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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 9 mai 2011

Consommateur: cela devient un métier à plein temps

Lundi 9 mai

Les autorités sont vraiment de plus en plus prévenantes pour le consommateur. Conservateur ? Colorant ? Anti-oxydant ? Antioxygène ? Epaississant ? Huile de palme ? Agent de texture ? Arome (1)? Exhausteurs de goût ? Glutamate ? Maltodextrine ? Focophérols ? E 130, E 131, E 141, E150, etc. ? Valeurs nutritionnelles ? Sucre ? Sel ? De quoi nous plaignons nous, tout est écrit sur les boites, les paquets et les emballages. Nous sommes informés ! Evidemment, c’est en général écrit jaune sur rouge, bleu sur violet et sous les boites ou les paquets, mais on nous dit tout, on ne nous cache presque rien, il suffit de savoir lire.
Même sur les yaourts, par exemple, la quantité de fruits, quand il y en a, est indiquée : en caractères aussi minuscules, en retournant le paquet de quatre, de huit ou de douze, en général de 4 à 8 % du yaourt. Ne reste plus qu’à calculer quelle fraction de fraise, de pêche ou de cerise que cela représente et d’oublier le fruit mensonger et entier qui fait de la figuration trompeuse sur le produit. De quoi nous plaindrions nous, c’est écrit dessus !
Dans un souci de transparence, répondant à la même préoccupation environnementale et des citoyens, le même gouvernement vient même de demander à des industriels de procéder une expérimentation pour nous expliquer les effets du produits sur la planètes avec un calcul des gaz à effets de serre émis par le produit ou la nourriture. Toujours sur la même et minuscule étiquette jaune sur rouge...
Il ne manque qu’un seul calcul sur ces emballages sacrifiant à la mode : le temps qu’il faut, avec de bonne lunettes, pour lire chaque étiquette et pour, ensuite, aller défricher l’étiquette voisine pour comparer. Ce qui signifie clairement qu’il faut environ une heure pour garnir un petit panier et pour s’interroger sur la signification de la mention « conforme à la législation en vigueur » puisqu’un produit « non conforme à la législation » ne peut pas être mis en vente. On peut aussi se demander ce que signifie « élaboré en France ». Souvent cela veut tout simplement que l’on a ajouté le sel ou le sucre « en France » sur un produit venu d’ailleurs. Car si l’étiquette de provenance des produits frais est exigé, rien n’est obligatoire pour les plats préparés ou les congelés. Les étiquettes ne sont que des mensonges par omission ou des écrans de fumée...Tout comme les « desserts » ou les plats de restaurants réputés « maison ». Qui, par exemple, sait que les crèmes brûlées « maison » d’origine industrielle ont droit à cette fausse appellation si le gâte-sauce ajoute un peu de sucre pour la passer au micro-onde ?
Cette transparence relative est un leurre, ce que mon grand-père appelait un attrape-couillon ? Car qui va prendre le temps de déchiffrer des notices qui se multiplient?
Ne serait-il pas plus simple, plus honnête, plus prudent surtout, de, tout simplement, interdire tous les additifs, colorants. Initiative qui éviterait au consommateur de s’user les yeux pour rien. Mais nous vivons sous le règne d’une transparence illusoire qui n’est qu’une désinformation soigneusement organisée. L’industrie agro-alimentaire nous vend n’importe quoi mais nous prévient en termes abscons. La morale commerciale est donc sauve.
Consommer, même avec modération, devient un véritable métier que 95 % des citoyens n’ont pas le temps d’exercer. Chaque lecteur pourra trouver dans sa pratique quotidienne d’autres exemples d’une information qui n’est est pas une et que pourrait remplacer un retour à une nourriture plus saine qui serait moins nocive. La preuve c’est que dans les produits bio élaborés, tous les produits qui doivent être signalés sont dans la plupart des cas absents.

(1) Le consommateur doit savoir que la mention « arome cerise » signifie tout simplement qu’il n’y a pas de cerise dans le produit.