unies devant la manifestation d’un vingtaine de militants qui avait réussi à se regroupe dans le centre de conférence, en fut une illustration plus que tragique. Comme si les gouvernements et les Nations Unies avaient oublié que c’est la société civile qui les a finalement amené à agir ou à faire semblant d’agir.
Enfin il faut aussi dire que l’absence des chefs d’Etat du G8 aura permis d’avoir au moins un semblant d’accord. Les Sarkozy, les Obama et beaucoup d’autres n’ayant pas éprouvé le besoin de venir à Cancun faire reluire leur ego et assurer leur communication électorales.

vendredi 10 décembre 2010

A Cancun, le dérèglement climatique, finalement, tout le monde s'en fout

Jeudi 9 décembre


L’écoute lancinante de toutes les interventions de la conférence plénière de Cancun, y compris celle de Nathalie Kosciusko-Morizet qui ressemblait à un rapport de gendarmerie de 5 minutes et 3 secondes, semble prouver que, le changement climatique, dans le fond, ici, dans cette « capitale » du tourisme clinquant, tout le monde s’en fout. Une exception notable : le discours de 12 minutes du représentant de Haïti qui a su mélanger les faits et l’émotion en sortant des formules convenues alors que notre ministre et d’autres ont tous débité les mêmes banalités.
Cette indifférence mal dissimulée face aux dangers courus par la planète que chacun se croit obligé de rappeler dans une lingua climatica obsédante, montre bien à quel point une petite partie du monde se s’intéresse pas à l’immense reste de la planète. Les Etats Unis, ne parlent même plus, le Japon savonnent toutes les planches de salut et les Russe font de la figuration même pas intelligente en répétant qu’ils sont heureux que la Sibérie puisse se réchauffer. Tout le monde s’ennuie en attendant le déluge. Il n’y a guère qu’Evo Morales pour affirmer que « ou bien le capitalisme dépérira ou Madre Tierra mourra » ; en ajoutant : « la lutte pour un environnement sain et contre la dégradation du climat devra être le socialisme du XXI éme siècle ».Ce qui n’émeut personne...
Le changement climatique, qu’il soit dérèglement ou réchauffement, presque tout le monde s’en fout. Sauf bien sur les ours blancs qui crèvent sur ce qui leur reste de banquises à la dérive, sauf les Mayas du Yucatan qui attendent de plus en plus souvent, comme d’autres peuples paysans, la pluie qui leur permettait autrefois de belles récoltes pour vivre, sauf les habitants des petites iles-Etat comme Vanuatu, Salomon, de Kiribati ou même des Maldives qui vont bientôt ne plus savoir où aller ; sauf les peuples du Tchad qui ont vu leur grand lac se réduire des deux tiers en 15 ans et perdre ses poissons, sauf les populations du Darfour qui se disputent ce qui leur reste de terres pas encore englouties par le sable du désert, sauf les habitants du Sahel qui peinent à nourrir leurs troupeaux parce que les pâturages disparaissent et sauf les peuples africains, asiatiques ou latino-américains qui migrent vers les villes parce que leurs campagnes ne peuvent plus les nourrir. Chacun à sa guise complétera la litanie des malheurs en cours ou à venir.
Qu’importe aux grands de ce monde, si les oiseaux perdent de plus en plus souvent le nord, si les forêts disparaissent ou si des rivières s’assèchent dans certains régions de la planète alors que d’autres plient sous des ouragans de pluie, qu’importe aux faiseurs de discours convenus que la biodiversité s’effondre dans de nombreux pays du monde : comme pour les forêts, on replantera, on réintroduira ou ressèmera avec les prêts de la Banque Mondiale ou les ukases du « socialiste » qui dirige le Fonds Monétaire International, l’organisme qui transforme toutes les destructions et toutes les souffrance en argent. Qu’importe aux éternels annonceurs de promesses qui ne se réalisent jamais, si le nombre des réfugiés climatiques grossit démesurément, puisqu’ils construisent des murs en béton ou en informatique pour les contenir. Passés les mots qui ne font plus recettes, ils passent l’avenir de la planète par pertes et profits pour sauver les profits des industriels du pétrole et des pays producteurs de pétrole.
L’essentiel n’est plus de mettre fin aux dégâts, de se battre pour gagner un ou deux degrés, mais de réparer ou de s’adapter. Grâce au « business vert » qui fait la quête dans les allées du centre de conférence. Il n’est plus temps de freiner la montée des températures mais d’en tirer profit en laissant des centaines de millions de vie en route.

mercredi 8 décembre 2010

Cancun la police de l'ONU panique devant 20 manifestants




Mardi 7 décembre,



Tandis que les militants de Justice pour le Climat et Via Campesina, l’organisation internationale pour une agriculture paysanne dont fait partie la Confédération paysanne manifestaient...à 38 kilomètres de la Conférence sur le climat, une poignée de membres des ONG accréditées, couverts par plus ambassadeurs latino-américains, réussissaient à tenir une réunion de presse au coeur du Moon Palace. Pour expliquer leur déception face aux premiers échecs de la négociation et leur opposition à la négociation carbone ainsi qu’aux projets consistant à faire des forêts du monde, une monnaie d’échange prenant place dans la « négociation carbone ». Ils estiment que le projet REDD (Reducing Emissions From Deforestation and Forest Degradation) aboutira en fait à déposséder les populations et les peuples autochtones de leurs espaces boisées. Au profit de la marchandisation des ces forêts, avec le danger que les espaces déforestés laissent rapidement la place à de gigantesques « cultures » d’arbres génétiquement modifiés éliminant l’essentiel de la biodiversité et de leurs terres. Comme un avertissement désespéré face à la perspective d’un accord a minima pilotée par la Banque Mondiale qui deviendrait, de fait, le plus grand propriétaire forestier virtuel de la planète en supervisant les échanges de reforestation à travers le monde. Surtout celles entreprises dans les pays du Sud, là où les espaces forestiers permettent à des populations de vivre en mettant en pratique la « souveraineté alimentaire » qui reste la demande principale des peuples les plus pauvres et des populations autochtones.
Une fois leurs raisons expliquées à la presse, une vingtaine de militants sont sortis dans les allées du Moon Palace, le centre de la conférence, avec leurs pancartes et en scandant leurs slogans. Ce qui eu pour effet d’attirer la presse et les caméras. Panique du service de Sécurité des Nations Unies qui a pour instructions de ne pas tolérer la moindre fausse note, la moindre contestation. Mené par le Capitaine Fernando Simoes, les gardes de l’ONU ont rapidement entouré les quelques militants tentant de les empêcher de continuer à circuler devant la presse et les délégués. Pendant le face à face, les contestaires qui ne menaçaient pas le moins du monde la sécurité des gens et des lieux, le capitaine Simoes s’efforçait de relever tous les noms des membres des ONG participants à la manifestation, au besoin en arrachant les badges d’accréditation du cou des militants pour les lire plus facilement.
Au bout d’une vingtaine de minutes, la plupart des noms relevés, les gardes de sécurité en civil et en uniforme, sur ordre des responsables de la Conférence et donc des Nations Unies, ont expulsé tous les militants en les contraignant à monter dans un autobus qui les a amené à une trentaine de kilomètres, dans le centre de Cancun. En vertu de l’application du principe que dans l’espace de leur conférence, les Nations Unies, bénéficient d’un privilège d’extraterritorialité et ont donc tous les droits sans avoir à en référer aux autorités locales. Les vingt et quelques personnes non-agressives et ne représentant donc aucun danger ont été non seulement expulsées mais ne pourront plus entrer dans la zone de conférence, en vertu de l’obsession sécuritaire qui plane sur les travaux des 194 pays présents.
Une obsession sécuritaire si prégnante qu’hier des soldats du Génie de l’armée mexicaine ont creusé au bout de la plage du Moon Palace, une zone de débarquement pour les forces spéciales de la marine cantonnés dans des bateaux qui croisent au large. Des fois que des méchants veuillent attaquer la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet qui arrive ici dans la journée de mercredi sans aucune consigne de fermeté de son président qui a vendu des centrales nucléaires à l’Inde.

mardi 7 décembre 2010

Une chance pour Cancun: l'absence des présidents et de leur ego...

Lundi 6 décembre,

La présidence mexicaine du sommet de Cancun a promis aux experts et aux délégations de tous les pays, que les ministres qui ont commencé à arriver dimanche au sommet n’entreprendraient pas des tractations secrètes ou de couloir. D’abord, ce serait bien la première fois et ensuite l’essentiel n’est pas là. En effet, à tort ou à raison, la presse –seulement un peu plus de 2000 journalistes- s’est faite plus discrète qu’à Copenhague. Et comme seulement une vingtaine de chefs d’Etat sont attendus ici, cette discrétion et le manque d’intérêt visible de nombreux responsables politiques, la relative indifférence qui règne autour de la réunion de Cancun est peut-être une –la- chance unique de réussite, une garantie que dans quelques jours les négociations aboutiront sur quelques avancées. Tout simplement parce que les chefs d’Etat qui avaient fait assauts d’idées, de proclamations et de mensonges l’année dernière ne sont pas venus, ce qui les dispense de faire reluire leurs ego. C’est probablement à ce jour la meilleure nouvelle discernable à ce sommet de Cancun. Les experts, dans les couloirs, ne se privent pas pour s’en dire soulagés, débarrassés qu’ils sont pour l’instant des petites phrases qui tuent et des mouvements de menton destinés aux opinions publiques et non pas à faire avancer le sauvetage de la planète.
Bien sur, comme nous l’expliquait hier Brice Lalonde, l’ambassadeur de la France pour les négociations climatiques, il faut que les politiques finissent par prendre des décisions. Mais il ajoutait redouter que ces politiques, constatant qu’ils ne sont pas d’accord sur tout, en concluent qu’ils ne peuvent donc se mettre d’accord sur rien. Remarque valant aussi selon lui pour l’Europe « qui ne peut pas avoir de position simple et claire lorsque 27 pays passent leur temps à couper les cheveux en huit dans les réunions ministérielles».
Ce qui permet hélas aussi de penser que nombre de grands pays, alors que les petits demandent plus de contraintes qui sont ou seront pour eux une garantie, ont déjà passé le réchauffement climatique par pertes et profits. On ne parle plus d’une limite de 1,5 à 2° à ne pas franchir, mais –c’est le maître mot- « d’adaptation ! De la première semaine de discussion surgit une autre certitude : les politiques ne croient plus à un sursaut de la planète et veulent pour cela rassurer leurs opinions publiques sur le thème « on trouvera toujours des solutions ». Sauf pour les pays du Sud...
En fait, en dehors des experts qui travaillent à partir de dossiers de plus en plus inquiétants, ces politiques paraissent fréquemment avoir renoncé à des actions concrètes. Souvent, comme le président Nicolas Sarkozy ou le président Barak Obama parce qu’ils sont convaincus que réussir à freiner le réchauffement climatique ne peut désormais plus leur rapporter une voix à leurs prochaines élections. Ce qui pourrait, autre opportunité, laisser les coudées franches aux véritables acteurs de la frénésie énergétiques, à savoir les grandes villes et les gouvernements locaux qui ont, comme la Région Ile de France, comme la Californie, Mexico ou Paris, des pouvoirs de maîtrise sur l’aménagement du territoire, qu’il s’agisse des transports ou des économies d’énergie. Leurs représentants estiment avoir une chance nouvelle de pouvoir se mêler officiellement et efficacement des questions climatiques.
S’ils n’y parviennent pas, ce sera le signe que, finalement, la question du climat, désormais, en dehors des écologistes et de vendeurs d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïque, tout le monde s’en fout...

dimanche 5 décembre 2010

Cancun les Indiens et les paysans s'invitent au sommet du climat


La cérémonie indienne et paysanne d'hommage à la terre nourricière



CANCUN, DIMANCHE 5 DECEMBRE,


Samedi matin, la société civile mexicaine a commencé à donner un peu de la voix. Une voix faible, un millier de personnes, que les autorités locales ont relégué à 37 kilomètres des lieux où se tient de somme. Une société civile essentiellement regroupé sous l’égide de Via Campesina, l’organisation mondiale qui rassemble depuis une vingtaine d’année les gens de la terre qui veulent rester des paysans. Une association qui est d’ailleurs née en Amérique Latine et à laquelle appartient notamment le Confédération Paysanne en France. Des gens qui se battent pour le « souveraineté alimentaire », pour le bio et pour une agriculture respectant à la fois la terre et ceux qui la cultivent
Au Mexique, les paysans de Via Campesina, ce sont essentiellement des indiens, donc des citoyens qui ont du mal à vivre face aux pouvoirs en place. Ceux qui sont arrivés à Cancun, ont parcouru le pays dans plusieurs caravanes d’autocars et de camions avant d’installer leur forum de discussion dans le stade où il leur a finalement été permis de s’installer. Pendant une semaine ils vont échanger sur la question de la pollution, sur leurs conditions de travail et aussi sur les effets du climat sur leur pays et leurs pratiques d’agriculteurs. Le réchauffement climatique se ressent déjà dans les campagne mexicaines : qu’il s’agisse des sécheresses ou des ouragans meurtriers. A Cancun ils ont été rejoints par des délégations paysannes venues des Etats Unis, du Canada, d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Europe.
Ce forum alternatif « Pour la vie, la justice environnementale et sociale », dans la grande tradition indienne, a été précédé d’une cérémonie en hommage à la terre (Madre Tierra) destinée à donner de la force à tous les participants.
Dans le document de présentation des travaux et rencontre qui vont se poursuivre jusqu’au 10 décembre dans une atmosphère festive on peut notamment lire :
« La réunion de Copenhague a démontré l’incapacité des gouvernements à s’attaquer aux causes réelles du chaos climatiques actuel. A la dernière minute, les Etats Unis ont cherche d’un manière peu démocratique à faire passer un soi-disant « Accord de Copenhague » et en essayant de sortir le débat du cadre des Nations Unies et des engagements pris à Kyoto (1997) tout en favorisant encore plus les solutions du « libre marché ».
Les négociations sur le climat ressemblent de plus en plus à un énorme marché. Les pays développés, historiquement responsable de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre, inventent toutes sortes d’artifices pour éviter d’avoir à réduire leurs propres émissions. Un exemple : le Mécanisme pour une développement propre (CDM dans le langage anglais onusien) établi par le protocole de Kyoto permet aux pays industrialisés de continuer à polluer et à continuer de consommer et en payant en contre partie une faible redevance pour que les pays en développement réduisent leurs émissions ».(...) De nombreux gouvernements en développement, attirés par ces nouvelles opportunités de financement tendent à appliquer des fausses solutions plutôt que de mettre en oeuvre des solutions traitant réellement le changement climatique avec ces solutions pour soutenir une agriculture paysanne durable, orienter la production vers les marchés locaux, mettre en place des politiques d’énergie efficaces pour l’industrie, etc. » (...) nous exigeons l’application des milliers de solutions suggérées par la société civile, le renoncement aux OGM, la défense des droits de la terre et de la forêt, le renoncement à la participation de la Banque mondiale, nous avons besoin des millions et de millions de communauté paysannes et des peuples autochtones pour nourrir l’humanité et refroidir le climat de la planète....
»

jeudi 2 décembre 2010

CANCUN Puisque l'on vous dit que la mer est juste derrière la piscine


jeudi 2 décembre

Pour être certaine de ne pas décevoir bruyamment comme l’année dernière, la conférence sur le climat s’est mise depuis trois jours en mode « hors sol » et en mode « silence ». Grâce à son éloignement de la ville de Cancun dans un site isolé, grâce à un système d’accès complexe qui interdit même aux taxis de parvenir jusqu’au Moon Palace où se déroulent les débats, grâce à l’éloignement entre les halls d’exposition où sont cantonnées les ONG et le centre de conférence, grâce à l’impossibilité pour le moindre manifestant de parvenir à moins de 10 kilomètres des zones choisies par les Nations Unies et les autorités mexicaines, les travaux de la conférence peuvent se dérouler à l’écart de toute interrogation. Ce qui permet aux experts d’expertiser en paix, aux représentants des Etats de ronronner dans l’indifférence d’une assistance triée sur le volet, tous nourris de leurs solides langues de bois imprégnée de CO2 non encore consumé.
La conférence de Cancun baigne dans un curieux climat d’indifférence plus ou moins feinte qui, peut-être peut receler des surprises la semaine prochaine. En vertu d’un vieux principe : « quand les chats ne sont pas là, les souris dansent.
En attendant, comme le ridicule ne tue plus depuis longtemps, les chargés de communication ont eu l’idée d’installer des poubelles sélectives dans les couloirs du luxueux Moon Palace. Joli effet de surprise, mais soit il n’y a rien dedans soit le peu qu’elles contiennent est mélangés. Mais à la vitesse à laquelle les climatiseurs ronronnent, l’effet de serre induit ne se remarquera pas....

mercredi 1 décembre 2010

Le climat à Cancun: entre désastre écolo-touristique et armée omni-présente


Cancun, le 30 novembre

Les techno-onusiens qui ont choisi Cancun comme lieu de conférences sont soit des ignorants, soit des cyniques, soit des « militants » de l’écologie redoutablement intelligents. Chacun choisira sa version... Car autant à Copenhague l’année dernière, avec les champs d’éoliennes au loin, les boutiques bio, le tramway et les nuées de cyclistes danois parcourant les rues malgré la pluie ou la neige, il était possible d’imaginer ce que peut être une ville ou un pays s’efforçant d’écologiser la vie quotidienne de ces citoyens, autant Cancun ressemble à un cauchemar d’écolo. Cancun, la petite bourgade d’origine, est réduite à la portion congrue alors que le tourisme a ravagé 21 kilomètres de littoral y compris, ce qui compte double, la mince bande de terre de 600 mètres qui sépare la mer des Caraïbes d’une lagune dont les anciens pêcheurs et habitants expliquent qu’elle fut belle et poissonneuse avec des mangroves d’une rare richesse. C’était seulement il y a 30 ans, la grande vague de construction datant d’une quinzaine d’années.
Toute la vie naturelle, la vie des habitants, le paysage, la végétation ont été engloutis sous 120 hôtels qui se livrent avec acharnement à un concours de laideur et de gigantisme, tous alignés au plus prés de l’eau, mangeant les rares plages qui ont résisté. Ils offrent, presque tout au long de l’année, à des touristes dont 70 % déferlent des Etats-Unis et du Canada et 30 % d’Europe, au moins 40 000 chambres dont les occupants sont les seuls à apercevoir la mer...quand ils sont du bon côté. Dans les rares espaces libres se sont incrustés des magasins qui sont si laids et écologiquement désastreux qu’ils seraient même retoqués à la construction dans une banlieue française alignant ses « But », ses « Monsieur Meuble » et ses « Leclerc ».
Et, sans doute pour ne pas être en reste, la conférence sur le climat s’est installée à 30 kilomètres de la ville, dans le Moon Palace, un énorme gâteau en marbre et en béton qui squatte des dizaines d’hectares au sud de ce qu’il est convenu de nommer ici la « zone hôtelière » tant les Mexicains qui en vivent, ont honte de cet espace qui concentre tous les défauts dont les participants à la conférence égrène consciencieusement chaque heure les effets pernicieux sur le climat. Tous les jours que dieu fait des centaines de milliers de climatiseurs dévorent des milliers de kilowatts alors qu’il ne fait jamais plus de 30°. Et dans le gigantesque parc qui entoure le Moon Palace, des tondeuses passent et repassent pour que l’herbe ait bien l’air d’une moquette malgré l’arrosage. Mais que les protecteurs de la nature se rassurent : sur les routes qui parcourent ce Disney Land du tourisme... et de la lutte climatique, des panneaux recommandent en anglais et en espagnol, de ralentir pour ne pas écraser les iguanes...
Cancun apparaît donc comme la caricature du monde déboussolé qui mène la planète à sa perte ou tout au moins à son réchauffement. Une sorte de rêve américain et capitaliste dans lequel les investisseurs des Etats Unis, de Grande-Bretagne et d’Europe se bousculent pour attirer puis pressurer des touristes volontaires pour venir « apercevoir la mer ». Lorsqu’ils découvrent (je parle de certains européens, pas des Américains qui ne redemandent) dans quel enfer ils se sont fourrés, il est trop tard pour repartir.
Les onusiens et leur complices experts n’auraient pas pu choisir un univers plus fou pour que soit démontré à quel point nous marchons sur la tête tout en expliquant sur le comptoir d’un zinc à quel point le dérèglement climatique est inquiétant. Et, sans doute pour que la démonstration soit plus parfaite, le gouvernement mexicain, à la demande des Nations Unies, a dépêché sur place des milliers de policiers et de militaires. Ces derniers campent aux carrefours et devant les différents lieux de la conférence avec des blindés dont les mitrailleuses sont en permanence braquées sur les rues. De peur sans doute que les caravanes de militants et de paysans qui convergent vers Cancun ne s’approchent trop des gens sérieux. Une répétition peut-être, de ce que feront beaucoup de pays pour, un jour, repousser les réfugiés climatiques....