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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 30 janvier 2015

Quand la Sécurité routière sacrifie les arbres aux voitures...




Parmi les mesures (alcoolémie, téléphones portables, limitations de vitesse…) décidées par le gouvernement pour tenter d’améliorer la sécurité routière, un point a été pratiquement ignoré par tous les médias alors qu’il risque de remettre en cause la paysage français. Instructions vont être données aux préfets de dresser rapidement une liste exhaustive des arbres d’alignement « situés trop prés des routes ».  Explications : les voitures sortant de leur trajectoire  se heurtent trop souvent à ces arbres, accroissant parait-il le nombre des morts et des blessés ; car il est bien connu que la plupart des véhicules sont largement moins solides que les platanes ou les peupliers. Pourtant, le ministère de l’intérieur ne fournit aucun chiffre à l’appui de sa décision. Sans doute parce que sur les bords des routes existent des milliers d’autres obstacles sur lesquels une voiture peut  s’écraser.
Cela fait des années que des élus locaux ou régionaux militent contre les arbres qui ombragent les routes, soit des ex-nationales, soit des voies secondaires. Des arbres d’alignement dont la présence remonte au XIX° siècle ou aux années 30 du XX° siècle, bien que de nombreuses plantations aient été effectuées après la dernière guerre. C’est dans le Sud de la France et dans la Région centre, notamment dans le Loiret, que des présidents de Conseil  généraux sont en pointe dans la lutte contre les arbres, profitant de l’émotion liée à un accident ou de la réfection d’une route, pour couper tous ces intrus en dépit des protestations des associations. Ils transforment ainsi des voies agréables en déserts propices à la vitesse.

Effets positifs des plantations

Chantal Pradines, experte auprès du Conseil de l’Europe sur les questions de paysage, travaille et milite depuis des années sur ces massacres. Dans une note adressée  en Juillet 2014 aux parlementaires français, elle explique notamment : « Diverses études ont mis en évidence l’effet positif des arbres pour la sécurité routière. Cet effet positif, lié notamment à leur capacité à signaler efficacement les virages, carrefours, entrées d’agglomérations et à rendre la vitesse perceptible par le défilement des arbres, a également été mis en relations avec leur caractère esthétique. Il  se traduit par un abaissement significatif de la vitesse et une prudence accrue (…) la question de la sécurité routière peut et doit donc se traiter autrement que par des mesures concernant les arbres». Dans ses différentes études, Chantal Pradines, comme de nombreux protecteurs de la nature et des paysages, rappelle qu’il est tout à fait possible de protéger les automobilistes imprudents en posant des rails de sécurité devant les alignements. Tous signalent également que des pays comme la Suède, le Luxembourg, l’Allemagne la République Tchèque ou la Grande Bretagne ont placé les arbres d’alignement sous la protection de la loi pour leur rôle écologique, paysager ou culturel.

Comblons les fossés !

Mais, en dehors de leur obsession sécuritaire infondée, il existe une autre raison qui incite les élus locaux et le ministre à « dégager » ces arbres : cela libèrerait de la place pour enfouir des réseaux de fibres optiques de long des routes sans empiéter sur les terres agricoles que les opérateurs devraient acheter sur des milliers de kilomètres, alors que l’opération est impossible à réaliser dans les systèmes racinaires des plantations.
Il ne reste plus aux élus obsédés qu’à faire retirer de la proximité des routes, les poteaux indicateurs, les pylônes électriques ou téléphoniques et évidement les habitations. Sans oublier de combler les fossés dans lesquels les voitures peuvent se renverser. Mais ni eux, ni le ministre de l’Intérieur ne semblent avoir pensé que c’est la vitesse qui est cause, pas les arbres. Car il est très rare que ces derniers sautent brusquement au milieu des routes….
                                                                                                             

dimanche 25 janvier 2015

Compte à rebours climat: la Californie face à la sécheresse et les USA face aux parlementaires "antisciences"



278 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant  la 21° conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris à partir du 30 novembre 2015. Le moment des décisions approche. Comme le temps passe inexorablement très vite pour le dérèglement climatique fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu, de graves variations pluviométriques, d’erreurs d’appréciation et de dénis, il est déjà urgent et nécessaire d’en reprendre, après l’échec de Lima une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur  ou à l’indifférence des politiques qui s’agitent en paroles, paroles, paroles...

Alors que les parlementaires américains admettaient il y a quelques jours, par un vote, la réalité des modifications climatiques tout en déniant, dans une autre vote, toute responsabilité humaine à cette situation, la Californie entame une nouvelle année de sécheresse. Depuis 2001, la situation de cet Etat de 424 000 kilomètres carrés ou vivent 39 millions d’habitants s’aggrave. Pendant le mois de janvier au cours duquel, depuis la moitié du XIX° siècle, tombait en  moyenne une  bonne centaine de millimètres d’eau,  ses habitants n’ont pas vu une seule goutte de pluie. C’est la première fois depuis que les relevés météos existent dans cet Etat. Le record de l’année dernière, 10 mm, a été battu. Et les prévisions ne sont pas optimistes : la sécheresse en cours est sans précédent. Situation d’autant plus insupportable que la Californie, comme les Etats voisins du Nevada et de l’Arizona est pratiquement dans la même situation, tant du point de vue des records de chaleur que de celui de l’absence de précipitations.

Conséquences : des vergers dont les arbres ne donnent plus de fruits avant de mourir, des arbres plusieurs foi centenaires qui sèchent sur pied et disparaissent pas milliers, des rivières cessent de couler, des dizaines d’espèces de poissons périssent  sur leurs lits desséchés et l’érosion éolienne emporte les terres qui ne peuvent plus être cultivés. Bien entendu, les nappes souterraines baissant dangereusement ou disparaissant, il est de moins en moins facile de répartir les pénuries et d’alimenter les villes.

En cause : les modifications climatiques qui, en transformant les courants du Pacifique et en créant des zones de chaleur à sa surface, empêchent les pluies d’atteindre le littoral et évidemment l’intérieur des terres aux Etats-Unis.

Une situation qui mobilise bien sur les responsables californiens mais n’émeut pas les sénateurs et parlementaires américains qui viennent de refuser d’admettre la responsabilité humaine en général et celle des Etats Unis en particulier dans le réchauffement climatique.

De nombreux journaux américains, ainsi que des milliers de scientifiques, ont fait remarquer que le 114° Congrès, le nouveau qui vient de se réunir au début de janvier, était le plus « antiscience » depuis au moins 1925. Année qui vit, avec l’appui de nombreux parlementaires, un professeur de Dayton, John Scopes, traduit devant un tribunal du Tennessee pour avoir enseigné la théorie de l’Evolution de Darwin, c'est-à-dire « nié l’histoire divine de la création de l’homme ». Il fut condamné pour ce que les fondamentalistes chrétiens considéraient comme un blasphème. Une majorité, républicains et démocrates mêlés, ont été élus en niant l’origine humaine des dérèglements climatiques et en pourfendant systématiquement –dans tous les domaines- « la dictature des scientifiques ». En s’appuyant sur les militants du Tea Party et financés par des milliardaires et des Fondations fondamentalistes qui ont alimenté les campagnes électorales du mois de novembre 2014. Ce sont ces parlementaires rétrogrades  qui, dans une vidéo, ont censuré la partie du discours sur l’Etat de l’Union que le Président américain a consacré il y a quelques jours à la question climatiques. Une censure sans précédent connu.

Comme quoi, les « fous » ne sont pas seulement des islamistes et que les chrétiens fondamentalistes sont au moins aussi dangereux ! Il est permis de se demander comment et pour quoi le président Obama va pouvoir participer à la conférence de Paris…