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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 25 juin 2012

Conférence de Rio: le rideau vient de tomber sur une trés mauvaise pièce

Rio de Janeiro le 24 juin 193 pays réunis pour ne rien dire Quelques heures après la clôture du sommet de la Terre, il faut rendre hommage aux chef des délégations qui ont pris la parole jeudi et vendredi en séance plénière dans une parfaite indifférence tandis que le public officiel clairsemé vaquait à ses occupations sans les écouter, tout en téléphonant ou en engloutissant des cafés et de (mauvais) sandwiches. La médaille du courage doit être décernée aux orateurs qui s’exprimaient encore dans la séance nocturne de jeudi devant quelques délégués présents pour une seule et unique raison : ils devaient encore attendre pour délivrer leur message national. Avant le « délégué inconnu » qui s’est exprimé en dernier vers minuit devant les seuls membres de sa délégation accablés d’ennui et de fatigue d’avoir fait un si long voyage inutile depuis leur île-Etat. Cette litanie des déclarations inutiles qui ne pouvaient plus changer le fade contenu de la déclaration finale de 60 pages adoptée sans enthousiasme après avoir été « fermé » depuis plusieurs jours à tout amendement par le gouvernement brésilien, résume parfaitement la tonalité d’une conférence qui n’a rien résolu des malheurs écologiques de la planète parce qu’il ne fallait braquer personne. Vendredi soir, de nombreux délégués avouaient leurs déceptions et leurs frustrations en traînant leurs valises à roulettes dans les couloirs du Rio Centro. En oubliant que beaucoup d’entre eux sont responsables, à des degrés divers et au nom de leurs pays, de l’échec d’une conférence dont l’enfer n’a été pavé que de quelques bonnes intentions dont il ne reste pas grand chose en dehors de la promesse...de continuer. Certes, l’économie verte a été remise in extremis à sa juste place, certes le Programme des Nations Unies pour l’Environnement sera renforcé (un jour...) ; et évidement, l’écrire ne coûte rien, le rapport final affirme vouloir lutter contre la pauvreté, pour l’eau et l’assainissement accessible à tout le monde ; bien sur la question sociale est évoquée et les objectifs de développement durables ont été précisés et...confiés à une groupe de travail. Mais le bilan des avancées ou des reculs par rapport à la première conférence de Rio de 1992 n’a pas été fait, parce qu’il pouvait fâcher. Notamment sur le question de la biodiversité passée à la trappe. Et les « financements innovants », donc les moyens financiers pour aider au développement et à la défense de l’environnement, sont remis à plus tard, à une autre conférence peut-être. La montagne onusienne a accouché d’une souris qui n’est même pas verte ; aboutissant à ce que la députée européenne des Verts, Sandrine Belier a appelé un « sommet de la déception ». Un sommet pendant lequel les négociateurs évidemment mandatés pour un service minimum se sont payés de mots comme, par exemple, dans le paragraphe dix du document final qui mérite le détour tant il exprime et symbolise la vacuité du texte adopté. « Nous reconnaissons que la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit,au niveau national et au niveau international, ainsi qu’un environnement favorable,sont des conditions sine qua non du développement durable, notamment d’une croissance économique durable et profitant à tous, du développement social, de la protection de l’environnement et de l’élimination de la faim et de la pauvreté. Nous réaffirmons que pour atteindre nos objectifs en matière de développement durable, nous devons nous donner, à tous les échelons, des institutions efficaces, transparentes, responsables et démocratiques. » L’expression « développement durable » le mot valise dont les délégués et diplomates usent et abusent autant que l’ont fait les négociateurs masque un triste déni de la réalité. Même si tous peinent malgré tout à en expliquer le sens et la portée. Cela n’empêche pas ce « mot miraculeux » de ponctuer la déclaration adoptée de façon incantatoire, comme un refrain que l’on reprend machinalement. Il apparaît à peu prés une dizaine de fois par page, accommodé à tous les sens et situations possibles ou imaginables. Une sorte de gimmick diplomatique masquant plus ou moins habilement les mots nature, pollution, biodiversité ou ressources naturelles. Car si la question climatique est rapidement abordée, elle l’est aussi sous le déguisement du développement durable et les négociateurs dont le travail aurait pu aboutir à faire l’économie du déplacement d’une cinquantaine de milliers de personnes, n’ont même pas réussi à donner un statut aux réfugiés climatiques qui, dans le fond, n’existent toujours pas pour la communauté internationale. Il faut être aveugle, sourd ou définitivement persuadé que les égoïsmes nationaux doivent triompher pour trouver un quelconque intérêt au texte adopté dans la résignation de nombreux pays et la jubilation de nations comme les Etats-Unis, le Canada, la Chine ou la Russie. Ces pays, en instrumentalisant les pays les plus pauvres, ont finalement obtenu que les questions environnementales, du climat à la préservation de la biodiversité au sens le plus large du terme, passent à la trappe. Ce qui ne peut que conforter les opinions publiques et le monde industriel dans la croyance rassurante qu’il n’y a pas vraiment péril et que le sauvetage collectif de la planète peut attendre. Le sommet de Rio marque une victoire de la diplomatie prudente et éloignée des réalités humaines et écologistes sur les environnementalistes. Le sommet de Rio + 20 n’est pas un échec puisque les nations occidentales, avec la complicité active du Brésil n’ont jamais essayé, ni probablement jamais eu l’intention, de réussir la quatrième conférence mondiale sur l’environnement organisée depuis le début des années 70. .

2 commentaires:

Fabien randonnee-montagne a dit…

Effectivement, tout ceci ressemble fort à un nuage de fumée censé faire croire que les problèmes environnementaux sont bien pris en compte par nos dirigeants. Votre récit de la conférence est édifiant ! Pourtant, je persiste à croire que la solution ne peut être que politique... mais pas avec ces personnes là. A quand le réveil électoral ?

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Le "réveil électoral" ne peut être précédé que par un réveil de la société, une société qui ne considèrera plus le plantage d'un réseau de portables comme une catastrophe nationale.