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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 12 décembre 2014

En direct de la conférence climatique de Lima: les costards-cravattent règnent (hélas) en Maitres....

Les « héros » sont très fatigués. Les diplomates de la virgule, du point de suspension et des chiffres qui finissent par ne plus rien vouloir dire depuis qu’ils les moulinent sans résultats, ne savent plus trop de quoi ils débattent. Certains ont déjà vécu une dizaine de conférences sur le climat un peu partout dans le monde, transportant leurs dossiers dans leurs valises à roulettes et repartant en attendant la prochaine où le pays organisateur leur serviront les mêmes junk food , les mêmes sodas improbables qui déshonoreraient même un fast food américain. uniforme de rigueur...

Dans les allées de la conférence, on reconnait facilement les voyageurs de commerce de la préoccupation climatique à leurs costumes gris ou noir. Parfois, comble de fantaisie, hommes gris de tous les pays unis dans la similitude, ils arborent quelques cravates jaune ou rose. Depuis quelques années ils arborent aussi les téléphones intelligents avec lesquels ils se tirent le portrait en se donnant rendez vous « à la prochaine ». La prochaine conférence bien sur. Et celle de Paris prévue dans un an, les excite la beaucoup ; pas pour les résultats, ils sont pour la plupart devenus indifférents au sort de la planète, mais parce qu’il y aura plus à raconter. Dans le fond, un succès, les priverait de nouveaux voyages, de nouvelles réunions et de ces exotismes qu’ils aperçoivent vaguement par les fenêtres des autobus qui les transportent depuis leurs hôtels.
Ce sont essentiellement des hommes car il est bien connu que dans la plupart des pays, ce sont les mecs qui doivent parler (ou faire semblant) de choses sérieuses et préparer de la petite cuisine diplomatique mitonnant toujours les mêmes ingrédients. Ceux du Nord méprisant ou s’agaçant du manque d’appétence de ceux du Sud qui voudraient tout lire ou tout réécrire mais qui n’en ont pas les moyens matériels. Les voyageurs de commerce riches, l’emportent toujours sur ceux des pays qui sont trop démunis pour faire mieux que de la figuration intelligente. Une figuration qu’un ministre ou un président américain, chinois, anglais ou européen balaieront d’une décision politique sans appel, surtout s’il est question d’argent ou de préoccupations économiques. C’est pour cela, par exemple, qu’il n’est pas question d’aborder le sujet du traité de libre échange entre les Etats Unis et l’Europe sous prétexte que cet accord, s’il est un jour ratifié, pourrait remettre en cause un consensus sur le climat. Il est bien connu, ils le disent et le répètent, que cela n’a rien à voir et que les affaires économiques du monde ne pèseront pas sur l’accélération du réchauffement climatique…
Ces affiches : conférence climat nid de prédateurs couvrent les murs de Lima pour annoncer la marche populaire du 10 décembre

Ce n’est pas drôle la vie de VRP du climat, la vie de traineurs de valise et de dossiers. Alors, parfois ils s’accordent de petites distractions à la mode. Au pavillon du Pérou, ils ont ainsi défilé pour s’offrir un selfie : se faire prendre en photo avec les danseurs « indiens » proposés par le gouvernement qui les reçoit. Indiens avec des guillemets car ils m’ont tous les quatre avoué qu’ils n’étaient pas plus indiens que moi. Mais se faire photographier entre deux jeunes femmes aux robes bariolées et deux hommes vêtus (évidemment) de peaux de bêtes et aux visages peints, c’était le comble de l’exotisme à rapporter à la maison. Car la plupart, coincés dans leur bulle diplomatique, n’imagine pas les Indiens de ce pays autrement alors qu’ils en constituent une force et un avenir avec les paysans péruviens. D’ailleurs si ces Indiens et les agriculteurs ne sont pas à la Conférence, ils sont au Sommet des Peuples au Parc des Expositions et animeront la marche populaire qui traversera la capitale le 10 décembre.
On verra ce samedi ce que pensent les Associations bien intégrées au système des premiers résultats du travail de ces hommes en gris ou en noir puisque les ONG « responsables » vont donner leur point de vue sur une négociation qui marche à reculons…
D’autres affiches annoncent une marche pour l’eau, un des graves problèmes climatiques du Pérou

Vrais selfies avec faux indiens pour négociateurs souhaitant montrer qu’ils ont côtoyé de vrais "sauvages"

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