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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 28 juillet 2014

Ségolène Royal bloque une autoroute inutile, révélant incidemment que la décentralisation est un danger



                Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, vient de mettre son véto à la construction d’une  autoroute qui devait relier Rochefort à Fontenay-le-Comte. Il y en avait pour 900 millions d’Euros (avant dépassement du devis). Cette autoroute, comme d’habitude était souhaitée depuis des années par une majorité de Conseillers Généraux et de Conseillers Régionaux. Qu’ils soient socialistes comme le patron des Pays de Loire ou de l’opposition UMP, ils couinent tous à l’unisson. Cette voie nouvelle devait relier une sous-préfecture de Vendée (14 000 habitants) à la sous-préfecture de Rochefort (17 500 habitants) déjà parcourues par une autoroute et des voies rapides. Elle aurait une fois de plus, pour les besoins d’un illusoire « désenclavement », tartre à la crème de nombreux élus et du MEDEF, morcelée une région aux paysages et à la biodiversité très riche. En plein bocage. La ministre, plus heureuse cette fois que dans la gestion du loup et de l’ours, a donc mis fin à ce projet au nom du respect de l’environnement…

                Il reste bien d’autres projets autoroutiers en France, tous poussés par les élus locaux, départementaux et régionaux souhaitant se faire remarquer de leurs électeurs sans se soucier de la protection de la nature et des paysages. Cette, ces tentatives, illustre parfaitement les dangers que la poursuite de la décentralisation fait courir au territoire français. Il est largement temps de mettre fin à la constitution de royaumes provinciaux dont les responsables ne tiennent pas compte de l’intérêt général, dans le domaine de la protection ou de l’environnement comme dans beaucoup d’autres.

                Il est plus que jamais urgent, dans un petit territoire comme la France, de mettre fin à la reconstitution de la féodalité des Ducs de Bretagne ou de Lorraine, des Princes de Bourgogne, des Vicomtes de Provence, des Roitelets de Lorraine, des Marquis de Franche-Comté, des Comtes de Savoie et autres principautés, grandes ou petites, en cours de formation ou de modification. Le temps des fiefs doit se terminer avant que tous ces nouveaux seigneurs renforcent leurs principautés à coup de promesses, de prébendes et de clientélismes. Les palais régionaux ou départementaux qu’ils se sont tous fait construire, illustrent parfaitement la dérive féodale en cours.

                J’ai cru à la décentralisation, mais devant les dégâts entrainés par le dépeçage des pouvoirs de l’Etat, j’avoue m’être trompé. En recevant de l’Etat le droit de vie, de mort, de subventions et d’aides ils s’attachent  leurs nouveaux sujets. Avec tout ce que cela implique comme services à plusieurs vitesses, comme  enseignements au rabais et comme universités aux qualités diverses. Ces dernières, de plus en plus contrôlées par les élus et les patrons locaux sont déjà au nombre de 83, sans compter tous les centres universitaires annexes semées au hasard des besoins politiques.

                C’est à l’Etat que doit être réservé, la protection de l’intérêt général dans tous les domaines. Qu’il se trompe ou non, il est ensuite soumis aux mouvements électoraux et peut difficilement pratiquer le clientélisme individualisé. Dernier exemple : on ne dira jamais assez les dégâts infligés aux paysages depuis que ce n’est plus le Préfet, représentant de l’Etat, mais les maires qui accordent les permis de construire à ses concitoyens…

                Donc au risque de choquer, je pense qu’il faut s’arrêter sur la pente savonneuse de la décentralisation et même revenir sur la loi Defferre et sur celles qui lui ont succédé en grignotant insidieusement les responsabilités de l’Etat. Ségolène aurait du s’en souvenir pour le loup et l’ours qui ne doivent pas rester à la merci de quelques élus braillards qui en font des objets politiques : la survie et la protection de ses deux mammifères doivent rester de la seule responsabilité de l’Etat et de ses lois...

2 commentaires:

P a dit…

Pas de "roitelets" en Lorraine, mais des ducs et même des empereurs ... qui ont régné sur l'Autriche, mais tout de même...
A ce détail près, entièrement d'accord avec vous...

LAFFONT MARC a dit…

Comme le disait un élu ariégeois, le président du conseil général a davantage de pouvoir en 2012 que n'en avait le Comte de Foix Gaston Phoebus au 14ème siècle...