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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 20 décembre 2011

Quand les fruits et légumes cessent d'être produits en France ni Sarkozy ni Bayrou n'en parlent

MARDI 20 décembre

François Bayrou, Lou Ravi du Béarn, clame qu’il faut « acheter français » tandis que l’agité de l’Elysée lui réplique qu’il faut « produire français ». Les deux bons apôtres, comiques de la prochaine élection présidentielle, devraient nous expliquer pourquoi les grandes surfaces vendent des fruits ou des légumes en provenance de l’étranger alors qu’il ne serait pas compliqué de les faire pousser sur le territoire français si le pouvoir et la droite ne songeaient pas qu’à favoriser les grands céréaliers. Ce qui entraîne une réduction de plus en plus dramatique du nombre des agriculteurs français qui n’exercent plus leurs talents que dans 320 000 exploitations qui n’emploient plus que 3,5 % de la population active du pays, soit environ 1,8 millions de salariés. Une situation qui s’aggrave depuis une dizaine d’années. Chiffres officiels du ministère de l’agriculture, comme ceux qui suivent.
Au cours des dix dernières années, les surfaces françaises plantées en pêches et nectarines, ont diminué de 13, 7 %, ce qui explique probablement que la production française ne représente, au mieux, que 15 % de la production européenne et que la France ait importé en 2011, 116 000 tonnes de ces fruits. Pour les pommes, qui ne sont pas non plus un fruit tropical, pourquoi la France en a-t-elle importé en 2010, dernière année de référence, 117 000 tonnes des autres pays européens et 166 000 tonnes du reste du monde ? Peut-être parce que le verger français de pommiers a diminué de 8% au cours des 5 dernières années. La surface plantée en poiriers a chuté de 18% : donc la France importe des poires dont elle ne produit que 190 000 tonnes. Tout comme elle importe 12 000 tonnes de cerises ou ne produit que 15 % de sa consommation annuelle de raisins de tables.
A tout cela s’ajoute des kiwis de Nouvelle Zélande alors qu’ils poussent très bien dans le sud de la France et sur la côte atlantique, les oignons de Nouvelle Zélande, les 100 000 tonnes de fraises venant des 26 autres pays de l’Union européenne et les 92 000 autres tonnes arrivant d’encore plus loin, y compris d’Egypte, du Maroc et même de Californie. Sans oublier les pommes de terre chinoises, l’ail mexicain, les centaines de milliers de tonnes de tomates, de concombres, de courgettes, de poivrons poussés ailleurs alors que ces produits pourraient être cultivés en en France, si la FNSEA et le gouvernement ne favorisaient pas cette version souvent ignorée de la délocalisation, si de grandes sociétés ne gagnaient pas plus d’argent en important qu’en encourageant les productions françaises.
Et il faudrait aussi se demander quelles sont les motivations qui poussent à faire venir de l’agneau congelé de Nouvelle Zélande, du porc d’Irlande, du veau d’Italie et 40 000 tonnes par an (grâce à un accord) de viande de boeuf des Etats Unis.
Il parait que la France est un grand pays agricole....
Combien de milliers de tonnes de gaz à effet de serre gaspillée ?
Combien d’emplois détruits ?
Pensons-y en faisant les courses de Noël et les autres...

mardi 13 décembre 2011

Durban, le climat en surchauffe, la planète abandonnée, les politiques soulagés et la CIA inquiète

Mardi 13 décembre

Depuis la semaine dernière, le refroidissement de la planète est officiellement reporté à 2015 ou 2020. Dates auxquelles, peut-être, on recommencera à négocier pour fixer une nouvelle date et une nouvelle réunion. Si la situation n’était pas aussi grave, on pourrait parler, de conférence en conférence, d’un comique de répétition qui s’accélère. En attendant, l’année prochaine, le grand cirque du réchauffement se retrouvera au Qatar. Ce pays du golfe, généralement seulement connu pour son gaz, son pétrole et sa chaîne d’information en continu, Al Jazeera, compte 1 700 000 habitants répartis sur 11 500 kilomètres carrés. On sait moins qu’il n’y existe aucun parti politique. Particularité qui a sans doute poussé les Nations Unies, toujours à la recherche de paradoxes humoristiques, à y tenir sa prochaine conférence : le taux d’émission de gaz carbonique par habitant y est le plus élevé du monde. Enfoncé Cancun avec ses 150 hôtels dopés toute l’année à la climatisation. Il faut vraiment avoir l’esprit très mal tourné et cultiver une arabophobie très primaire pour penser que les Nations Unies ont fait le choix de l’argent rédempteur, celui avec lequel on gomme ses péchés. Comme la Fédération internationale de football qui y organisera la coupe du monde en 2022. L’un des avantages du Qatar, aux yeux des organisateurs fatigués de la contradiction portée par la société civile, c’est évidemment que les hôtels sont si chers et la police si efficace que les ONG ne seront pas nombreuses à faire le voyage. Elles se grandiraient, d’ailleurs, en décidant de boycotter ces réunions de professionnels de la farce climatique.
Ce choix, à la fois dérisoire et ridicule, illustre parfaitement la dérive de la soi-disant lutte contre le réchauffement climatique. Les scientifiques du GIEC, le Groupe International pour l’Etude du Climat peuvent bien accumuler les scénarios catastrophiques, le HCR signaler l’augmentation du nombre de réfugiés climatiques, les scientifiques américains accumuler les observations sur la disparition de la banquise estivale de l’arctique, les naturalistes envisager la disparition de centaines d’espèces animales moins connues que l’ours blanc en perdition, la sécheresse gagner aussi bien le Sahel que le Sud de l’Espagne ou le Texas américain, la majorité des pays estiment qu’il est de plus en plus urgent d’attendre. Et les autres (L’Europe par exemple) profitent de la moindre occasion offerte pour se lancer dans la surenchère hypocrite. Dernière illustration : le Canada, soucieux de complaire à son voisin américain et de continuer à exploiter les sables bitumineux de l’Alberta, vient d’annoncer qu’il retirait sa signature du Protocole de Kyoto. Immédiatement dénoncé par le Chine, le deuxième producteur mondial de gaz à effet de serre... qui n’a pas signé ce protocole. La soi-disant mobilisation contre le réchauffement climatique ressemble de plus en plus à un bal de faux-culs dont les « ir-responsables » se réjouissent ouvertement que les opinions publiques se tournent vers de nouvelles inquiétudes. Pas seulement aux Etats Unis où le principal candidat à l’investiture des Républicains, celui qui a expliqué que les Palestiniens n’existaient pas, a longuement raconté il y a quelques jours à ses auditeurs pâmés que le réchauffement climatique était une invention des communistes et des Nations Unies. En France, les Claude Allègre et autres anti-réchauffistes, complaisamment relayés par une partie de la presse et des scientifiques de pacotille, ont réussi à semer le doute dans l’opinion publique. Tout en offrant une merveilleuse occasion aux industriels et aux politiques d’oublier les menaces pesant sur l’évolution du climat. Sarkozy, Fillon, Hollande, Bayrou, Villepin, Morin, Mélenchon et les mini-candidats de l’extrême gauche, ont au moins un point commun : les modifications climatiques ne font pas partie de leurs préoccupations et de leurs discours.
Les uns et les autres, les anti-réchauffistes comme ceux qui pensent qu’il existe des questions plus importantes, devraient se demander pourquoi la CIA, après s’être peu intéressée à ces problèmes de climat a entrepris depuis quelques années de classifier le plupart des informations que ses agents recueillent sur les progrès des sécheresses, les conséquences des tempêtes, les mouvements de populations et (très importants pour les USA) la sécurisation des approvisionnements énergétiques pouvant être remis en cause par des événements climatiques. Ces secrets accumulés sont d’une telle ampleur et d’une telle importance qu’un très récent rapport du « Defence Science Board », une agence officielle américain, a demandé avec insistance que ces informations classées « secret défense » soient rapidement, au moins en partie, rendues publiques et partagés, en totalité, avec les parlementaires américains.
En attendant les Congrès s’amusent, les gouvernements temporisent et les négociateurs professionnels qui volent de conférences en conférences, prient pour garder leur boulot le plus longtemps possible. En quittant Durban, ils n’avaient aucune inquiétude sur la survie de leurs fonctions....

Durban, le clia