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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 14 décembre 2014

A la conférence de Lima, les diplomates condamnent la planète au réchauffement



                Bien que prolongées d’une trentaine d’heures alors que de nombreux délégués étaient déjà partis ou trainaient leurs valises dans les couloirs,  les négociations de Lima ont finalement abouti à un vague accord ; plus par lassitude que par convictions politiques partagées. Et parce que le gouvernement français ne souhaitait pas que tout reste à faire lors de la rencontre de Paris dans un an. Le ministre des affaires étrangères français a d’ailleurs prolongé son séjour dans la capitale péruvienne pour éviter la catastrophe –pas d’accord du tout- qui se profilait depuis vendredi matin. Mais la communauté internationale, dominée par le G20 et l’Union européenne, n’a quand même rien fait pour transformer les beaux discours en promesses d’un monde moins perturbé par les dérèglements climatiques.  Qu’elles étaient belles, quelques jours auparavant, les envolées lyriques des uns et des autres s’efforçant de s’auto-persuader que « la situation est grave et qu’il faut agir vite ». Ce qui ne les a pas empêchés de remettre l’essentiel à plus tard et peut-être à jamais. En lisant les détails du texte final  laborieusement élaboré, on retire l’impression que les diplomates et les ministres n’ont pas lu ou bien ont parcouru distraitement le dernier rapport du GIEC. Et qu’ils n’ont pas écouté les dizaines de milliers de participants à la marche des peuples qui a parcouru les rues de Lima le 10 décembre. En repartant les diplomates auraient pu faire leur la célèbre phrase : « Nous étions au bord de l’abime mais nous avons fait un grand pas en avant… »
                Aucune mesure contraignante, aucun engagement précis ne figure dans un texte adopté parce qu’il fallait avoir l’air de faire quelque chose tout en « obéissant » aux injonctions des milieux économiques, industriels et pétroliers qui ne veulent ni abandonner l’économie des énergies fossiles –y compris les plus polluantes- ni infléchir les processus de fabrication. Tout est renvoyé, et sans la moindre contrainte d’objectifs, aux contributions que les 195 pays participants devront faire parvenir à la co-présidence française et péruvienne avant le mois de juin 2015 pour préparer le mythique Accord de Paris. Lequel devra (disons « devrait ») être signé à l’issue de la conférence organisée par la France au mois de décembre prochain. Comme l’expliquent  dans leur conclusions les responsables d’Oxfam « les négociateurs ont évité le naufrage sur les côtes péruviennes, mais un avis de gros temps est annoncé sur la route de Paris-climat en 2015 » ; et ils ajoutent « on attend des pays les plus vulnérables qu’ils signent dans un an un nouvel accord à Paris alors même qu’ils n’ont aucune garantie sur la tenue des engagements pris à Copenhague il y a déjà cinq ans ».
                Sans le moindre engagement pour 2020, il est devenu évident à Lima que l’hypothèse d’une augmentation moyenne de la température du globe de 3 degrés est désormais probable, étant clair qu’il ne s’agit là que de la perspective la plus « optimiste » ; alors que l’objectif officiel des 2 degrés représente déjà une menace pour des centaines de millions de terriens, à commencer par les plus pauvres. Les pays les plus faibles, les plus démunis n’ont pas su, n’ont pas eu la force ou n’ont pas voulu, s’opposer à la logique des pays industrialisés. La Chine, les Etats-Unis ont réussi à maintenir leur diktat en se dissimulant, aidés par l’Inde et l’Australie, derrière des engagements pris il y a quelques semaines pour faire illusion auprès des opinions publiques, engagements que le texte de Lima ne les contraint même pas à tenir. Ce n’est pas par hasard que cet « accord  a été intitulé « Appel de Lima pour une action climatique ». Il s’agit d’une simple pétition de principe qui aurait pu être publié auparavant lors des conférences tenue au Qatar, à Cancún ou à Varsovie. L’envoyée spéciale des Nations Unies, Marie Robinson dont le dépit était évident dans les couloirs de la conférence a d’ailleurs fort justement expliqué dimanche matin : « les gouvernements ont fait le strict minimum pour garder le processus de négociations multilatéral en vie, mais ils n’en ont pas fait assez pour convaincre que le monde était prêt à adopter un accord sur le climat ambitieux et équitable l’an prochain à Paris ». Cette Irlandaise qui fut Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme entre 1997 et 2002 sait de quoi elle parle quand elle évoque le sort des habitants des pays du Sud qui sont les plus immédiatement menacés par les dérèglements climatiques. Mais comme le Secrétaire général de l’ONU elle s’est révélée incapable de convaincre les pays riches de faire un effort pour sauver la planète.
                Quelques heures après le regrettable renoncement politique et économique que représente le pseudo accord de Lima, se posent au moins trois questions : les conférences climatiques servent-elles à quelque chose ? Les associations nationales ou internationales « agréées » par les Nations Unies pour porter plus ou moins gentiment la contestation ont-elles un poids suffisant ou crédible ? Et la société civile qui manifeste dans les rues et qui sera plus offensive que jamais à Paris, peut-elle espérer remettre en cause les égoïsmes des Etats et les intérêts des industriels ou de la finance ?
                Sur le premier point, j’ose penser qu’elles servent au moins à maintenir la vigilance des populations secouées par les événements climatiques graves qui se multiplient. Sur le second point, je crois de plus en plus, après avoir participé à nombre des réunions de l’ONU, qu’elles se font des illusions sur leur efficacité dans la mesure où elles se « technocratisent » de plus en plus. Et pour ce qui concerne la société civile qui manifeste, je crains qu’il ne lui reste que la véhémence ou la violence pour empêcher le pire.
                Reste enfin la crainte que l’échec de Lima ne renforce l’action de ceux que l’on nomme les anti-réchauffistes. Ceux qui prennent appuis sur la désinformation répandue par les milieux les plus conservateurs. Pas seulement aux Etats-Unis où ils surfent sur leurs récentes victoires électorales généreusement financées par les milieux industriels…
               
               

vendredi 12 décembre 2014

En direct de la conférence climatique de Lima: les Indienss et les agriculteurs réunissent une magnifique manestation. Avec photos...

Les organisateurs espéraient 10 000 personnes et ils ont été surpris de voir des dizaines de milliers de militants converger par plusieurs avenues vers la place San Martin dans le centre de Lima où furent improvisées deux tribunes. La police anti-émeute fut encore plus surprise qu’eux, d’autant que les autorités n’avaient même pas prévu de couper la circulation, ce qui transforma le centre populaire de Lima en un gigantesque embouteillage qui a duré plusieurs heures. Alors, que tout le long des cortèges et même sur la place, les policiers encadraient de prés les manifestants. Il y avait tant de monde que les responsables ont du faire évacuer des milliers de gens au fur et à mesure qu’ils parvenaient sur le lieu de rassemblement pour que cette place San Martin ne se transforme pas en piège dangereux.
Les maitres de cette « marche mondiale  » incontestablement été les paysans et surtout les indiens venus de tout le Pérou et d’autres nations amérindiennes d’Amérique Latine. Sans la moindre violence mais avec, à la fois, une grande détermination et un plaisir revendiqué, ils ont opposé leur présence, leurs orchestres, leurs drapeaux et leurs banderoles au silence prudent et attentiste qui continue de régner dans les travées de la conférence officielle, en dépit de l’arrivée des ministres de nombreux pays qui tentent de masquer l’échec qui vient…
Au premier rang des revendications de ceux qui se nomment eux-mêmes les indigènes : le droit à l’eau face au risque climatique dont ils sentent déjà les effets sur le terre, qu’elles soient dans la sud ou le nord du Pérou ou dans les Andes où la raréfaction des pluies et la fonte rapide des glaciers commencent à les priver d’un élément qui conditionne la poursuite, le développement de leur agriculture paysanne. Une eau qui commence à manquer partout dans le monde, là où 44 % des habitants de la planète sont encore de paysans. Autres revendications : ne plus être écartés de leurs terres au profit de l’agrobusiness, refus de l’ouverture de nouvelles mines d’or ou de cuivre et de forages pétroliers qui se traduit, au Pérou et ailleurs dans le continent, par des milliers d’expulsions. Ils ont répété également sur des milliers de pancartes et de banderoles que pour « bien vivre », il fallait respecter la terre, la forêt et la biodiversité végétale ou animale. Ce que les gouvernements se refusent à voir parce que leurs représentants sortent rarement de leurs hémicycles climatisés.
Il y a longtemps, depuis que je fréquente les sommets climatiques, que je n’avais pas assisté à une telle démonstration de force par des paysans et à une telle résolution qui peut se résumer par une grande banderole : « la Conférence officielle, c’est de la merde ». Reste à savoir si les journalistes qui couvrent la conférence et les délégués qui y poursuivent leurs bavardages sauront, pour les uns les montrer et pour les autres, les entendre. Les uns et les autres brillaient en général par leur absence dans les rangs et sur le passage de cette foule immense qui a surpris aussi les habitants de Lima.
La banderole la plus applaudie...
Une police anti-émeute omniprésente au plus prés des manifestants


Ces deux femmes (nombreuses dans le cortège) ont réclamé le droit à l’eau pour les paysans pendant toute la manifestation
Une tribune improvisée sur un camion et exclusivement indienne et paysanne

Arrivée des premiers manifestants

En direct de la conférence climatique de Lima: les costards-cravattent règnent (hélas) en Maitres....

Les « héros » sont très fatigués. Les diplomates de la virgule, du point de suspension et des chiffres qui finissent par ne plus rien vouloir dire depuis qu’ils les moulinent sans résultats, ne savent plus trop de quoi ils débattent. Certains ont déjà vécu une dizaine de conférences sur le climat un peu partout dans le monde, transportant leurs dossiers dans leurs valises à roulettes et repartant en attendant la prochaine où le pays organisateur leur serviront les mêmes junk food , les mêmes sodas improbables qui déshonoreraient même un fast food américain. uniforme de rigueur...

Dans les allées de la conférence, on reconnait facilement les voyageurs de commerce de la préoccupation climatique à leurs costumes gris ou noir. Parfois, comble de fantaisie, hommes gris de tous les pays unis dans la similitude, ils arborent quelques cravates jaune ou rose. Depuis quelques années ils arborent aussi les téléphones intelligents avec lesquels ils se tirent le portrait en se donnant rendez vous « à la prochaine ». La prochaine conférence bien sur. Et celle de Paris prévue dans un an, les excite la beaucoup ; pas pour les résultats, ils sont pour la plupart devenus indifférents au sort de la planète, mais parce qu’il y aura plus à raconter. Dans le fond, un succès, les priverait de nouveaux voyages, de nouvelles réunions et de ces exotismes qu’ils aperçoivent vaguement par les fenêtres des autobus qui les transportent depuis leurs hôtels.
Ce sont essentiellement des hommes car il est bien connu que dans la plupart des pays, ce sont les mecs qui doivent parler (ou faire semblant) de choses sérieuses et préparer de la petite cuisine diplomatique mitonnant toujours les mêmes ingrédients. Ceux du Nord méprisant ou s’agaçant du manque d’appétence de ceux du Sud qui voudraient tout lire ou tout réécrire mais qui n’en ont pas les moyens matériels. Les voyageurs de commerce riches, l’emportent toujours sur ceux des pays qui sont trop démunis pour faire mieux que de la figuration intelligente. Une figuration qu’un ministre ou un président américain, chinois, anglais ou européen balaieront d’une décision politique sans appel, surtout s’il est question d’argent ou de préoccupations économiques. C’est pour cela, par exemple, qu’il n’est pas question d’aborder le sujet du traité de libre échange entre les Etats Unis et l’Europe sous prétexte que cet accord, s’il est un jour ratifié, pourrait remettre en cause un consensus sur le climat. Il est bien connu, ils le disent et le répètent, que cela n’a rien à voir et que les affaires économiques du monde ne pèseront pas sur l’accélération du réchauffement climatique…
Ces affiches : conférence climat nid de prédateurs couvrent les murs de Lima pour annoncer la marche populaire du 10 décembre

Ce n’est pas drôle la vie de VRP du climat, la vie de traineurs de valise et de dossiers. Alors, parfois ils s’accordent de petites distractions à la mode. Au pavillon du Pérou, ils ont ainsi défilé pour s’offrir un selfie : se faire prendre en photo avec les danseurs « indiens » proposés par le gouvernement qui les reçoit. Indiens avec des guillemets car ils m’ont tous les quatre avoué qu’ils n’étaient pas plus indiens que moi. Mais se faire photographier entre deux jeunes femmes aux robes bariolées et deux hommes vêtus (évidemment) de peaux de bêtes et aux visages peints, c’était le comble de l’exotisme à rapporter à la maison. Car la plupart, coincés dans leur bulle diplomatique, n’imagine pas les Indiens de ce pays autrement alors qu’ils en constituent une force et un avenir avec les paysans péruviens. D’ailleurs si ces Indiens et les agriculteurs ne sont pas à la Conférence, ils sont au Sommet des Peuples au Parc des Expositions et animeront la marche populaire qui traversera la capitale le 10 décembre.
On verra ce samedi ce que pensent les Associations bien intégrées au système des premiers résultats du travail de ces hommes en gris ou en noir puisque les ONG « responsables » vont donner leur point de vue sur une négociation qui marche à reculons…
D’autres affiches annoncent une marche pour l’eau, un des graves problèmes climatiques du Pérou

Vrais selfies avec faux indiens pour négociateurs souhaitant montrer qu’ils ont côtoyé de vrais "sauvages"

En direct du sommet de Lima: les associations s'expliquent et les militants agissent

Le typhon Hagupit qui menace cette semaine les Philippines comme le typhon Haiyan qui frappa ce pays il y a un an pendant la conférence de Varsovie, le Pérou qui manque d’eau, le bassin amazonien qui se dessèche et perd son couvert forestier, l’année 2014 la plus chaude dans le monde depuis que les relevés météo existent, les glaciers de Andes qui se rétrécissent à vue d’œil chaque année comme vient de le montrer l’ONG CARE, les multinationales de l’agro-alimentaire qui accaparent les meilleurs terres et l’eau pour l’irrigation aux dépends des petits paysans péruviens…Autant de catastrophes ou de dérèglements en cours qui n’émeuvent pas le moins du monde les négociateurs officiels perdus dans leurs textes. Au cours d’une conférence de presse tenus samedi matin à Lima, des ONG comme Attac, le Réseau Climat, les Amis de la terre, Oxfam-France et quelques autres réunis dans la Coalition climat 21, ont expliqué comment et pourquoi les diplomates présents à Lima, leur apparaissent de plus en plus enfermés dans leur « bulle loin des réalités du Monde, du Pérou et de l’Amérique Latine ; il existe des contradictions flagrantes entre ce qui se passe dans le monde et ce qui se passe ou ne se passe pas ici ».
Mais, contre vents et marées et en dépit de fréquentes déceptions, ces ONG estiment que les conférences climatiques ont leur utilité et que la société civile qu’ils représentent joue son rôle dans les négociations et les prises de conscience : « Notre rôle est indispensable, nous servons d’aiguillon. Certes sur une ligne défensive, mais nous ne sommes pas naïfs au point de ne pas nous rendre compte que les bonnes nouvelles, il y en a, sont trop petites pour qu’elles puissent être prises en compte. Pour le reste, il est évident que le niveau des discussions n’est pas à la hauteur des dangers. Comment, par exemple, parler d’énergie en omettant d’évoquer les négociations en cours entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur la libéralisation du marché de l’énergie. Laquelle concerne essentiellement les combustibles fossiles et donc le climat de la planète ».
Mais comme les pays réunis à Lima, les associations s’accrochent désormais à l’objectif imposé progressivement par les négociateurs depuis l’échec de la conférence de Copenhague en décembre 2009 : limiter le réchauffement global du climat à 2°. Acceptation qui représente un recul par rapport aux dernières études du GIEC (Groupement Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) puisque désormais il est patent que cet objectif est hors d’atteinte dans les conditions économiques et géopolitiques actuelles. Parce que, comme le soulignent les ONG après une semaine, les banques « climaticides » sont toujours plus actives. Nul le pouvant dire, par exemple, si le recul de la Société Générale dans sa participation au projet Alpha Coal, l’ouverture d’une gigantesque mine de charbon en Australie est liée à la pression des associations environnementalistes …ou à la découverte que ce projet comportait trop de risque financier. Tout le système économique joue désormais à cache-cache avec l’écologie et le climat. Pour les associations qui mènent ces luttes, il est d’autant plus difficile de l’admettre que les experts officiels et les experts des ONG parlent désormais la même langue technocratique difficilement accessible aux citoyens…
Ce qui n’était pas le cas samedi soir à Lima, des milliers de participants à la « caravane du climat  » qui avaient investi la place San Martin de la capitale, à l’orée d’un quartier populaire, pour annoncer, célébrer et illustrer le « Sommet des Peuples » qui s’installe demain au Parc des Expositions. Sur le thème « le sommet de l’ONU ne nous représente pas », de la musique, des projections sur écran géant et des petites pièces de théâtre ont fort simplement expliqué aux participants les dangers de la pollution et de la raréfaction de l’eau, la perte de biodiversité et la dégradation des terres entrainée par le réchauffement de la planète. En des termes simples, vivants qui contrastaient avec les discussions de la conférence et des associations qui la contestent en utilisant le même langage…

lundi 3 novembre 2014

Compte à rebours du climat: Hollande patauge dans le sable bitumineux et le GIEC sonne le tocsin



388 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début de la 21° conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris, au Bourget, à partir du 30 novembre 2015, après avoir été préparée à Lima en décembre 2014. Comme le temps passe très vite pour la montée inexorable du dérèglement climatique, fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu, de graves variations pluviométriques, d’erreurs d’appréciation et de dénis, il est déjà urgent et nécessaire d’en tenir une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur  ou à l’indifférence des politiques qui s’agitent en paroles, paroles, paroles...

Tandis que François Hollande célèbre les vertus économiques de l’Alberta, état du Canada où l’extraction du pétrole des sables bitumineux ravage des dizaines de milliers de kilomètres carrés de forêts tout en polluant l’atmosphère en gaz à effet de serre,  GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat créé en 1988) sonne à nouveau le tocsin depuis Copenhague. Rappelant  la schizophrénie écologique du gouvernement, Laurent Fabius et Ségolène Royal ont applaudi aux explications du président du GIEC, Rajendra Kumar Pachauri qui a souligné des éléments que la plupart des politiques refusent de prendre en compte tout en les noyant sous les discours…

-          Pour atteindre l’objectif de maintien du réchauffement global de la planète sous le seuil des 2° les émissions de gaz à effet de serre devront être réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050.

-          Le niveau moyen des océans s’est élevé de 19 centimètres depuis le début du XX° siècle.

-          L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté.

-          Dans l’arctique la surface de la banquise diminue de 3 à 4 % chaque année depuis le début des années 70

-          Entre 1880 et 2012, la température moyenne à la surface de la planète a augmenté de 0,85° et celle des océans s’est élevée de 0,11° tous les dix ans depuis 1971

-          Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés depuis 800 000 ans

Un millier de ses scientifiques ayant passé en revue 30 000 études, le Giec a en outre rappelé, une fois de plus, que le réchauffement climatique va augmenter les risques de pauvreté da ns les pays du Sud, qu’il va remettre en cause la sécurité alimentaire, raréfier l’eau potable, provoquer plus de tempêtes et d’inondations, entrainer des conflits et une hausse de plus en plus rapide des déplacements de population.

Laurent Fabius, Ségolène Royal, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et tous les autres responsables et irresponsables de la planète, ont approuvé gravement. Les Français ont évidemment signalé que toutes ces questions seraient bien résolues lors de la Conférence de Paris dans un an. En oubliant évidemment, ethnocentrisme classique, que ces éléments seront très sérieusement discutés dans un mois à la Conférence mondial de Lima. François Hollande, lui, a continué son voyage dans l’Alberta accompagné d’une quarantaine de chefs d’entreprises anxieux de profiter du massacre écologique de cette région…

samedi 25 octobre 2014

Accord européen sur le climat: mensonges et manipulations



Tous les médias qui célèbrent avec plus ou moins d’enthousiasme l’accord minimal sur le climat intervenu vendredi 24 octobre entre les 28 pays européens de l’UE après une interminable discussion de marchands de tapis, oublient généralement de préciser que les 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncés à grands cris seront comptabilisés…à partir de 1990 ; ce qui revient à passer par pertes et profits toutes les augmentations d’émissions des 25 dernières années !

Les mêmes médias, les spécialistes et les ministres français qui « se félicitent » évoquant la préparation de la Conférence climatique de Paris en 2015, se plongent avec délices dans l’ethnocentrisme en oubliant la Conférence de Lima qui se tiendra à Lima du 1er au 10 décembre prochain. Une réunion mondiale importante et même essentielle puisque les négociateurs et représentants du monde entier auront pour tâche de préparer  la conférence organisée en France ; et notamment de mesurer ce que les Etats Unis et la Chine sont disposés à accepter. Sans oublier les conditions de l’aide qui devra être offerte aux pays du Sud pour faire face à la pollution de l’atmosphère dont profitent les pays industrialisés et particulièrement l’Europe. Car il ne faut pas oublier que les émissions liées à production des biens industriels ou de consommation produits en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et dans les usines du Sud et commercialisés dans les pays riches devrait être mis au passif de toutes les nations industrialisées. L’Europe, les Etats Unis et bien d’autres ont non seulement délocalisés leurs productions mais également leurs pollutions de l’atmosphère de la planète.

Quand aux objectifs concernant la progression de la part des énergies renouvelables (27 %) et de la progression des économies d’énergie (également 27 %) les responsables des pays européens se gardent bien d’insister sur une réalité inquiétante : il s’agit d’objectifs à l’horizon 2030 qui n’auront aucun caractère contraignant, chaque pays restant libre de les respecter ou non. Ce qui a amené la France, par exemple, à accepter un accord dont les chiffres restent inférieurs aux engagement officiels pris par ses responsables et devant (théoriquement au moins) figurer dans la loi sur la transition énergétique en cours de discussion devant les parlementaires.

Comme le soulignent Oxfam, la plupart des ONG et les députés écologistes français allemand ou français, la crise climatique ne se voit offrir aucune solution à court et à moyen terme,  justifiant les inquiétudes des experts qui se retrouveront dans un mois à Lima. La banquise continuera à fondre, les déserts à s’étendre, les espèces végétales et animales à disparaitre, les catastrophes naturelles à augmenter de violence ou de fréquence et le nombre des réfugiés climatiques à s’accroitre ; sans que ces derniers ne puissent bénéficier de la moindre reconnaissance des Nations Unies et du HCR, le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés…

A croire que la France et les Européens ont fait leur la fameuse « devise » des Etats-Unis : « le mode de vie de l’Union européenne, n’est pas négociable ». Ce qui augure bien mal du rôle que François Hollande et son gouvernement prétendent vouloir jouer dans un an lors de la grande messe prévue pour se tenir au Bourget.

vendredi 3 octobre 2014

Compte à rebours du climat. En Alaska, des dizaines de milliers de morses sont en train de mourir

420 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début de la 21 éme conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris, au Bourget, à partir du 30 novembre 2015, après avoir été préparée à Lima en décembre 2014. Comme le temps passera très vite pour la montée inexorable du dérèglement climatique, fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu, de graves variations pluviométriques, d’erreurs d’appréciation et de dénis, il est déjà urgent et nécessaire d’en tenir une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur  ou à l’indifférence des politiques qui s’agitent en paroles, paroles, paroles...

Sur les terres de l’Alaska, Etat des USA où les sceptiques du dérèglement climatique sont encore « politiquement » majoritaires en dépit des catastrophes naturelles qui s’abattent sur le pays depuis quelques années, quelques dizaines de milliers morses sont en train de mourir. Sur une plage proche de Point Kay ils sont entre 35 000 et 40 000 entassés, dans l’espoir de trouver un peu de nourriture. D’ordinaire, à cette époque, les femelles de ces animaux mettent bas sur la banquise. De là les morses, qui pèsent en moyenne une tonne, doivent trouver de quoi consommer environ une trentaine de kilogramme de mollusques et de crustacés pour survivre. Ils les trouvent sur le plateau continental peu profond qui se trouve sous cette banquise où ils passent une partie d l’hiver.

En raison de la fonte des glaces, la banquise a énormément reculé vers le Nord.  Elle ne subsiste qu’au dessus de fonds qui oscillent entre 2500 et 3000 mètres. Comme ses animaux ne peuvent pas plonger au-delà d’une centaine de mètres, comme ils ne peuvent pas non plus nager plus d’un ou deux kilomètres ils jeunent depuis plusieurs semaines, entassés les uns sur les autres sur les petits espaces de terre ferme où ils se sont réfugiés. Là où espèrent trouver un peu de nourriture, épuisant leurs réserves de graisses et de muscles à chercher sur cette terre ferme des proies trop rares. Alors ils commencent à mourir… 

Comme ils sont les uns sur les autres, ce sont les petits déjà nés qui périssent les premiers, étouffés par une masse réunissant plus de 40 000 tonnes d’animaux.
Le dérèglement climatique qui atteint le Grand Nord plus vite que le reste de la planète, après avoir provoqué la lente disparition des ours blancs, après avoir provoqué la mort de nombreux autres mammifères marins, menace une autre espèce. Avant de menacer la population humaine.

Cette image des morses entassés sur le seul coin hospitalier de la planète est sans doute hélas le symbole de ce qui pourrait advenir de nombreuses populations contraintes d’être poussés à l’exil sur de trop rares terres encore suffisamment accueillantes pour leur permettre de vivre et de se nourrir face aux dérèglements climatiques. Lesquels ne sont plus à venir, mais en cours. Comme le savent déjà les 110 000 habitants de la République de Kiribati à la recherche de nouvelles terres pour remplacer leurs iles en cours de submersion par l’Océan Pacifique. Comme ceux du Bangladesh, comme ceux des Iles Cook, comme ceux des Maldives. Et bien d’autres qui, loin de la mer, voient les déserts en progression les repousser…