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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 4 décembre 2013



ECOLOGISTES: SUICIDE MODE D'EMPLOI !

Depuis juin 1974, moment auquel à Montargis, porteurs des espoirs nés  de la campagne présidentielle, la première, de René Dumont, les écologistes tentèrent de constituer une entité ou un mouvement politique, ils passent leur temps et usent leurs forces à couper les têtes : elles sont nombreuses, les têtes de responsables de la cette mouvance qui paventl’enfer des bonnes intentions de militants toujours inquiets de voir l’un des leurs réussir à être connu, à s’imposer ou à séduire.  Qu’il s’agisse, pour citer les plus connus, de Brice Lalonde, de Dominique Voynet, de Noël  Mamère ou de José Bové écarté pour d’obscures raisons malgré  le travail fantastique fait à Bruxelles comme parlementaire avec quelques autres promis aux poubelles de l’histoire écologique pour cause de réussite.  Idées et individus écartés avec une sorte de passion autodestructrice qui  amènent les écolos à faire deux pas en arrière dés qu’ils en ont réussi un vers l’avant. 

Un exemple révélateur : après bien des difficultés, des hésitations et des discussions, les écologistes réunis en Parti en 1985, issus de trois mouvances fratricides, avaient réussi à se choisir un nom à la fois simple et facilement mémorisable (les Verts). Ils ont cru bon de le transformer en EELV dont la signification et la perception n’est pas évidente par une population qui ne peut guère se passionner pour des querelles byzantines interminables. Car même un militant plongé depuis des années dans ce bouillon de culture politique ne peut rien y comprendre.

Les Verts, simplifions donc, ont réussi à réinventer le radical-socialisme dont les motions se sont efforcées pendant des décennies de ménager la chèvre et le chou. Que ceux-ci soient désormais éventuellement bio ne change rien à l’affaire ! Combien de Français sont capables, au lendemain de leur dernier congrès de comprendre les nuances et les batailles d’égo qui ont séparé les six motions en présence et permis l’élection d’Emmanuelle Cosse ? Combien de Français et de militants des Verts sont à même d’apprécier la différence avec Pascal Durand ? S'il en existe une...

Le résultat : dans un congrès de ces écologistes adeptes du complot de couloirs, on ne parle plus guère d’écologie, de protection de la nature, de biodiversité, de pollution ou de changement climatique. Surnagent à grand peine le serpent de mer de la transition énergétique et le combat d’arrière-garde contre l’exploitation des gaz de schiste dont il faut bien rappeler qu’il  a été (pour l’instant) gagné plus grâce à des actions citoyennes que la mobilisation d’un parti occuper à se regarder le nombril et à se persuader qu’il joue un rôle dans les orientations du gouvernement socialiste. Lequel, en matière d’environnement, ne fait guère mieux que le gouvernement de Sarkozy, le président qui avait eu au moins le « courage » d’avouer que dans le fond, l’environnement il s’en foutait royalement !

Que ce gouvernement s’accroche désespérément au modèle de l’agriculture productiviste breton, qu’il accepte l’augmentation des pollutions au nitrate et aux produits phytosanitaires, que la loi agricole française en préparation pour janvier ne soit que le copier-coller de la PAC pour satisfaire le président céréalier de la FNSEA, que l’Agence de la biodiversité ne soit toujours qu’un vœu pieux, que les chasseurs fassent la loi dans les campagnes, que l’usage des pesticides ne recule pas, que le diesel reste favorisé par la fiscalité, que l’écotaxe soit remise aux calendes grecques, que le mitage du territoire se poursuive, qu’il soit toujours aussi compliqué d’installer des éoliennes et des panneaux voltaïques ou de chauffage solaire, que les loups et les ours soient toujours impunément pourchassés, que les parcs nationaux soient livrés aux pouvoirs des élus territoriaux qui rêvent d’en faire des parcs de loisirs, que des braconniers flinguent impunément des rapaces, que soit remis à plus tard l’abaissement de la vitesse routière…tout cela devrait inciter les Verts encore réunis dans un parti, à consacrer leurs forces à agir plutôt qu’a parler des stratégies politiciennes dont ils sont les seuls à connaitre les arcanes.

Et pour ne pas lasser on laisse de côté bien des impasses qui pourraient, devraient, inciter les écologistes à reprendre le chemin de l’action. Et sans doute à quitter un gouvernement auquel  ils ne servent même plus de variable d’ajustement.   

dimanche 3 novembre 2013

Reportages au Festival du Vent de Calvi en Corse




Loi LITTORAL
A de nombreuses reprises, le Festival a évoqué en termes vifs le non respect grandissant de la Loi littoral sur les côtes Corses. Tout comme Denis Cheissoux dans son émission CO 2 mon amour diffusée en  direct depuis Calvi et la terrasse du Festival du Vent.  Le 25 octobre, le Collectif pour l’Application de la Loi Littoral avait organisé à Corte une conférence de presse pour rappeler que « la loi et les décisions de justice doivent s’appliquer en Corse comme ailleurs ». Ce qui revenait en fait à dénoncer les liens étroits entre les spéculations immobilière et foncière et la dérive maffieuse de l’Ile. Mais les participants à la conférence de presse sont allés plus loin, en rapportant que le Préfet de région, Patrick Strzoda, avant de partir en Bretagne l’été dernier,  leur avait avoué qu’en temps de crise, il n’était pas question d’utiliser l’argent du contribuable pour démolir des maisons dont le justice avait reconnu leur construction illégale. Ce qui ne peut qu’encourager la spéculation et la destruction de la partie des côtes qui n’est pas protégées, parfois difficilement, par le Conservatoire du Littoral.
Les participants entendaient donc dénoncer à la fois le non-respect des décisions de justice et la poursuite, par de nombreux maires, de délivrance de permis de construire sur des zones déclarées officiellement inconstructibles. De plus, lorsque des procédures introduites par les associations de protection sont en cours et acceptées par la justice, les constructions se poursuivent, ont-ils expliqué. Pour tenter de mettre fin à ces pratiques, le Collectif prépare une grande mobilisation si, dans un délai d’un mois, les nombreuses décisions de justice déjà rendues ne sont pas appliquées. Une mobilisation qui pourrait passer, avant les municipales, par des destructions « sauvages » qui seraient « appuyés » par les mouvements nationalistes. Une situation…explosive expliquaient de nombreux militants…

Soleil obligatoire

Les responsables du Festival du vent, Corinne Lepage, Dominique Bourg et Thierry Salomon de Négawatt ont lancé vendredi un appel pour que le territoire Corse instaure le plus rapidement possible une législation régionale contraignant tous les constructeurs de nouvelles maisons ou immeubles à les équiper de chauffages d’eau solaire et de panneaux photo voltaïques. Une initiative concrète qui a permis de briser le  cercle un peu infernal de leur discussion publique sur l’économie circulaire qui, loin des réalités, commençait à sérieusement tourner en  rond…
D’autant plus que cette obligation est déjà en vigueur depuis 2006 dans la Région de Barcelone qui, comme la Corse, bénéficie d’un ensoleillement important. Résultat, à Barcelone, 60 % de l’eau chaude sanitaire est déjà produite exclusivement avec le soleil.
Un bon film sur la transition énergétique
Le film de l’Allemand Carl Fechner, projeté et longuement commenté  lors du Festival, devrait être montré à tous les élus, nationaux, régionaux ou locaux ainsi qu’aux responsables politiques français. Tous ceux qui persistent, en petit comité à considérer la transition énergétique comme un gadget écolo qu’il faut agiter mais surtout ne pas mettre en œuvre. Ils font semblant d’en parler et poursuivent les mêmes fantasmes de développement énergétique, qu’ils soient dans la majorité, dans l’opposition ou entre les deux comme le Front de gauche qui brandit (ainsi que les socialistes) sa ferveur énergies renouvelables quand ça l’arrange et son addiction nucléaire quand la transition le dérange ; à Fessenheim, par exemple. Le film, en intercalant régulièrement les extraits en langue de bois d’un haut fonctionnaire de l’Agence Internationale pour l’Energie, illustre parfaitement  la résistance idéologique de tous ceux qui ne veulent surtout rien changer.
Donc, un excellent documentaire d’une heure et 20 minutes, qui montre comment et pourquoi il est urgent de faire « La quatrième Révolution » (1) avec un passage rapide aux énergies renouvelables, à l’autonomie énergétique des territoires et à une décentralisation de la production d’électricité. La démonstration, d’exemples en  illustrations, est d’autant plus rigoureuse qu’elle commence à Los Angeles,  la « patrie » de la gabegie énergétique. L’occasion pour l’auteur, présent après la projection, d’expliquer qu’il « devrait être interdit de gaspiller l’énergie ».  Il a aussi expliqué que les progrès de l’Allemagne vers  le recours aux énergies renouvelables (actuellement 25%) étaient intimement liés à la force et à la cohérence (ancienne) du mouvement écolo dans son pays, les Verts y étant né  du Mouvement pour la Paix qui s’opposa à l’implantation des missiles américains.
L’autre mérite de ce film est d’avoir envisagé la quatrième révolution et montré ses prémices à égalité dans les pays développés et dans les pays du Sud, qu’il s’agisse du Bangladesh, du Mali ou du Brésil. Quant à la question du charbon, évidemment posée par le public à l’auteur, il lui a répliqué qu’il préférait les aléas du charbon face au danger nucléaire, d’autant plus, a-t-il ajouté que pour le charbon il va exister des solutions alors qu’il est impossible d’écarter les aléas d’un accident nucléaire et que nul ne peut assurer la gestion à long terme des déchets.
(1)    La quatrième révolution, l’autonomie énergétique, www.energyautonomy.org et www.fechnermedia.de

Un mauvais film sur le « Pirate » Paul Watson

Débat de très bonne tenue sur « les océans, notre terre » animé par Jean-Louis Caffier avec Isabelle Autissier et quelques autres, discussion qui a permis de rappeler à quel point la mer était menacée, dans l’indifférence quasi-générale, par les terriens et le réchauffement climatique.
De quoi faire oublier le navrant film (1) de Peter Jay Brown consacré au canadien Paul Watson, le fondateur en 1977 de l’association Sea Shepherd (en français berger des mers…). Ce film de commande qui dure 90 longues, très longues minutes est une véritable ode à celui qui se présente comme le « pirate des temps modernes »(sic). Non seulement le spectateur voit sa tête et doit boire ses paroles en moyenne toutes les 30 secondes, mais en plus le film fait disparaitre la moindre réflexion (si elle existe...) au profit de l’action, des bateaux qui se poursuivent et s’entrechoquent. Avec en prime un mépris souverain affiché pour les Indiens, les Péruviens ou les habitants des Iles Féroé qui ne pensent pas comme le « capitaine courageux ». Un film supposé choc mais truffé de vieilles images la plupart du temps non-datées. Avec l’inévitable et ancienne séquence des bébés phoques assommés sur la neige : rouge sur blanc, c’est bon pour le 20 heures, coco ! En oubliant de raconter que c’est pour avoir amené Brigitte Bardot sur la banquise que Watson s’est fait virer de Greenpeace. Et en oubliant aussi de rappeler combien la suite de l’histoire a été préjudiciable à la vie des Inuits !
Ce film qui tend à faire croire qu’il n’y aurait que des méchants face au bon monsieur Watson évite soigneusement toute analyse, toute réflexion ou allusion politique ou économique. Il joue sur la seule sensibilité (sensiblerie ?) des spectateurs en les entrainant dans le culte de la personnalité du héros entouré d’accortes collaboratrices et d’adorateurs béats. Film qui m’a fait penser aux pires errements des films de propagande soviétique.
Situation aggravées par la défense maladroite et souvent mensongère à la tribune, de Lamya Essenlali, groupie du capitaine et présidente de Sea Shepherd France. Laquelle a cherché à transformer en mystère la « disparition » de Watson dont elle laisse entendre que pour échapper à un (injuste, c’est le seul point indiscutable) mandat d’arrêt international émis par le Costa Rica, il serait condamné à errer sans fin sur la mer. Alors que la vérité est plus prosaïque : il y a quelques mois il a été exfiltré en bateau d’Allemagne, par le navigateur solitaire des années 70 Jean-Yves Terlain, vers le Canada dont il ne peut pas être extradé.
Il ne manquait à cette séquence que la présence de Jean –Louis Etienne probablement occupé dans une autre salle à faire croire qu’il est scientifique et écologiste. Ce dont je doute fort pour l’avoir vu à l’œuvre il y a quelques années sur l’ilot français de Clipperton au large du Mexique…
(1) Confession d’un éco-terroriste

La différence entre les paroles et les actes

Le Festival du Vent de Calvi (Festiventu in Calvi) a ouvert ses portes, ses tentes et ses débats le 23 octobre. On y a déjà beaucoup parlé et on y parlera encore jusqu’à dimanche, d’économie circulaire, de responsabilité personnelle et collective ou d’économies d’énergie et de réchauffement climatique, mais combien de participants et de conférenciers ont fait le (logique) effort de venir du continent ou de Paris lentement à Calvi, c’est-à-dire en train, en bateau et encore en train ? Il est pourtant magnifique, entre montagnes et mer, le train qui relie plusieurs fois par jour Bastia et Calvi en traversant la Haute-Corse avant de rallier la capitale Ajaccio. Un train qui ne transporte pas seulement des touristes mais aussi des usagers quotidiens.



vendredi 18 octobre 2013

Loup: les protecteurs de la nature claquent la porte de la concertation



L’association Férus, qui se consacre à la préservation du loup, de l’ours et du lynx ainsi que le WWF, ont quitté lundi 14 octobre les discussions du Groupe National Loup. Ils ne souhaitaient manifestement pas être associés plus longtemps à une négociation tendant à faire accepter aux associations de protection de la nature, l’élimination progressive, pour cause électorale, d’une espèce à la fois protégée par la loi française et la législation européenne. Les protecteurs de la nature estiment que les dérogations ne visent qu’à justifier des opérations placées sous le seul contrôle des chasseurs et de quelques éleveurs. Férus et le WWW s’expliquent dans un communiqué dans lequel ils déclarent notamment :

« Dans les discussions, il n'a été à aucun moment question de tirs de loups à l'occasion de battues au gibier, dispositif sans contrôle exercé par des chasseurs non assermentés, pas plus que dans l'arrêté ministériel qui sert de base juridique à l'application du Plan national loup. C'est pourtant ce qui s'est produit suite aux déclarations faites au nom du gouvernement par M. Stéphane Le Foll en déplacement dans la Drôme, étayées par un courrier du ministre de l'écologie aux préfets des Alpes Maritimes, du Var et des Alpes de Haute-Provence. Depuis lors, des battues au loup sous couvert de battues au grand gibier ont été réalisées dans les Alpes Maritimes et également dans la Drôme. Sans contrôle sur le terrain par les agents de l'ONCFS ou les lieutenants de louveterie qui sont assermentés. Un tel dérapage est inacceptable ».

Le dialogue parait rompu entre le gouvernement et les protecteurs de la nature qui dénoncent l’oubli de la préservation de la biodiversité et la réduction du pourtant modeste budget du ministère de l’écologie.

mercredi 9 octobre 2013

(Article publié dans le numéro de Libération daté du 9 octobre)

Ces guerres qui détruisent la nature et l’environnement
Une communauté internationale impuissante

            Quand les paix ou les armistices sont signés, quand les peuples ou les communautés sont, au moins en apparence, réconciliés ou apaisés, les dégâts infligés aux ressources naturelles, à la nature ou à l’environnement par les guerres ou les guérillas perdurent. Parfois des dizaines d’années, et en général dans l’indifférence la plus totale. Les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité sont progressivement, mais avec une lenteur désespérante, jugés par la Cour Pénale Internationale de La Haye créée à Rome en 1998. Mais le crime écologique, lui, n’existe pas et ne peut être pris en compte pour faire condamner des hommes, des Etats ou des mouvements rebelles.

            Je suis retourné sur la plupart des « champs de bataille » que mon métier de reporter m’a amené fréquenter depuis le milieu des années 70 et j’ai pu constater partout que les dégâts environnementaux perdurent. Au détriment des populations, de l’agriculture vivrière, de la faune et de la flore. De la Tchétchénie à l’Irak en passant par la Serbie, la Bosnie, la Croatie, le Kosovo, la Géorgie, le Liban, Gaza, le Rwanda, la République démocratique du Congo, la Somalie ou l’Ethiopie, les blessures et les pollutions demeurent…

            Ecrire cela ne signifie pas négliger ni oublier les morts, les blessés et les handicapés, mais quand le calme, même précaire, est revenu, il faut recommencer à vivre. Difficile dans des écosystèmes ravagés, voire détruits comme près de la frontière sud-ouest qui sépare l’Irak de l’Iran. La guerre qui a couté des centaines de milliers de morts aux deux pays a aussi entrainé l’empoisonnement chimique des millions de palmiers qui constituaient un apport essentiel pour les populations. Et, alors que ce conflit est officiellement terminé depuis 1988, des terres sont toujours contaminées. Tout comme il reste, en Irak ou au Kosovo, des traces dangereuses de la contamination entrainée par l’utilisation des obus et bombes à l’uranium enrichi.

            Si les gorilles des montagnes ne sont plus que quelques centaines aux confins du Rwanda et de la République Démocratique du Congo, c’est parce que les bandes armées continuent de s’y affronter et que les réfugiés parcourent la région en tous sens pour échapper aux exactions. Une situation qui menace également les derniers okapis, les éléphants ou les singes bonobos tués par des guérilléros ou des membres de l’armée congolaise qui doivent les uns et les autres se nourrir sur la nature dans le parc national de Virunga et ses alentours. Alors qu’ils constituaient, entre autres, une richesse touristique.

            Partout où les Etats s’effacent pour cause de conflit, partout ou des hommes s’affrontent, la nature et les ressources naturelles sont livrés aux pillages et à la destruction que nulle loi ne parvient à juguler ou à sanctionner. Exemple extrême : si la Somalie sert depuis des années, sur son littoral ou à l’intérieur du pays, de dépotoir aux résidus chimiques, y compris radioactifs, « exportés » d’Europe ou des Etats Unis par des navires sous pavillons de complaisance, c’est bien parce que depuis 1991, des Etats et des bandes armées s’y affrontent et qu’il n’y existe plus aucun pouvoir.

            S’agissant de Gaza, autre exemple tragique, si les médias et les politiques font régulièrement le décompte des affrontements, ils passent sous silence que l’espace naturel, autrefois foisonnant, est ravagé, que l’unique rivière, le Wadi Gaza, n’est plus qu’un égout, que les ordures y brulent dans la rue en permanence ou que l’usine de traitement des effluents est hors d’usage depuis des années et que les eaux putrides envahissent tout le territoire. Sans oublier qu’à Gaza comme en Cisjordanie, le mur qui sépare les hommes coupe en deux ce qui reste du milieu d’origine en supprimant tous les échanges naturels. La mort programmée d’écosystèmes déjà fragiles. Tout comme celle des forêts brulées autour de Sarajevo ou dans le nord de la Géorgie pendant le conflit avec la Russie.

            Les pays et la communauté internationale détournent le regard de ces catastrophes qui durent et se renouvellent chaque année malgré les rapports accablant de la cellule « Post-conflit » du Programme de Nations Unies pour l’Environnement que nul ne lit dans les tiroirs où ils aboutissent. Rien, dans la Convention de Genève ou dans le statut de la Cour Pénale Internationale, ne permet de sanctionner les crimes commis contre la nature et les ressources naturelles. Ce qui a permis, par exemple, aux Etats Unis de financer pendant des années l’aspersion de centaines de milliers d’hectares l’aspersion de la forêt colombienne avec le célèbre Round-up de Monsanto pour chasser à la fois les planteurs de coca et les rebelles des FARCS. Tout en détruisant la nature et en empoisonnant les hommes.

Il serait temps que les Nations unies et les intellectuels assoupis se préoccupent enfin des conséquences à long terme des conflits qui font autant morts et de ravages que les affrontements eux-mêmes. Il suffit d’imaginer l’état dans lequel la Syrie se trouve déjà...


Auteur de Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé, 2005) et intervenant sur ce théme vendredi 11 octobre aux Rendez vous de l'Histoire de Blois

lundi 7 octobre 2013

Lundi 7 octobre

Le loup, l'ours, le lynx, les rapaces et les phoques menacés par la démagogie électorale des municipales...


                Les loups, les ours, les lynx ou les vautours n’ont décidément pas de chance car dans leurs existences difficiles il y a toujours une ou deux  élections à l’horizon. Et les municipales sont traditionnellement les plus mortifères pour la faune sauvage, même si les législatives, les cantonales ou la présidentielle déclenchent également des actions, prises de positions et déclarations démagogiques sur les espèces sauvages coupables de faire concurrence à la prédation et à la présence humaine. Logiquement donc, les chasses au loup, l’organisation de battues administratives ou illégales et les empoisonnements ont entrainé la disparition d’au moins une dizaine de ces animaux depuis le début de l’année, dont une femelle dont les louveteaux ne survivront pas. Le pouvoir veut prouver qu’il agit avec la même fermeté et la même absence de remord contre les Roms et les loups que beaucoup d’élus rangent sans la moindre honte dans la catégorie des prédateurs « impossibles à assimiler ». Alors les démagogues et les chasseurs crient au loup en maquillant les chiffres à la tribune de l’Assemblée nationale et du Sénat, dans les journaux régionaux ou dans Le Figaro qui accueillent leurs diatribes et statistiques mensongères. Des fantasmes qui, comme pour les Roms, n’ont rien à  voir avec la réalité. Car s’il est incontestable que les 250 à 300 loups désormais présents sur le territoire mangent aussi des brebis, les dégâts n’ont rien à voir avec les statistiques brandies par ceux qui crient au loup. Les 4524 brebis tuées ou blessées en 2012 par canis lupus représentent 0,06 % du cheptel français de 7 millions d’ovins. Victimes toutes remboursées en 2012 aux éleveurs pour une somme de 1 ,5 million d’euros, loin des bilans financiers faramineux assénés par les élus de tous bords.

                Cette réalité n’implique pas que le métier d’éleveur ou de berger soit facile, qu’il ne comporte pas de nombreuses difficultés qui devraient le faire accéder au rang de métier pénible pour le calcul de la retraite. Passer plusieurs mois seul dans la montagne et courir de temps à autre après son troupeau pour un salaire souvent ridicule, cela n’a rien de drôle. Mais les éleveurs, les bergers et tous les syndicats agricoles confondus se trompent en liant l’existence du loup et d’autres espèces sauvages à la crise de la filière ovine. Ils feraient mieux de tourner leur courroux vers la filière de la viande, vers les importations, vers les politiques de prix des grandes surfaces ou vers le traité qui contraint encore la France à importer de l’agneau congelé de Nouvelle Zélande. Ils pourraient, comme certains le font heureusement comme je viens de le constater dans la Drôme, se poser des questions sur leur instrumentation par les chasseurs qui se moquent des moutons mais craignent la concurrence pour leur gibier. Il ne faut pas oublier que ce sont les chasseurs qui pourchassent les loups et réclament un droit de tir à vue sont aussi ceux qui ont abattu  les derniers ours Pyrénéens, contraignant les pouvoirs publics à leur chercher des remplaçants en Slovénie.

                Les  mêmes problématiques entrainent le harcèlement, voir l’assassinat des ours alors qu’ils ne « consomment », en général en automne, que 0,9% des brebis qui vivent dans la montagne pyrénéenne. Des chiffres qui n’ont aucune commune mesure avec les dizaines de milliers de moutons tués chaque année par les chiens errants ou fugueurs, bien souvent ceux des chasseurs. La même remarque vaut pour les Alpes et le Massif central puisque selon une estimation de la FNSEA, ce sont au minimum 150 000 ovins qui sont tués ou estropiés chaque année par des chiens.

                La situation pré-électorale n’est pas meilleure dans les Vosges et le Jura où, depuis 1983, les lynx tentent de se multiplier en dépit des tirs clandestins ou des campagnes d’empoisonnement menées discrètement par les chasseurs. Au point, alors qu’en Espagne, le sauvetage d’une espèce voisine, le lynx pardel est désormais réussie,  que l’espèce est en danger. Mais une part de la France rance, à commencer par celle des élus locaux, ne supporte pas le sauvage, ne supporte pas que le milieu naturel ne ressemble pas à un parc urbain, que les animaux sauvages n’obéissent pas aux syndicats d’initiative, que les routes circulent encore entre des arbres. Lesquels, c’est bien connu, ont la fâcheuse habitude de se jeter sur les routes au devant des automobilistes. Rien à voir avec les loups, les lynx ou les ours ? Mais si, car les chantres et représentants d’une ruralité qui n’existe plus que dans leurs imaginations et leur nostalgie d’un autre âge, se battent depuis des années contre ce qui ne ressemble pas à un jardin à la Le Nôtre. Alors qu’en Espagne et en Italie, les loups et les ours sont efficacement protégés.

                La rage envers le sauvage a entrainé au cours des derniers mois, des élus à faire détruire des nids d’hirondelles parce que ces oiseaux salissaient les rues et des inconnus à empoisonner des vautours, des gypaètes, des milans royaux, des buses ou des hérons dans de nombreux départements. Sans que la justice se saisisse des ces délits alors que comme le loup, le lynx et l’ours, il s’agit d’espèces protégées. La vindicte contre les animaux sauvages a même atteint depuis quelques mois les phoques veau-marins qui vivent autour de la Baie de Somme. Une espèce sauvée de justesse par les naturalistes et désormais accusée (ils sont 460 !) de dévaster les bancs de poisson par des pêcheurs (et des élus) qui devraient plutôt se poser des questions sur les méfaits de la surpêche dans les mêmes secteurs.

                Le « sauvage » n’intéresse ni la droite, ni l’extrême droite, ni les socialistes, ni le Front de gauche, ni  le parti communiste. Ni d’ailleurs, dans le fond, les Verts qui ont d’autres chats à fouetter puisque les animaux ne votent pas. Seules les associations de protection de la nature râlent. Mais qui les écoute ?

                Réalité encourageante : il est à peu près certain que le loup a désormais réussi sa reconquête du territoire français et qu’il peuplera de plus en plus de départements…

vendredi 28 juin 2013

Enercoop: l'étectricité verte devient rentable



28 juin 2013

Au cours de son assemblée générale tenue cette semaine, Enercoop a présenté des comptes en équilibre. Une bonne nouvelle pour ce fournisseur d’électricité garantie exclusivement renouvelable à  ses clients ; et créé en 2005 sous sa forme coopérative actuelle par des associations environnementalistes, Biocoop, le Comité de Liaisons Energies Renouvelables et la NEF (société coopérative de finances solidaires). Le chiffre d’affaires de 2012 a été de 8,7 millions d’euros, ce qui représente une augmentation de prés de 50% par rapport à 2011, tous les bénéfices étant réinvestis dans de nouvelles productions. L’équilibre financier, qui concerne aussi bien la fourniture d’électricité verte que les aides aux économies d’énergie, s’explique par la croissance régulière du nombre de clients qui sont actuellement 16 000 et par la croissance des sociétaires  qui sont une peu plus de 10 000. Chiffres qui inclue les 6 coopératives régionales auprès desquelles chacun peut s’abonner à de «  l’électricité verte » plutôt qu’à EDF. (www.enercoop.fr)

jeudi 27 juin 2013

Le prix mondial de l'alimentation attribué à trois apôtre des OGM !


27 juin 2013

Robert Fraley, Mary Dell Chilton et Marc Van Montagu vont se partager les 250 000 dollars du World Food Prize qui récompense des personnalités travaillant à lutter contre la faim dans le monde. Il vient de leur être décerné solennellement par le secrétaire d’État américain John Kerry. Robert Fraley est depuis des années le principal responsable de Monsanto, Mary Dell Chilton a fondé Syngenta et Marc Van Montagu est président de la Fédération européenne de biotechnologie, principal lobby des OGM à Bruxelles. Ces trois scientifiques sont récompensés pour leur activisme en faveur des plantes agricoles génétiquement modifiées.
Le Word Food Prize est décerné chaque année par la Fondation du même nom, laquelle a été créée par la General Food, multinationale de la malbouffe qui la finance à parité avec Monsanto. Cette fondation et son prix sont utilisés par les industriels des OGM pour faire pression sur les pays du Sud, auxquels ils promettent une abondance agricole (illusoire) pour une vingtaine de types de culture.

vendredi 22 février 2013

vendredi  22 janvier 2013

Les farines animales pour saumons d'élevage: un scnada


     Les poissons d’élevage vont donc bénéficier à partir premier juin prochain de nouveaux menus à base de déchets de porcs et de volailles impropres à la consommation humaine mais broyés pour être transformés en farines.  Sont concernés les bars, les daurades, les cabillauds, les maigres ou les turbots. S’y ajoutent de nombreux poissons d’eau douce comme les carpes, les brochets, les sandres ou encore le panga vietnamien produit dans des conditions sanitaires et écologiques particulièrement déplorables bien qu’en vente sans problème en France. Ces élevages intensifs concernent aussi la truite et la plupart des espèces de crevettes produites à Madagascar, au Venezuela, au Vietnam, au Brésil, en Equateur ou en France. Evidemment il ne faut pas oublier le saumon dont l’élevage a été inventé en Norvège puis en Ecosse à partir du début des années 70 et donc la production vient de dépasser 1,5 millions de tonnes en 2012, essentiellement du saumon dit « d’Atlantique » bien qu’une partie en soit élevée sur le littoral pacifique du Chili. La commercialisation du saumon sauvage ne représente plus que 8% pour cette espèce. Pour une raison bien simple : il n’en reste presque plus !

            Les conditions d’élevage des poissons et des crustacés sont le plus souvent déplorables : surpeuplement des bassins d’élevage, gavage des crevettes et des poissons dont l’appétit est stimulé par un éclairage permanent qui les amène à grossir plus vite. Sans omettre l’utilisation de médicaments, notamment des antibiotiques épandus tous les jours, notamment dans les derniers mois de leur élevage. Ils sont  destinés à éviter la propagation de maladies liée à la densité des poissons et aux affections entrainées par la consommation de mauvaises farines de poissons. Lesquelles farines comprennent notamment le broyat des poissons et des crevettes morts dans les fermes aquacoles. Ces élevages au départ destinés à pallier la disparition de certaines espèces, organisent en fait un pillage des océans pour nourrir les poissons à l’engrais. Pratique qui appauvrit encore plus les eaux marines, puisque les farines de poissons se confectionnent souvent en ramassant n’importe quelles espèces de n’importe quelles tailles. Donc les élevages ne protègent pas de l’épuisement des ressources de la mer. L’illusion, en Norvège et ailleurs, est entretenue par les éleveurs qui omettent de citer le chiffre calculé par les scientifiques : il faut au minimum 3 à 4 kilogrammes de poisson pour « produire » un kilo de saumon ; et l’étude des statistiques norvégiennes montre que 80 % du poisson péché par les navires de ce pays en Atlantique Nord servent à alimenter les élevages où le saumon atteint sa taille adulte en 18 mois contre plusieurs années dans le milieu naturel et 36 mois dans un élevage labellisé bio.
           
             Les farines animales ne vont que changer le niveau des bénéfices : ceux des producteurs de saumons et autres poissons d’élevage et évidemment ceux de la déjà très célèbre maffia de la viande car ce produit est largement moins cher que la farine de poisson et ils ne savent plus quoi en faire. Quand aux effets sur les poissons et donc sur les consommateurs, mystère ! La question ne se pose pas. La décision européenne ne résulte d’aucune étude scientifique et ignore le principe de précaution et doit tout aux lobbies des récupérateurs de viande et des éleveurs qui les approvisionnent. 

             Donc, les poissons qui mangeaient du poisson, vont devoir adopter un nouveau régime alors que ni les ailes de poulet ni les côtelettes ne font partie de leur ordinaire marin. Tous les risques peuvent être d’autant plus envisagés que les résidus de médicaments des farines animales s’ajouteront à ceux des traitements appliqués dans les bassins d’aquaculture. Mais le ministre de l’Agriculture a expliqué en langue de bois de la Sarthe, qu’il ne s’agissait par de « farines animales » mais de «protéines » et donc que tout va bien. La ministre de l’écologie, pour une fois sortie de son silence sidéral a affirmé que « elle en pense le plus grand mal ». Mais, dans la plupart des médias, nul n’a ricané à la « cacophonie » gouvernementale! Au gouvernement et à droite on « regrette » cette « décision de l’Europe ». En oubliant, comme à chaque fois, que les décisions de l’Europe n’existent pas en tant que telle et que ce nouveau recours aux farines animales a été approuvé à l’unanimité par les 27 gouvernements européens.

            Seul moyen d’échapper à cette dégradation pour les consommateurs : se tourner vers le poisson et le saumon bio. Depuis le mois d’août 2000, existe une certification bio avec un cahier des charges rigoureux. Il concerne la nourriture et les conditions d’élevage. Les farines  distribuées doivent être issues de poissons péchés selon les quotas légaux ou provenir de restes d’autres poissons destinés à la nourriture humaine. Elles ne peuvent pas faire l’objet d’un quelconque traitement chimique. En outre un tiers de l’alimentation des poissons concernés doit être d’origine végétale, nourriture dont sont exclues les plantes génétiquement modifiées. Les enclos doivent être installés dans des eaux, douces ou salées, ne contenant aucun résidu chimique et dont la température et la lumière doivent être proches des conditions naturelles. Autre différence entre les élevages classiques et les élevages bio : dans les bassins la densité en poissons doit être au moins deux fois inférieure. Caractéristique qui évite la propagation de maladies ; et donc tout traitement avec des antibiotiques, lesquels sont interdits par le cahier des charges permettant la labellisation AB ou européenne.

            Dans ces conditions la croissance des saumons, pour prendre l’exemple du poisson d’aquaculture le plus vendu dans le monde, est bien plus lente et ils ne sont prêts à être commercialisés qu’au bout de 36 mois contre 18 dans les élevages intensifs. Délai qui contribue, d’une part à diminuer la proportion de graisses dans leur chair et à leur assurer une très nette qualité organoleptique. Tout en préservant un environnement maritime  ou lacustre qui n’est plus pollué par les bassins d’élevage. Lorsque toutes ces conditions sont respectées et que la filière de fumage et de préparation écarte tous les traitements chimiques, ces poissons peuvent être labellisés.

            Prochaine étape en expérimentation aux Etats Unis et en Norvège : la mise au point de saumons, de bars et de daurade génétiquement modifiés pour manger n’importe quoi et grossir encore plus rapidement.

            Quant aux farines animales, il est prévu que dans « un délai raisonnable » elles pourront
être à nouveau servies à tous les animaux d’élevage…