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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

samedi 28 juillet 2012

Bonus pour voiture "verte": l'escroquerie sociale et écologique d'Arnaud Montebourg

Ainsi donc, pour que nous adoptions une attitude plus responsable, à condition que l’on considère qu’à terme les véhicules électriques méritent le qualificatif d’« écologiques », l’Etat va payer encore plus les automobilistes pour qu’ils adoptent une attitude considérée comme socio-écologique. En prélevant plus d’un demi milliard d’euros (par an) sur le budget de pays. C’est cela le bonus : continuer à nous persuader que sans voiture, point de salut. Je sais, lecteurs grincheux habituels, vous m’objecterez que dans les zones rurales et les banlieues lointaines, la bagnole est le seul recours possible. Oui, sans aucun doute, mais, sur 38 millions de voitures, le total de celles qui sont utilisées par les citadins, ceux des grandes agglomérations, est largement supérieur à celui des véhicules ruraux imposés par les prix des terrains qui éloignent des centre-ville, par la défaillance des transports publics et par les urbanisations anarchiques des grandes banlieues. Quand aux véhicules électriques, si par hasard leurs achats augmentaient par miracle de 200% l’année prochaine, cela aboutira au chiffre mirifique de 10 400 voitures par an. Appliqué au même raisonnement miraculeux, pour les véhicules hybrides, le nombre de modèles, toutes marques confondues, le nombre de voitures écologiques, selon Montebourg, vendues serait à peine de 50 000 à l’année. Donc, sans oublier que même avec le « bonus » ces bagnoles sont plus chères à l’achat, le « plan » mirifique concernerait 60 000 engins sur les 2, 8 millions immatriculés en France chaque année. Pas de quoi sauver Peugeot ou Renault, d’autant plus que les deux tiers de ces voitures électriques ou hybrides sont fabriquées hors de France. Pour une fois, les écolos et les syndicalistes sont d’accord pour crier à l’escroquerie politique, écologique et sociale. Donc le bonus ne profitera qu’à une minorité de Français plutôt fortunés, les autres ne s’intéressant pas, pour des raisons économiques ou des raisons psychologiques de résistance au changement, aux nouvelles technologies. Un exemple révélateur : un constructeur italien commercialise des scooters MP3 hybrides de 125 cm3, mais en dépit d’un résultat de consommation qui se situe autour de 1, 6 litres au 100 kilomètres (donc au minimum une moindre pollution), il n’en a vendu que 120 en France en trois ans. Donc le fameux plan d’Arnaud Montebourg n’est qu’une coûteuse poudre aux yeux et les automobilistes français, qui ne font pas le calcul de l’économie illusoire dont ils croient bénéficier, continueront à acheter des véhicules diesel qui représentent 78 % des bagnoles immatriculées en 2011. Economie bidon et pollution, notamment aux particules fines dangereuses pour les poumons, garanties. Mais il n’est pourtant pas question se supprimer la petite détaxation sur ce carburant nocif. Le calcul du ludion du Redressement Productif vient de nous offrir un tour de passe-passe politico-économique qui n’est qu’une illusion partant du principe que pour encourager à la transition écologique il ne faut pas compter sur le civisme des citoyens et qu’il ne faut qu’encourager ceux qui n’ont pas de souci économique en leur offrant l’argent des contribuables. Le problème de la mévente des voitures fabriquées en France (comme les autres) n’est en aucun cas résolu puisque le gouvernement n’a pas choisi la solution qui consiste à remettre en cause la suprématie de la voiture individuelles en milieu urbain au profit du développement des transports collectifs et du deux roues, avec ou sans moteur.