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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 26 novembre 2012

Lundi 26 novembre


Climat et gaz à effet de serre au Qatar




La 18 éme conférence sur le climat commence ce lundi 26 novembre et pour 12 jours au Qatar. Deux millions d’habitants dont 15 % sont des Qataris, les autres étant des Pakistanais, de Indiens, des Sri Lankais, des Philippins et des Chinois qui font fonctionner le pays, notamment le bâtiment et les services, au profit des premiers. Autrefois, c’est à dire il y a une vingtaine d’années, ce pays de 11 000 kilomètres carrés (un tiers de la superficie de la Belgique)  bordé par le Golfe persique, vivait de la pêche, des perles et de l’élevage ou du commerce des dromadaires.

            Si sa capitale Doha, dépasse le million d’habitants, c’est que le Qatar vit désormais de pétrole et surtout d’un gaz dont il possèderait des réserves pour une soixantaine d’années. Ce qui lui permet, entre autre, d’offrir de l’essence à 15 centimes d’euros aux gros véhicules qui congestionnent la ville en dépit de plusieurs autoroutes qui encerclent la capitale et longent une corniche de bord de mer de sept kilomètres. Les hydrocarbures représentent 75 % des recettes du budget. Lequel est notamment complété par la redevance versée pour le maintien d’une énorme base militaire américaine. Ce  qui peut expliquer que Doha soit une ville hyper surveillée par la police et des caméras automatiques.

            En dehors de la capitale que ce blog et le blog Politis.fr feront découvrir en même temps que la chronique de la conférence du climat, c’est le désert...
            Il est permis de se demander pourquoi les Nations Unies ont choisi de faire une escale climatique dans un pays qui s’offre le plus fort rejet du monde par habitant en gaz carbonique à effet de serre, soit trois plus que les Etats Unis.

            La réponse est probablement la même que celle qui a incité la Fédération Internationale de Football à y organiser la coupe mondiale de foot en 2020, ce qui n’a pas empêché le pays à se porter candidat à l’organisation des Jeux olympiques de l’année 2020 : le Qatar est riche, très riche même. Ce qui lui permet notamment de s’offrir le PSG, des immeubles et des hôtels à Paris et de financer la première chaîne de télévision d’information en continue du monde arabe, Al Jazeera créée en 1998 et disposant d’environ 40 millions de téléspectateurs dans le monde.

            Bienvenue dans une capitale à l’urbanisme fou et parfois superbe, mais qui n’a rien pour inciter à la sagesse les 193 pays qui assurent, sans illusion, vouloir participer à lutte contre le dérèglement climatique...
           

dimanche 25 novembre 2012

Dimanche 25 novembre

  Les dernières nouvelles de la conférence sur le climat

 Quelques nouveaux éléments sur la conférence. D’abord Jean Jouzel, vice président du Groupement International sur l’Etude du Climat, créé en 1988, sera reçu par le Président de la République le vendredi 30 novembre avant de partir pour Doha où il tentera avec d’autres scientifiques, de convaincre les responsables français et européens, ainsi que tous les autres participants, de prendre conscience de l’urgence des mesures à prendre pour limiter les conséquences de modifications climatiques sur l’avenir de la planète. Une tache qui ne sera pas facile comme en témoigne les extraits de la dernière prise de position de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) créé et dirigé par Laurence Tubiana qui sera présente au Qatar pendant le conférence.

 Alors que la 18ème Conférence des Parties (CdP) de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) s’ouvre ce lundi 26 Novembre à Doha (Qatar), Laurence Tubiana, directrice de l’Iddri estime que « l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande ». L’ouragan Sandy, s’il ne peut pas être (1) directement relié à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, a rappelé, tragiquement, le coût humain et économique des évènements climatiques extrêmes, y compris dans les pays les plus développés. Le rapport du Potsdam Institute for Climate Impact Research pour la Banque Mondiale [1]a lui aussi rappelé un fait bien connu : en l’absence d’efforts de réduction d’émissions supplémentaires, la hausse moyenne des températures atteindrait 4°C, entrainant une augmentation de la fréquence et de l’intensité de ces évènements climatiques catastrophiques. Mais, fait nouveau et important pour Emmanuel Guérin, directeur du programme Energie et Climat à l’Iddri, « le rapport insiste sur l’incertitude irréductible autour des impacts de cette hausse de 4°C, et les nouveaux risques qui menacent donc notre capacité même à anticiper et à nous adapter aux effets de ces changements climatiques si rien n’est fait ». Et pourtant, le sentiment d’urgence ne semble pas atteindre les négociations internationales.
 Laurence Tubiana rappelle que « ces négociations ont connu, ces trois dernières années, trois moments forts consécutifs : à Copenhague en 2009, l’accord obtenu à l’arrachée et dans la douleur, avait permis d’obtenir pour la première fois des engagements chiffrés de réduction d’émissions en 2020 de la part des Etats-Unis et des grands pays émergents ; à Cancun en 2010, peu de progrès substantiels avait été faits, mais le processus multilatéral onusien, malmené à Copenhague, avait été remis sur les rails ; à Durban l’an dernier, le Fonds Vert pour le Climat avait officiellement vu le jour, et un processus, devant se conclure en 2015, par un accord juridiquement contraignant pour tous après 2020 était lancé. » Cette année à Doha, peu d’avancées majeures sont attendues. La Conférence aurait pu tourner au psychodrame, en l’absence d’accord sur la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto. (...) Protocole de Kyoto (AWG-KP). L’Europe devrait donc, avec quelques autres pays, s’engager pour une deuxième période dans le Protocole de Kyoto. Emmanuel Guérin souligne que « cette décision n’entrainerait pas des obligations nouvelles ou des efforts supplémentaires pour l’Europe, qui a déjà inscrit dans sa propre législation son objectif de réduction d’émission de 20% ». Mais il précise que « ce geste symbolique fort devrait permettre de satisfaire les revendications des pays en développement ». La négociation devra cependant répondre à certaines questions techniques, mais importantes : Quelle sera la durée de cette seconde période d’engagement (ce qui aura un impact sur la négociation de l’accord juridiquement contraignant pour tous après 2020) ? Comment faire pour gérer le vide juridique entre le 31 Décembre 2012, date de la fin de la première période d’engagement, et la date de ratification par les pays signataires ? Comment dans ces conditions assurer la continuité des mécanismes de flexibilité (Mécanisme de Développement Propre, Mise en Œuvre Conjointe) ?

Action Coopérative de Long Terme (AWG-LCA). La voie de négociation sur l’Action Coopérative de Long Terme, ouverte à Bali en 2007, devra être fermée à Doha. Il reste pourtant beaucoup de questions brûlantes ouvertes, auxquelles les négociations devront apporter des éléments de réponse. Sur le financement d’abord, car les engagements de financement précoce (30 milliards de dollar entre 2009 et 2012) pris à Copenhague prennent fin cette année, et le plus grand flou règne toujours pour atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars en 2020. Sur la vérification des actions et des engagements de réduction d’émissions ensuite, car si Copenhague puis Cancun et Durban ont fixé les grandes lignes du mécanisme de Consultation et d’Analyse Internationale (ICA), les modalités pratiques restent à définir, et la transparence reste à garantir. Plateforme de Duban (ADP). La principale avancée de Durban fût le lancement d’un processus de négociation, devant se conclure en 2015, pour un accord juridiquement contraignant pour tous après 2020. A Doha, les négociations devraient se concentrer sur la façon d’organiser ce processus, plutôt que traiter le fond des sujets. Mais elles porteront aussi certainement sur le sens précis à donner au caractère juridiquement contraignant du futur accord, étant donné l’ambiguïté de l’accord obtenu à Durban sur ce point. Elles porteront aussi nécessairement sur la façon de traiter la question d’équité dans le cadre du futur accord, car si le principe de Responsabilité Commune et Différenciée (CBDR) a disparu de l’accord de Durban, les revendications, et les désaccords, sur cette question n’ont eux pas disparus. Enfin, à l’initiative des Européens essentiellement, l’accroissement de l’effort de réduction d’émission d’ici 2020 devrait lui aussi faire partie des négociations. (...)

 Enfin, selon Laurence Tubiana « au delà des enjeux de la négociation elle-même, la CdP à Doha sera intéressante, car elle sera l’occasion d’observer d’éventuels changements géopolitiques ». Même s’il sera sans doute trop tôt pour observer un réel changement et en tirer des conclusions définitives, nul doute que les prises de positions des Etats-Unis et de la Chine, qui ont tous les deux récemment changé de chef d’Etat, seront scrutées à la loupe. Le sens de la nomination des sept nouveaux membres du Comité Central du Politburo du Parti Communiste Chinois (PCC), sur ce sujet comme sur les autres, est incertain, même si, comme le rappel Laurence Tubiana, « Li Keqiang, le nouveau premier Ministre, est connu pour ses prises de paroles et de position en faveur d’un développement soutenable sur le plan environnemental ». La réélection d’Obama suscite elle de plus grands espoirs encore quant à un réengagement américain dans les négociations internationales. Mais la situation intérieure américaine, aussi bien sur le plan énergétique (les gaz de schiste) que politique (les Républicains conservant la majorité à la Chambre des Représentants, et les Démocrates étant bien loin de la majorité des deux tiers nécessaire à la ratification d’un traité international au Sénat) appellent à la retenue.

 (1) ndlr Affirmation qui se discute.....

samedi 17 novembre 2012

Notre Dame des Landes: le productivisme du Premier ministre face à une contestation disparatre...

Samedi 17 novembre François Mitterrand avait tous les défauts du monde. Mais il avait une authentique sensibilité pour tout ce qui touchait à la nature et l’environnement. Je n’ai eu qu’une seule longue conversation avec lui, lors d’une entrevue fortuite à Baïkonour, tandis que nous attendions le départ d’un fusée lançant des cosmonautes russes parmi lesquels se trouvait, si ma mémoire est bonne, l’astronaute Jean-Louis Chrétien ; et pendant une vingtaine de minutes, sous le regard jaloux de quelques confrères qui pensaient que le Président était en train de me faire des confidences politiques, nous avons parlé nature, ours, forêts et arbres. Ceux de la forêt de Latché et ceux du Morvan bien sur. Il connaissait le nom latin de chacun des arbres. Son ton était passionné et ses remarques passionnantes... C’est peut-être pour cela, au nom du respect de la nature et du travail de la terre, qu’il avait conclu, après sa première élection, la longue bataille des paysans du Larzac contre la droite, par l’annulation du projet qui depuis 1970, ambitionnait de transformer le plateau et ses terres en terrain d’exercices militaires. Il était également très attentif aux rapports de force et c’est probablement pour cette raison, après toutes les manifestations monstres et bretonnes qui s’apposèrent au projet, que le président ordonna qu’EDF renonce à la construction de la centrale nucléaire de Plogoff. Jean-Marc Ayrault, tout comme d’ailleurs François Hollande qui n’a jamais contemplé la nature autrement qu’à travers la fenêtre d’un train filant vers la Corrèze, est d’une autre nature. Il appartient à cette gauche productiviste et froide qui ne raisonne qu’en termes d’équipements et de grands travaux. Ce n’est pas par hasard que son projet délirant et ruineux est soutenu par l’UMP. Qui de ressemble, s’assemble. Ayrault ne peut tomber amoureux que des taux de croissance et des « progrès » industriels. Passions qu’il partage avec Arnaud Montebourg. Avant de tomber à gauche et de verdir son discours, Jean-Luc Mélenchon communiait pleinement avec cette église qui vénère les grands projets alimentant les profits de Bouygues, de Vinci et de quelques bâtisseurs d’autoroutes en les dissimulant derrière la « compétitivité » et le « redressement productif ». Ce qui explique au moins en partie son alliance avec un parti communiste qui défend le projet nouvel aéroport de Nantes et le nucléaire. Sur le Larzac, la centaine de paysans opposés aux militaires et à la droite, avait su s’attirer le soutien de centaines de milliers de personnes de toutes origines impressionnés par leur volonté de « vivre et travailler au pays », comme on le disait alors. Depuis leur plateau battu par les vents et saisi par le froid chaque hiver, ils ont organisé, à pied ou en tracteurs, avec ou sans leurs moutons broutant sous la Tour Eiffel, d’immenses manifestations. Ils ont réuni des dizaines de milliers de personnes et ralliés aussi bien les intellectuels que, par exemple, les universitaires, étudiants et enseignants réunis, de Paris 8 qui les accueillirent au terme de l’une de leurs longues marches de la fin des années 70, au coeur du bois de Vincennes. Ces paysans, qui firent aussi bien leur jonction avec les salariés en autogestion de Lip qu’avec les Paysans-Travailleurs bretons et toutes les organisations et association de gauche, avaient réussi à rester unis, à former un bloc au delà de leurs origines idéologiques. A rester maîtres de leur revendication. Ils formaient un groupe politiquement soudé. Ils s’offrirent même le luxe, une année, de chahuter François Mitterrand (pas encore élu) qui ne leur en tint pas rigueur bien qu’il ait du un jour, quitter les lieux juché sur un tracteur. Où sont aujourd’hui les intellectuels, ceux qui ne se rendent à Nantes qu’en avion pour assister aux fêtes du maire devenu Premier ministre ? Ces paysans du Larzac avaient su créer un consensus autour de leur combat. Il ne semble pas qu’il en soit de même pour la défense pourtant essentielle des terres de Notre Dame des Landes. Il s’en faut de beaucoup. Ce n’est pas en additionnant des carottes et des choux qu’il est possible de susciter un mouvement national cohérent. Les anarchistes (que je respecte), les éco-guerriers, les écolos gouvernementaux empêtrés dans leurs contradictions, des rescapés du Modem, quelques socialistes honteux, des militants sympas mais à court d’arguments politiques solides, ne peuvent pas constituer ou reconstituer un mouvement de masse susceptible de ranger une partie de la France derrière eux. Surtout quand on constaté que les paysans et les naturalistes de la région menacée ne sont pas vraiment aux commandes du mouvement. La mayonnaise peut difficilement prendre. Surtout en ce temps nouveaux d’individualisme et de grande faiblesse idéologique. Il ne suffit pas, hélas, de proclamer qu’on est « contre », que le projet est « contre-nature » et qu’il s’inscrit dans une idéologie industrielle du passé, pour convaincre que l’on à raison. Alors, « un nouveau Larzac ? ». Pas vraiment ou, au mieux, pas encore. Surtout en une sombre journée qui a vu les militants contre le mariage gay réunir plus de manifestants que les militants de Notre Dame des Landes...