Qui êtes-vous ?

Ma photo
Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 15 novembre 2015

L'echec d'une vie de journalisme



                Les attentats meurtriers à Paris, la perspective de l’arrivée au pouvoir régional du Front National et de ses loups fascistes mal déguisés en agneaux, en attendant peut-être pire au niveau de tout le pays, le très possible échec de la COP 21 placée sous haute surveillance et les difficultés de la société civile et du mouvement naturaliste et environnementaliste pour manifester avant le conférence climat, cela fait beaucoup pour un journaliste qui, depuis une quarantaine d’années, se bat et écrit pour éviter tout cela. Beaucoup trop même. De quoi inciter au découragement et au renoncement…
                J’ai l’impression d’avoir été, sans m’en rendre compte, aussi inutile et aussi nul que les politiques : des soi-disant « Républicains » aux Verts en passant par les Socialistes. En le voulant pour certains ou sans le vouloir pour d’autres, nous sommes tous en échec. En échec mortifère, en échec sans doute irréparable. Face aux fous de Daesh bien entendu mais aussi face à tous les autres fous qui animent les lobbies financiers et industriels qui souhaitent surtout que rien ne change,  que notre monde et celui des musulmans de France et d’ailleurs, continue à se suicider en se soulant de belles paroles et d’indignations stériles. Quand je relis les déclarations publiques des sénateurs américains niant le réchauffement climatique au nom de la Genèse ou la Bible ou les élucubrations des orthodoxes russes sur l’évolution de notre planète, quand je me rends compte que les fous de dieu n’habitent pas seulement en Syrie, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan ou en Arabie Saoudite.
                J’éprouve une sensation de fin du monde dont je suis aussi responsable que les autres, parce que, sur tous ces sujets, je n’ai pas su expliquer ou informer. Il parait, nous dit-on, qu’il ne faut pas « avoir peur ». Je sais par une longue expérience des guerres, des guérillas ou des situations insurrectionnelles que la peur peut parfois être bonne conseillère et inciter à la prudence. Mais cette fois j’ai l’impression que cela ne suffira pas. La peur d’autres attentats, aussi prévisibles que dévastateurs, l’angoisse de voir la planète se dégrader inéluctablement sous les effets de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre, la certitude que les derniers événements se traduise par un affaiblissement de ce qui reste en France (et ailleurs) de garanties démocratiques, la crainte que les meurtres aveugles se poursuivent en France et au Moyen Orient ne suffira pas à écarter les dangers. L’agitation stérile des politiques retombant en quelques heures dans leurs égarements verbaux en apporte une nouvelle preuve, la pression de l’ex-président demandant le report de la Cop 21 en est la dernière illustration.
                En ce dimanche, avant de regagner mon quartier du XI° arrondissement de Paris, je suis désespéré par l’ampleur de notre échec, de mon échec. Tel qu’il s’étale depuis vendredi soir dans la logorrhée qui s’étire dans les images et les interventions de BFM qui illustrent à merveille notre impuissance…


mercredi 11 novembre 2015

Climat: le premier rapport sur le réchauffement a 50 ans



                Les pays industrialisés ont commencé ce lundi à Paris, en compagnie du le ministre du pétrole saoudien, leur course de lenteur et d’astuces diplomatiques vers la COP 21 pour éviter de prendre des décisions. Et le Congrès des Etats Unis explique plus que jamais dans la presse comment et pourquoi la majorité de ses membres torpilleront les décisions éventuelles du Président Obama : il signer sans doute un accord a minima que son pays ne ratifiera jamais…
Il y aura pourtant ce jeudi 12 novembre, exactement 50 ans qu’un président américain a reçu le premier rapport scientifique détaillé annonçant tous les dangers du dérèglement climatique lors déjà en cours. Ce travail scientifique « Rétablir la qualité de notre environnement » préparé par un Comité de savants et d’économistes qui avait été nommé par le Président Kennedy et maintenu par son successeur après son assassinat, comportait un important chapitre sur les dangers de l’accumulation du dioxyde de carbone (CO 2). Ce texte, explique aujourd’hui le professeur de l’Université de Stanford, Ken Caldeira, qui l’a exhumé et attentivement lu, envisageait tous les dégâts aujourd’hui constatés : depuis la fonte des glaciers jusqu’à l’élévation des niveaux des mers, en passant par le réchauffement global, les tornades et cyclones plus violents et l’acidification des océans.
                Un rapport qui a ensuite été aussi bien ignoré par les autorités américaines que par les responsables des Nations Unies qui ont fait semblant de le découvrir dans les années 80. Sans en tirer, en 1988, une autre conclusion que la création du GIEC, un organisme scientifique que les uns et les autres espéraient voir rapidement enterré dans les profondeurs de la bureaucratie onusienne. Mais qui leur a échappé sous la pression de scientifiques intègres et indifférents aux pressions diplomatiques des membres du G 7 organisées par les Allemands, les Américains et les pays du Golfe.
                Résultat, en dehors des décisions de réduction en trompe l’œil votées à Kyoto en 1997 et ignorées par la plupart des pays industrialisés, il ne s’est pas passé grand-chose en une vingtaine de « conférences climat » et l’année 2015 sera probablement « proclamée » la plus chaude depuis que les relevés météo existent, juste après la fin de la conférence de Paris. Les pressions se faisant insistantes auprès de l’Organisation Mondiale de la Météo pour qu’elle évite de fournir prématurément et officiellement l’information qui ne fait plus de doute pour les scientifiques…
                Pourtant, au cours de la réunion parisienne qui s’annonce, il ne sera pas question de science, de recherche, de dégâts ou de victimes. Les négociations seront avant tout économiques, politiques et diplomatiques. Il ne faudra en effet pas moins de douze jours pour tenter de supprimer le bon millier de parenthèses et de verbes au conditionnel que contient encore le texte de 30 pages qui sera soumis aux plénipotentiaires de 195 pays dont les représentants évoquent déjà la capitale où ils se réuniront une fois de plus l’année prochaine.